Albert Camus

Camus, Caligula, Résumé acte par acte

La pièce de théâtre Caligula, comportant quatre actes, a été publiée en mai 1944 par les Éditions Gallimard. Cependant, Albert Camus l’a écrite en 1938. Destinée à souligner la philosophie de l’absurde de l’auteur, tout comme l’Étranger (roman, 1942), le Mythe de Sisyphe (essai, 1942), et Le Malentendu (pièce, 1944), Caligula a été présentée pour la première fois en 1945 au Théâtre Hébertot de Paris. Cette pièce a été perçue, par certains critiques, comme faisant partie du courant existentialiste.

L’œuvre met en scène Caligula, un empereur romain. Il cherche à atteindre l’impossible avec démesure. En s’affranchissant de toute règle, il se transforme en un tyran insensible, espérant ainsi libérer l’humanité des mensonges qui mènent l’existence en déroute. Ayant été autrefois un prince relativement aimable, la mort de sa sœur et maîtresse, Drusilla, l’a si violemment secoué qu’il se trouve sous l’emprise de pensées obsessives d’horreur et de mépris.

Résumé – Acte I

Comportant 11 scènes, l’Acte I consiste en une prise de conscience par le personnage principal de l’absurdité de la vie. Celui-ci élabore un programme destiné à transmettre cette vérité à ses contemporains.

La scène se déroule à Rome, dans le palais de l’empereur Caïus Caligula. Toutefois, l’empereur est absent. L’auteur évite que son nom ne soit prononcé pendant un moment.

Les patriciens (Senectus, Octavius, Metellus, Mucius, Lepidus et Mereia), qui évoquent Caligula en mentionnant « il », se penchent sur son malheur. L’empereur a perdu Drusilla, à la fois sa sœur et son amante. Tels des chœurs de tragédies antiques, les patriciens narrateurs sont chargés de présenter l’histoire : Caligula est porté disparu, et ceux-ci s’inquiètent de son absence.

Lorsque l’empereur Caligula entre en scène, il indique, d’entrée de jeu, qu’immédiatement après le décès de sa bien-aimée Drusilla, il a ressenti le besoin de tester ses limites. Un désir indomptable, qu’il a qualifié « d’impossible ». Caligula prétend avoir pris connaissance d’une vérité, selon laquelle les hommes sont mortels, et qu’ils ne vivraient pas une vie heureuse. L’existence, telle qu’elle est, lui semble devenue insupportable. Aussi cherche-t-il à tendre vers n’importe quoi qui ne soit de ce monde, comme l’immortalité, ou la soif de se prendre pour un dieu.

Le spectateur prend rapidement conscience que ce décès constitue l’élément déclencheur d’une transformation radicale de la personnalité de Caligula. Auparavant passablement aimable, et décrit comme étant un « empereur parfait », une fois frappé par la perte de l’être cher, il perd l’équilibre et sombre dans la plus totale des désillusions.

Les premières scènes de la pièce consistent en des scènes d’exposition, qui démontrent au spectateur les fondements de l’égarement de l’empereur.

Les patriciens le prient d’agir et de prendre les décisions qui s’imposent, en sa qualité d’empereur. Il décide de déshériter des enfants nobles et de les condamner à mort. À la scène 8, il exerce pour la première fois son pouvoir d’une manière absolue.

Par la condamnation de quiconque et sans raison valable, le personnage cherche à démontrer que la vie humaine ne possèderait aucun sens intrinsèque, étant donné qu’il arrive parfois qu’elle s’arrête pour rien.

À la scène 11, les états d’âme de Caligula sont exprimés. De par son titre d’empereur, il dispose d’un pouvoir absolu et d’une liberté sans limite. La douleur insupportable qui l’habite le pousse à poser des gestes tyranniques, tel que commander la mise à mort de jeunes innocents.

Son ancienne maîtresse, Caesonia, lui explique que malgré les épreuves, il importe d’apprendre à composer avec ses douleurs. Mais atteindre un certain équilibre de tempérance et de modération des émotions, c’est-à-dire un sentiment de plénitude et de sérénité, ne s’effectue pas sans effort.

Caesonia cherche à le mettre en garde contre la notion de l’hybris (ou hubris). En grec, ce mot signifie la démesure. Le pouvoir sur les hommes peut faire tourner la tête et perdre leur humanité aux personnes occupant une position très élevée. À force de penser qu’il est un dieu, Caesonia souligne à Caligula qu’elle « ne connaît pas de pire folie ».

Mais ce dernier lui fait la sourde oreille et ignore ses propos. Il l’oblige même à devenir sa complice, dans les prochains actes immondes qu’il accomplira.

Résumé – Acte II

Le second acte, qui comporte 14 scènes, est divisé en trois parties. Elles consistent essentiellement en un jeu macabre. En premier lieu, les patriciens font état des horribles actions posées par Caligula. Les scènes 1 à 4 font émerger leur révolte et ils se préparent à mettre en œuvre un attentat.

