Biographie de Montesquieu

Biographie de Montesquieu (Charles Louis de Secondat, Baron de)
(1689-1755)

Philosophe et écrivain français.

Montesquieu est né en 1689 au château de la Brède, près de Bordeaux. Son père était un militaire de la haute noblesse tandis que sa mère, qui décéda quand Charles Louis eut sept ans, était une riche héritière qui, outre sa dot, apporta à la famille la baronnie de La Brède. Montesquieu grandit à une période où le long règne de Louis XIV suscitait des mécontentements auprès d'une population lasse.

En 1700, Charles Louis fut envoyé au collège Oratorien de Juilly à Meaux. Il revint à Bordeaux en 1705 étudier le droit, puis monta à Paris en 1708. La mort de son père en 1713 l'obligea à revenir à Bordeaux et en 1715, il y épousa Jeanne de Lartigue, une protestante issue d'une riche famille qui lui apporta une dot de 100.000 livres. La mort de son oncle le Baron de la Brède et de Montesquieu en 1716 le fit hériter de la fortune de celui-ci, de ses titres et de la présidence à mortier du Parlement de Bordeaux. Le désormais baron de Montesquieu n'eut pas beaucoup d'attirance pour la profession d'avocat et à vingt-sept ans, ses besoins financiers et sa position sociale étaient maintenant bien pourvus. Il abandonna par conséquent le droit pour gérer ses propriétés et pour approfondir ses connaissances scientifiques en devenant membre de l'académie de Bordeaux qui venait de se constituer.

En 1721, il accéda à la célébrité avec « Lettres persanes », publié anonymement mais dont l'identité de l'auteur fut très vite éventée. Dans ce roman, il exécutait un portrait satirique et brillant de la société parisienne à travers les yeux de deux voyageurs persans. Y furent moqués le règne de Louis XIV qui venait de s'achever, les différentes classes sociales et la théologie catholique, et y furent traitées les théories de Hobbes sur l'état de la nature, la démographie, la comparaison entre l'Islam et la Chrétienté, le tout dans un ton fortement iconoclaste. Il séjourna alors plus longtemps à Paris, fréquenta les salons et écrivit quelques œuvres dont « Dialogue de Sylla et d'Eucrate » (1724) et «Réflexions sur la Monarchie Universelle » (1724). En 1726, il revendit sa charge de président à mortier et, soutenu par le salon de Madame de Lambert, fut élu à l'Académie française en 1728, même si cette élection suscita quelques oppositions sur des questions de nature religieuse. C'est alors qu'il décida de parfaire ses connaissances en voyageant. Laissant sa femme gérer ses propriétés, il partit à Vienne avec Lord Waldegrave, visita la Hongrie, goûta aux plaisirs de Venise et aux merveilles de Florence. De l'Italie, il passa par l'Allemagne et arriva en Hollande en octobre 1728, où il resta jusqu'en 1731.

A son retour en France, il reprit l'écriture, écrivit un traité controversé, « La monarchie universelle » (1734) qui à peine publié sera retiré, peut-être parce que l'auteur craignit qu'il ne soit interprété comme une critique de l'absolutisme et de la politique militaire de Louis XIV; travailla sur un texte sur la Constitution anglaise, qui ne sera publié qu'en 1748, et publia « Considérations sur les causes de la grandeur des romains et de leur décadence » (1734). Mais il voyait plus large et ses ambitions littéraires étaient à l'écriture d'un ouvrage de plus grande portée. Il s'installa alors au château de La Brède et se mit, malgré une vue qui baissait, à se plonger dans l'étude approfondie du droit, de l'histoire, de l'économie, de la géographie et des théories politiques, recourant aux services de nombreux secrétaires, effort qui contrastait avec l'image qu'il eut alors, celui d'un personnage brillant mais superficiel. En 1740, les grandes lignes du futur livre étaient tracées, en 1743 le texte en était pratiquement rédigé; les révisions successives l'amenèrent en décembre 1746. De nouvelles corrections et l'ajout de nouveaux chapitres retardèrent encore la publication chez un imprimeur genevois en novembre 1748 de son chef d'oeuvre composé de trente et un livres et de 1086 pages, « De l'esprit des lois, ou du rapport que les lois doivent avoir avec la constitution de chaque gouvernement, les mœurs, le climat, la religion, le commerce, etc. ».

« L'esprit des lois », l'une des œuvres les plus importantes de la littérature politique et juridique,  est une étude des relations sociales et environnementales qui se trouvent derrière les lois des sociétés modernes. Parmi les thèmes qui y sont traités, on peut distinguer les plus importants : la nature du pouvoir, la séparation des pouvoirs et la théorie des climats.

Le premier sujet s'impose naturellement pour tout théoricien politique. Montesquieu propose une nouvelle classification des types de gouvernement, fondée non plus sur la détention du pouvoir politique mais sur l'utilisation de ce pouvoir par les tenants, les principes par lesquelles le pouvoir s'exerce (vertu pour la république, honneur pour la monarchie, peur pour le despotisme) en recourant à une analyse historique. Montesquieu divise ensuite l'autorité politique en trois pouvoirs indépendants, législatif, exécutif et judiciaire. C'est sans aucun doute le texte politique le plus important du XVIIIe siècle, qui inspirera entre autres la Déclaration des Droits de l'Homme et la Constitution des Etats-Unis. Dans le troisième thème, Montesquieu insiste sur l'influence du climat, et notamment de la chaleur et du froid, sur les perspectives intellectuelles d'une société et sur le tempérament des individus. Les effets du climat ne sont pas irrésistibles, et le rôle de la loi est de les contrôler. Il explique ainsi la nature du pouvoir dans différentes régions du monde, et la nature moins insupportable de l'esclavage dans certaines conditions climatiques.

Reçu avec un grand succès par ses contemporains, « L'esprit des lois » suscita également une vive controverse à sa sortie, à tel point que Montesquieu se fendit d'une « Défense de l'esprit des lois » deux années après, ce qui n'empêcha pas l'Eglise de le mettre à l'Index en 1751. Montesquieu se retira ensuite partiellement à La Brède, sa vue devenant de plus en plus faible. En 1755, il participa néanmoins à l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, mais mourra avant d'avoir achevé l'article GOUT sur lequel il travaillait.

Commentaires composés sur les oeuvres de Montesquieu
Résumé des oeuvres de Montesquieu