Biographie de Blaise Pascal

Biographie de Blaise Pascal
(1623-1662)

Mathématicien, physicien et philosophe français.

Blaise Pascal naquit le 16 Juin 1623 à Clermont-Ferrand, fils d’Etienne Pascal, un juge qui était lui-même féru de science. Alors que sa sœur Jacqueline faisait figure de prodige dans les cercles littéraires parisiens, où la famille s’était établie en 1631, le jeune Pascal révéla déjà des prédispositions remarquables alors qu’il ne suivait d’autres enseignements que ceux de son père, qui avait décidé de s’occuper lui-même de l’éducation de son fils. Même si cette éducation ne devait au début être strictement composée que de l’étude des langues, la curiosité de Pascal l’amena à s’intéresser à la géométrie pendant son temps libre. Son père lui donna alors à lire les « Eléments » d’Euclide. Avant même d’avoir treize ans, il parvint à démontrer la 32e proposition d’Euclide et découvrit une erreur dans la géométrie de Descartes.

A l’âge de quatorze ans, il commença à accompagner son père aux réunions de Marsenne, membre de l’ordre des Minimes et mathématicien. A ces réunions participaient d’illustres scientifiques comme Gassendi, Roberval, Mydorge et Desargues. Les travaux de ce dernier intéressèrent tant Pascal qu’en 1640, il rédigea « Essai sur les coniques» (1642), basé sur les travaux de Desargues en géométrie projective, et qui contenait entre autres son fameux théorème.

En 1639, la famille s’installa à Rouen où le père eut la charge de collecter les impôts. Pour aider son père à effectuer ses calculs, il mit au point la pascaline, une machine à calculer qu’il perfectionnera plus tard, et qui pouvait effectuer les tâches de six comptables. En 1646, son père se blessa à la jambe et fut soigné par deux disciples de l’abbé de Saint-Cyran, fondateur du jansénisme français. Même si la famille était catholique, elle n’était pas extrêmement pieuse. Ce contact avec les jansénistes convainquit Pascal de se tourner vers Dieu. Il n’en continua pas moins ses expériences scientifiques, testa les théories de Galilée et de Torricelli. Lors de ces expériences,  il inventa la seringue et la presse hydraulique, qui se base sur le principe qu’on appellera loi de Pascal. En 1647, il parvint à prouver l’existence du vide. Descartes, qui le visita le 23 septembre, ne crut pas en l’existence du vide et écrira à Huygens que Pascal « a trop de vide dans sa tête ».

Après la mort d’Etienne Pascal en 1651, son fils écrivit une longue lettre à une de ses sœurs, dans laquelle il donna un sens chrétien profond à la mort. Ces réflexions se retrouveront plus tard dans les « Pensées ». Cette mort, à laquelle s’ajoutèrent des problèmes de santé récurrents qui poussèrent ses médecins à lui recommander de plus se distraire, marqua le début de la période mondaine de Pascal. Il fréquenta alors la bonne société parisienne, le Chevalier de Méré, l’acteur Milton ou le poète Desbarreaux. Il ne resta cependant pas totalement oisif pendant cette période, écrivant par exemple un « Traité de l’équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de l’air » et son « Traité du triangle arithmétique » (1654). Cette période mondaine ne dura pas longtemps et, en 1654, il reçut une illumination mystique, redécouvrit la religion et décida de rejoindre le monastère de Port-Royal, foyer du jansénisme français, en 1655. Il y écrira les oeuvres pour lesquelles il sera le plus connu, « Les provinciales » et « Pensées ».

Un conflit existait à cette époque entre les jésuites et les jansénistes. Antoine Arnauld, partisan des jansénistes, fut jugé par la faculté de théologie de Paris pour son interprétation d’une bulle du pape Innocent X.  Pour le défendre, Pascal écrivit à partir de 1656 les « Lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux R.R.P.P. Jésuites sur le sujet de la morale et de la politique de ces pères », une suite de lettres sur la grâce divine et la moralité des jésuites qui sera plus tard connue sous le titre « Les provinciales ». Pascal y recourut à des dialogues et des citations jésuites pour les discréditer, quelque fois d’un ton moqueur, d’autres fois d’un ton indigné. Il y proposa également une position de conciliation qui allait mener à la Paix de l’Eglise de 1658.

« Les provinciales » furent essentielles dans le renouveau du Catholicisme, grâce à une approche plus spirituelle et charitable qui contrastait avec l’obéissance et l’orthodoxie prônées par les jésuites ; mais elles seront également utilisées par les huguenots et l’Eglise d’Angleterre pour attaquer l’Eglise de Rome. Leur popularité ne fut pas seulement due à leur contenu religieux : à la rhétorique indigeste qui était en vogue à l’époque dans les textes de ce genre, Pascal substitua la variété, la breveté et la précision du style, et fit des « Provinciales » le début de la prose française moderne.

Ayant médité sur les miracles de la chrétienté, Pascal entreprit alors d’écrire une apologie de la religion chrétienne. Entre 1657 et 1658, il composa différentes notes et réflexions qui seront publiées après sa mort sous le titre de « Pensées ». Il y fit une réflexion sur la nature de l’homme dépourvue de la grâce divine et dès lors incapable d’atteindre la vérité et la bonté suprême vers laquelle sa propre nature le mène. Il y chercha à convaincre les sceptiques qu’ils n’avaient rien à perdre à croire en Dieu par son fameux pari. Il y insista sur la nécessité d’atteindre Dieu uniquement à travers Jésus. Il y recourut aux théories augustiniennes de l’interprétation allégorique des personnages bibliques, décrivit l’église primitive et l’accomplissement des prophéties. L’oeuvre dont « Les Pensées » ne furent que des fragments épars et non achevés était un traité spirituel à destination des semblables de Pascal. Les arguments utilisés puisaient donc dans les références de ces semblables : les œuvres de Montaigne, Charron, Gassendi ou Hobbes y seront appelées pour convaincre ses amis de chercher à atteindre la sainteté.

En même temps, Pascal reprit ses travaux scientifiques, travailla sur les « Eléments de géométrie » avec les jansénistes de Port-Royal, qui lui suggérèrent également de publier ses découvertes sur les courbes dites cycloïdes, lança des défis mathématiques auxquels participèrent Huygens, Leibniz et Fermat. La maladie et un retour de son sentiment religieux lui firent abandonner la science une dernière fois, et il consacra ses jours à donner aux pauvres et à suivre les services religieux dans différentes églises parisiennes. Il finit par mourir à l’âge de 39 ans après des années de souffrance.