Albert Camus

Camus, Le Malentendu, Résumé

Le Malentendu est une pièce de théâtre écrite par Albert Camus en 1943, en plein milieu de la seconde guerre mondiale. C’est dans ce contexte aride, de désespoir et de guerre, que la pièce est représentée pour la toute première fois, en 1944 alors que la France était encore sous occupation allemande. Le Malentendu est une pièce en trois actes, relativement classique dans son découpage, et dont l’écriture présente une unité de lieu et de temps. Au même titre que L’étranger en 1942 ou Caligula en 1944, Le Malentendu est une œuvre littéraire d’Albert Camus placée sous le signe de l’Absurde.

Acte premier : la mise en situation des personnages et du drame

Le premier Acte de la pièce dresse une présentation des personnages. L’histoire est focalisée sur trois personnages principaux : Jan, la mère de Jan, et Martha la sœur de Jan. L’intrigue qui va se nouer autour de ce trio familial se déroule dans une petite auberge située quelque part en Europe centrale, là où le temps est gris et pluvieux. Ce détail aura en effet une importance capitale dans la suite des événements ayant conduit au crime qui a lieu dans le deuxième Acte.
L’auberge est tenue par une femme et sa fille Martha. Cette dernière n’a cependant qu’un seul souhait : quitter cet endroit sinistre et aller vers des cieux plus attrayants et où il fait continuellement beau. La mère, qui adhère à cette vision de la vie et qui désire pareillement quitter cette vie monotone et misérable, se rend constamment complice de sa fille dans le meurtre de riches voyageurs qui font escale à l’auberge. La mère et la fille dépouillent ces derniers de tous leurs biens, après les avoir tués.

Mais un beau jour, le fils qui s’était exilé depuis une vingtaine d’années pour aller faire fortune sous d’autres contrées plus prospères, revient à l’auberge dans le but d’aider enfin sa mère et sa sœur. Cependant, en arrivant sur les lieux, il ne s’annonce pas et ni la mère ni sa sœur ne le reconnaissent, après plus de vingt ans d’absence. Jan ne parvient alors pas à leur révéler son identité et le lien de sang qui les unit. La pièce commence alors par cette incommunicabilité entre le fils revenu au pays et les deux femmes qui partageaient jadis sa vie, sa mère et sa sœur Martha.

Tout au long de ce premier Acte, Jan tente en vain de vouloir faire comprendre à sa mère et à sa sœur Martha qu’il est le fils et le frère qu’elles avaient autrefois côtoyé. Cependant, son orgueil lui empêche de leur dévoiler tout simplement son identité, alors qu’il y est poussé par son épouse Maria venu l’accompagner dans son voyage de retrouvailles. Jan recherche en effet la reconnaissance de sa famille et souhaiterait au fond de son cœur, être reconnu par ses parentes sans avoir à leur dire qui il est. Les quiproquos, les sous-entendus et les allusions de Jan se multiplient alors tout le long de ce premier acte.

Les deux femmes ne sachant pas à qui elles ont affaire, elles entreprennent de le tuer puis de le voler, comme elles le font avec la plupart des voyageurs riches, de passage à l’auberge. Cette entreprise criminelle est toutefois retardée par le fait que Jan parvient à éveiller petit à petit l’intérêt de sa mère et sa curiosité. Néanmoins, Martha, la sœur de Jan, se met constamment entre eux deux pour éviter qu’ils ne tissent des liens et qu’ils ne communiquent. Martha souhaite en effet en finir au plus tôt : en tuant Jan pour enfin le dépouiller. Pendant ce temps, l’épouse de Jan, Maria, tente en vain de convaincre son mari que la solution est soit de révéler tout simplement son identité, soit de repartir avec sa femme là où ils ont fait fortune. Ajoutant à la dramaturgie de la pièce, un vieux domestique, à l’allure inquiétante et sinistre, assiste (voire participe indirectement), silencieux, aux événements qui conduiront au sort funeste de Jan.

Acte II : Le meurtre de Jan

La mise en place du crime, celui de Jan, prend forme. Toujours dans une atmosphère de complète absurdité, les trois parents (Jan, la mère, Martha) n’arrivent pas à établir une communication, pourtant censée permettre d’éviter l’infanticide et le fratricide en gestation. Au cours de ce deuxième Acte, deux Scènes vont être décisives : la scène 1 et la scène 6. Dans la scène 1, c’est une ultime discussion qui s’ouvre entre Jan et sa sœur Martha. Ultime, puisque ce face à face conditionnera de manière décisive le choix de Martha d’aller jusqu’au bout de son projet criminel, à savoir tuer ce riche voyageur qu’est Jan. Au cours de cette discussion, Jan tente encore une fois de lancer des allusions sur son identité mais sans passer véritablement à l’acte. Sa sœur Martha semble d’ailleurs ne jamais faire le rapprochement entre les évocations « parlantes » de Jan et son frère jadis parti. Mais elle continue cependant d’interroger Jan sur le pays d’où il vient et où il a fait fortune : lorsque Jan évoque alors les doux paysages méditerranéens, le soleil, le lyrisme de ces évocations, sa sœur Martha semble un moment connaître un sentiment d’apaisement et de sérénité. Mais aussitôt après, ces évocations par Jan d’un « ailleurs » paradisiaque et qui lui rappellent tant sa situation à elle qui est misérable, Martha se résout à passer à l’acte : empoisonner Jan en lui servant un thé.

Dans la scène 6, une ultime discussion s’engage également entre Jan et sa mère, alors que celui-ci a déjà bu le thé empoisonné. Dans cette Scène, la mère se montre de plus en plus sensible au discours bienveillant et respectueux de Jan envers elle. Elle pense au fond d’elle vouloir revenir en arrière pour éviter le crime, mais il est trop tard. Jan prononce alors ses derniers mots envers sa mère en lui disant qu’il s’en va de l’auberge car il ne s’y sent pas à sa place mais qu’en revanche, il est certain qu’il ne partira pas comme un hôte indifférent.

Acte III : Le dénouement funeste

L’épilogue de la pièce conforte l’aspect dramatique et tragique de celle-ci. Jan ayant bu le thé empoisonné, il ne met pas bien longtemps avant de trépasser. C’est alors que la mère et Martha décident d’aller noyer le cadavre dans un fleuve, aidées en cela par le vieux domestique sombre et silencieux. Mais après cet acte odieux, le vieux domestique révèle aux deux femmes l’identité de Jan en leur montrant le passeport de ce dernier.

En découvrant enfin cette terrible vérité, les deux femmes ont des réactions bien singulières et violentes, chacune à sa façon : ainsi, la mère désespérée, se noie volontairement dans le fleuve puisqu’elle ne supporterait pas de vivre dans le continuel souvenir de l’infanticide. Quant à Martha, elle a d’abord une réaction violente de haine contre sa mère puisqu’en se suicidant, sa mère la laisse seule et de surcroît, met de la sorte fin à ses rêves de bonheur et d’ « ailleurs ». Après la colère et la haine, Martha ressent par la suite un sentiment de résignation et d’absurdité de la vie, car tout est finalement parti d’un malentendu. Reniant Dieu, Martha se donne alors à son tour la mort.

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