La versification

Une rime est la répétition des mêmes sons à la fin de deux périodes rythmiques ou de deux vers.

Le genre des rimes

Les rimes sont soit féminines (se terminant par un « e » muet), soit masculines (sans « e » final).

La versification classique fait alterner les rimes masculines et les rimes féminines. Les poètes du 16ème siècle, et Malherbe en particulier, ont érigé cet usage en principe. Cette règle stricte sera en vigueur jusqu’à la fin du 19ème siècle.

Au 20ème siècle, Louis Aragon et Guillaume Apollinaire s’en affranchiront et proposeront des textes où alternent rimes consonantiques (consonne finale prononcée) et vocaliques (le dernier phonème est une voyelle prononcée).

Les différentes dispositions des rimes

AABB > les rimes plates ou suivies
Elles alternent par paires.

                     Elle dort ; ses beaux yeux se rouvriront demain ;
                     Et mon doigt qu’elle tient dans l’ombre emplit sa main ;
                     Moi, je lis, ayant soin que rien ne la réveille,
                     Des journaux pieux ; tous m’insultent ; l’un conseille

Extrait de : Jeanne endormie – Victor Hugo

ABAB > les rimes croisées
Elles alternent une à une.

                     Le Docteur bolonais rabâche
                     Avec la basse aux sons traînés ;
                     Polichinelle, qui se fâche,
                     Se trouve une croche pour nez.

Extrait de : Carnaval – Théophile Gautier

ABBA > les rimes embrassées
Dans ce schéma, deux rimes sont enserrées entre deux vers rimés.

                     Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
                     Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
                     Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
                     Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Extrait de : Les Regrets – Joachim du Bellay
À ces trois dispositions classiques s’ajoute celle des rimes mêlées ou libres, qui se succèdent librement.

La richesse des rimes

La qualité de la rime est déterminée par sa richesse, c’est-à-dire par le nombre de phonèmes identiques.

La rime pauvre : 1 seul phonème en commun
L’identité porte seulement sur la voyelle accentuée
Parti/tapi ; lassé/tenté

La rime suffisante : 2 phonèmes en commun
Pamoison/raison ; buée/tuée ; sommeil/éveil

La rime riche : 3 phonèmes au minimum en commun
Visage/usage ; cheval/médiéval ; polisson/calisson

Subtilités de la métrique : diérèse et synérèse

Le poète peut jouer sur la prononciation des diphtongues pour faire varier le décompte des syllabes et respecter la métrique.

– S’il dissocie les voyelles habituellement prononcées ensemble afin de compter deux syllabes, il effectue une diérèse.
– S’il respecte la prononciation d’usage de la diphtongue et prononce les deux voyelles contiguës en une même syllabe, il pratique la synérèse.

Exemple : prononciation de « le lion »
En faisant la diérèse : le [li][ion] => 2 syllabes
En faisant la synérèse : le [lion] => 1 syllabe

Jeux de sonorités

Le jeu des sonorités peut renforcer le sens et l’expressivité d’un poème (harmonie imitative) ou lui conférer rythme et musicalité (allitération, assonance).

Une harmonie imitative fameuse : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes… » (Andromaque – Racine). Ici, l’allitération du son « s » imite le sifflement du serpent.

Allitération : répétition des consonnes dans une série de mots « Faut-il qu’elle nous ressasse ses soucis sans cesse »
Assonance : répétition d’un même son-voyelle porteur de l’accent tonique « Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire » (Racine, Phèdre)

Longueur des strophes et des vers

Nombre de vers

2

3

4

5

6

Nom de la strophe

distique

tercet

quatrain

quintil

sizain

Nombre de syllabe

5

6

7

8

10

12

Nom du vers

pentasyllabe

hexasyllabe

heptasyllabe

octosyllabe

décasyllabe

alexandrin

COMMENT LIRE UN POEME ?

Pour lire un poème, il faut en respecter la musicalité, le rythme. Avant de vous lancer, repérez les e muets, les liaisons, les diérèses et les enjambements.

Rappel : À l’intérieur d’un vers, une syllabe comportant un e caduc doit compter pour un pied si le « e » précède une consonne ou un « h » aspiré. A l’inverse, suivi d’une voyelle ou d’un « h » muet, le « e » s’élide et la liaison se fait. En fin de vers, le « e » caduc ne compte pas et ne se prononce pas (de même s’il est suivi de la marque plurielle s ou nt).

L’enjambement consiste à rejeter au vers suivant un au plusieurs mots complétant le sens du précédent.

                     Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
                     Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.

Au Cabaret Vert, cinq heures du soir – Arthur Rimbaud

 

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