Biographie de Pédro Calderon de la Barca

Biographie de Pedro Calderón De la Barca
(1600-1681)

Auteur dramatique espagnol.

Né au sein d’une riche famille madrilène le 17 janvier 1600, Calderón de la Barca se destina d’abord à la vie sacerdotale et suivit des études chez les jésuites, avant d’aller à l’université de Alcalá de Henares en 1614 et celle de Salamanque un an plus tard afin d’étudier les arts, le droit et la théologie. Il abandonna toutefois la vocation ecclésiastique pour entrer au service du connétable de Castille. En 1623, il commença à écrire des pièces pour la cour, se plaçant en droite ligne de Lope de Vega qui influencera son oeuvre et notamment ses premières pièces, et devint rapidement le chef de file du groupe de poètes dramatiques réunis autour du roi Philippe IV et nommé directeur du théâtre Buon Retiro. A la mort de Lope de Vega en 1635, il devint de fait le nouveau maître de la scène dramatique espagnole.

En 1637, le roi le fait chevalier de l’ordre militaire de Saint Jacques et il servit avec les troupes royales lors de la rébellion catalane de 1642. En 1645, il entra au service du duc d’Albe. En 1651, il retourna finalement à sa vocation première de la prêtrise, non sans avoir eu entre-temps un enfant naturel, et fut donc ordonné prêtre en 1651. Il déclara alors ne plus vouloir écrire de pièces, mais à la demande du roi, il continua néanmoins à écrire régulièrement pour le théâtre de cour. En 1653, il fut nommé prébendier de la cathédrale de Tolède. Il écrivit son poème méditatif et religieux « Psalle et Sile » pendant cette période. Après avoir reçu l’autorisation de garder son titre tout en étant dispensé de résidence à Tolède, il rejoignit de nouveau Madrid en 1657 et devint chapelain honoraire du Roi en 1663. Il décéda dans la cité madrilène en 1681.

Les pièces de Calderón de la Barca doivent s’analyser comme des pièces de cour, se caractérisant par le développement d’une forme artistique non réaliste et stylisée, une structure artificielle de l’intrigue, des personnages rigides et des vers le plus souvent affectés et rhétoriques. Se basant sur la forme dramatique et les conventions mises en place par Lope de Vega, caractérisées par la primauté de l’action sur la caractérisation, avec une unité de thème plutôt qu’une unité d’intrigue, le théâtre de Calderón de la Barca se distingua dès le début par sa capacité à utiliser les personnages et les incidents de l’intrigue pour développer une idée dominante. Cette technique se développera plus tard par des intrigues de plus en plus complexes et des actions de plus en plus resserrées et compactes.  L’imagerie poétique, les personnages et l’action devinrent ainsi interconnectés par des symboles qui clarifient le sens du thème, dans « Le schisme d’Angleterre » (1627) ou plus tard dans « Le peintre de son déshonneur » (1645).

La popularité de la Barca ne se limita pas uniquement à la cour et ses pièces étaient également jouées dans les théâtres populaires.  Acceptant les conventions de la comédie d’intrigue espagnole, il les détourna à des fins plus sérieux, comme dans « La dame fantôme » (1629) ou « Maison à deux portes – Maison difficile à garder » (1629). Avec « No hay cosa como callar » (1639) et « Le pire n’est pas toujours certain » (1640), il masque également la tragédie derrière les conventions de la comédie, mais ces deux pièces montrent un autre thème de la Barca : le rejet du code d’honneur. Ce rejet est encore plus présent dans la célèbre pièce « L’alcalde de Zalamea » (1636), dans laquelle la vengeance que le code demande est rejetée. Il y met également en scène le contraste entre l’aristocratie et le peuple, la prospérité y découle du travail manuel et l’honneur une conséquence de l’intégrité morale, quelle que soit la classe sociale. Le plus grand chef d’oeuvre de Calderón de la Barca est sans aucun doute « La fille de l’air » (1653), une pièce stylisée et imprégnée de violence sur la légende de Sémiramis. Extrêmement complexe, la pièce contraste la passion et la raison. La passion amène à la soif de pouvoir et de domination, et subséquemment à la destruction, tandis que la raison apporte la justice et la loyauté, produisant l’ordre. Ce contraste sera présent tout au long des pièces de la dernière période de la Barca.

Enfin, il convient de noter la part importante de ses oeuvres d’inspiration religieuse. Ses pièces religieuses se basent sur les récits de conversion et de martyrs des premiers saints de l’Eglise (« Le prince Constant », 1629 ou « Le magicien prodigieux », 1637)  ou sur l’assertion que les valeurs naturelles comme l’amour, la richesse ou le pouvoir ne peuvent pas satisfaire l’aspiration au bonheur et à la vérité de l’âme, que seul peut combler un bien infini divin. Mais son expression religieuse trouve son aboutissement dans ses 66 auto sacramentales, pièces allégoriques jouées lors de la fête du Saint Sacrement, forme qu’il amena au plus haut degré de perfection. Il y mêla les concepts dogmatiques et théologiques les plus abstraits et les thèmes dramatiques traditionnels, puisant dans une inspiration morale et spirituelle profonde et une poésie qui va de la tendresse à la puissance la plus grande. Parmi les plus remarquables, on peut citer « Le festin de Balthazar » (1630), « Le grand théâtre du monde » (1635), « La viña del Señor » (1674) et « El pastor fido » (1678).

Commentaires composés sur les oeuvres de Pédro Calderon de la Barca