L’acte II prend place chez Cherea, un homme de lettres. Les décisions cruelles de Caligula ont fortement blessé et humilié les patriciens, qui s’en plaignent. L’intellectuel indique vouloir effectuer une tentative pour destituer le tyran. Toutefois, il suggère d’attendre le moment propice.

L’empereur revient sur scène dans la deuxième partie du second acte, soit dans les scènes 5 à 10. Il s’amuse à manipuler les patriciens.

La dernière partie fait découvrir Scipion, un jeune poète. Ce personnage contraste, avec sa personnalité d’une grande pureté, ce qui donne lieu à l’exploration de l’intériorité de Caligula.

Scipion avoue à Caesonia qu’il cherche à se venger de l’empereur, qui est responsable de la mort de son père. La femme tente de l’amener à se questionner sur les motifs de l’empereur. Le poète refuse de la suivre dans son raisonnement. Au cours de la quatorzième scène, les spectateurs assistent à une sorte de monologue entre ces deux hommes. Il s’agit en fait d’un dialogue de sourd. Il devient évident qu’aucun des deux n’est ni disposé à écouter l’autre, ni à le comprendre. L’opposition des points de vue divergents est soulignée par une réplique de Caligula, qui indique à Scipion qu’il est « pur dans le bien », alors que Caligula emploie l’expression « pur dans le mal » pour se définir lui-même.

Les deux hommes finissent par se réconcilier. Toutefois Caligula constate qu’il ne parvient plus à éprouver de l’amitié pour quiconque. L’unique sentiment qui parvient encore à le faire vibrer un tant soit peu est le mépris. Le second acte prend fin sur cette note pessimiste.

Résumé – Acte III

Les six scènes de l’acte III concernent un complot. L’empereur, qui s’est déguisé grotesquement en la déesse Vénus, apparaît aux côtés des patriciens. Il les force à réciter une prière persifleuse. Cela pourrait se comparer à une parodie religieuse, dans laquelle le personnage principal s’amuse avec des marionnettes, incarnées par les patriciens.

Le jeune poète Scipion s’indigne que Caligula blasphème les dieux. Mais Caligula lui rétorque que puisqu’il jouit d’une liberté absolue, autant prétendre être un dieu, et décider du sort qui revient à ses sujets.

Hélicon, un ancien esclave affranchi par l’empereur, s’efforce de mettre Caligula en garde des dangers du complot qui se trame contre lui. Cependant Caligula ne l’écoute pas. Au lieu de cela, il persiste dans son raisonnement de l’impossible. Il exige à Hélicon qu’il lui rapporte la lune, pendant qu’il s’applique du vernis rouge sur les ongles.

Cette scène est empreinte de burlesque et de comique, alors qu’elle devrait en réalité refléter tout le tragique de la situation. L’auteur s’assure que la pièce demeure absurde, ce qu’il croit être à l’image de l’existence humaine.

L’empereur reçoit par la suite l’homme de lettre, Cherea. Ce dernier lui indique qu’il aimerait que toute cette comédie prenne fin. Pour cet aveu, il s’attend à être mis à mort. Toutefois, au cours de la dernière scène, Caligula détruit la tablette de cire comportant l’inscription de la trahison. L’auteur fait ainsi basculer l’atmosphère du burlesque au tragique. Le personnage principal finit enfin par accepter son destin.

Résumé – Acte IV

Le dernier acte, qui comporte 14 scènes, donne lieu à la fin du tyran. La plupart des scènes consistent en des prolongements des trois actes précédents.

Les patriciens craignent d’être torturés, après avoir réalisé que leur complot a été démasqué. Cependant, ils ne s’attendaient pas à ce que Caligula leur ordonne de participer à un concours de poésie, dont la thématique est « La mort », et le délai d’une minute !

Ils s’exécutent. L’empereur les stoppe cependant avant que le décompte ne se soit écoulé, en repoussant leurs créations, à l’exception de celle de Scipion, qui porte sur les leçons de la mort.

L’empereur repousse Scipion, qui choisit l’exil. Puis il rejette également Caesonia, et même qu’il finit par l’étrangler. Il réalise que même l’amour ne suffit plus à accorder de sens à sa vie.

Plongé dans la solitude, en se contemplant devant son miroir, il se laisse aller au regret que la lune ne lui ait pas encore été offerte par quiconque. Il finit par réaliser qu’il a erré, en empruntant la mauvaise voie. Exercer une liberté absolue ne permet pas de triompher de la mort, qui demeure inéluctable pour chaque humain. Caligula consent à mourir.

C’est à ce moment que les patriciens l’assassinent à son insu, en lui plantant un couteau dans le dos. La pièce se conclue sur cette double fin du tyran.

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