Biographie de Marguerite Duras

Biographie de Marguerite Duras
(1914-1996)

Femme de lettres et cinéaste française.

Née en 1914 en Indochine où ses parents étaient enseignants, Marguerite Donnadieu grandit en Asie du Sud Est, à l’exception de deux années lors desquelles elle vécut en France près de la ville de Duras, qui lui prêtera son pseudonyme. Après la mort de son père alors qu’elle n’avait que quatre ans, et des investissements aux conséquences désastreuses de sa mère, sa famille se retrouva extrêmement appauvrie, à tel point que Duras se retrouva plus pauvre que la plupart de ses condisciples vietnamiens. A cette époque, avec l’assentiment de sa mère, Dumas eut une liaison avec un riche homme d’affaires asiatique.

En 1932, elle partit seule pour Paris et fut admise à la Sorbonne. En 1935, elle fut embauchée au ministère des Colonies où elle écrivit sous le nom de Marie Donnadieu, peut-être sur commande, un texte de propagande controversé qui justifiait la présence coloniale française en Asie. Ses actions au début de l’occupation demeurent encore floues, mais on sait qu’à partir de 1943, date de la publication de son premier roman, « Les impudents », elle devint membre de la Résistance au sein d’une cellule dont le chef, Morland, sera plus tard connu sous son vrai nom de François Mitterrand. A l’automne 1944, elle rejoignit également le Parti Communiste – dont elle sera exclue en 1950 – et en 1946, elle divorça avec son premier mari, Robert Antelme.

L’année 1950 marque son irruption sur la scène littéraire avec la publication d’ « Un barrage contre le Pacifique », roman autobiographique évoquant l’Indochine, sa mère et son enfance mais également une prise de position politique qui dénonce le système colonial, et dont René Clément tirera un film en 1958. Alors que le style d’ « Un barrage contre le Pacifique » est marqué par l’influence d’Hemingway et de la littérature américaine de l’époque, Dumas adopta par la suite un style plus moderniste, avec par exemple « Le squale » (1955) et « Moderato cantabile » (1958) qui seront loués pour leur style fait presque entièrement de dialogues tournant autour de non-dits.

En 1959, lorsque le cinéaste Alain Resnais lui demanda d’écrire le scénario d’un de ses films, Dumas qui ne s’était jamais livré à cet exercice auparavant composa l’un des films les plus marquants de l’histoire du cinéma, « Hiroshima, mon amour », récit de l’histoire d’amour d’une actrice française et d’un architecte japonais sur fond de Deuxième Guerre Mondiale. Peu de temps après, elle se lança également dans l’écriture d’une pièce de théâtre, « Les Viaducs de la Seine-et-Oise », dont elle reprendra l’intrigue plus tard dans le roman «L’Amante anglaise » (1967).

Pionnière du nouveau roman, elle écrivit dans les années 60 des oe uvres dans lesquelles les éléments formels sont réduits au minimum, les protagonistes insaisissables, l’intrigue remplacée par une succession de détails, et dont les traits essentiels sont les silences, les hésitations et les non-dits. « Le ravissement de Lol V. Stein » (1964), roman réduit à l’état de script, commence ainsi un cycle d’oe uvres énigmatiques composé de « Le Vice-Consul » (1966), « India Song » (1973) – qui reprend la même histoire mais avec une fin différente, « L’amour » (1971), qui est l’un de ses romans les plus hermétiques, et « La Femme du Gange » (1973), adaptation à l’écran de « L’amour » et dans laquelle on retrouve également des personnages des romans précédents. Se reconnaissant dans la révolution de mai 68, elle écrivit « Détruire, dit-elle » (1967), mettant aux prises le désir et les conventions sociales et « Nathalie Granger » (1972), roman féministe qui relie la violence et la frustration des jeunes.

Dans les années 80 marquées par sa relation avec un jeune étudiant en philosophie, Yann Andréa, Dumas continua à écrire et réaliser un grand nombre de romans et de films. « L’Eden cinéma » (1977) reprend ainsi un de ses exercices favoris, la répétition de thèmes ou d’intrigues d’une ancienne oe uvre, en adaptant au théâtre « Un barrage contre le Pacifique »; elle revint sur son enfance avec Michelle Porte dans « Les lieux de Marguerite Duras » (1977); « Le Navire Night » (1978) met en scène aussi bien à l’écran qu’à l’écrit l’histoire d’une passion entièrement téléphonique. Son plus grand succès populaire arriva en 1984 à l’âge de soixante-dix ans avec « L’amant ». « L’amant » est la somme de toute l’oe uvre de Duras, un récit d’amour et de passion, un retour aux thèmes biographiques et asiatiques de ses précédents romans, une narration minimaliste. Le roman sera récompensé du prix Goncourt, et sera porté à l’écran par Jean-Jacques Annaud.

La santé de Duras se détériorait déjà à cette époque, notamment à cause de sa forte consommation d’alcools. Elle continua néanmoins à écrire, publiant notamment « La pluie d’été » (1990) et « L’amant de la Chine du nord » (1992), qui est une réécriture de l’histoire de « L’amant », en partie en réaction à l’adaptation cinématographique d’Annaud. Elle continuera à écrire jusqu’à sa mort, le 3 mars 1996.