Biographie de Jean de La Fontaine

LA FONTAINE (Jean de)
(1621-1698)

Fabuliste, dramaturge, auteur et poète français.

Fils d’un maître des Eaux et Forêts, Jean de La Fontane naquit à Château-Thierry au sein d’une famille qui avait des revenus plutôt élevés. Devant normalement succéder à son père et assumer sa charge, La Fontaine reçut une éducation sommaire. En 1641, il intégra la Congrégation de l’Oratoire à Paris, mais ses préférences vinrent à l’écriture de poèmes tard la nuit plutôt qu’à la fréquentation matinale de l’office, et lorsqu’il écrivit un poème satirique envers les prêtres, il fut promptement invité à quitter la congrégation. Il se dirigea alors vers des études de droit qui lui permirent de devenir avocat au Parlement.

A l’âge de 26 ans, ses parents le marièrent à une jeune fille de 14 ans et richement pourvue, Marie Héricart, mais La Fontaine préféra la liberté du célibat à une vie matrimoniale arrangée. Le temps d’avoir un fils, et il abandonna sa famille. A la mort de son père, il hérita de la charge de celui-ci, mais même si ce sujet demeure discuté, il ne semble pas qu’il y brillât particulièrement. Mauvais élève, piètre père de famille et administrateur médiocre, La Fontaine était par contre un ami apprécié et un membre éminent de la classe d’artistes : auteurs, dramaturges, poètes… qui étaient à la recherche d’un riche protecteur afin de pouvoir vivre de leur art. Parmi ce cercle, on retrouvait entre autres Racine, Molière ou Boileau. La Fontaine se distingua de ses confrères parce que même s’il fut le plus âgé d’entre eux, il fut l’un de ceux qui patientèrent le plus tard pour être reconnu, ayant du attendre d’avoir 44 ans lorsque « Contes et nouvelles en vers » paraîtront ; et ensuite, malgré la charge reçue de son père et la dot importante de sa femme, La Fontaine fut plutôt la cigale que la fourmi du fable : il dilapida toute sa fortune et tout richesse qu’il acquiert est dépensé au profit de maîtresses de passage.

En 1658, il finit par recevoir une pension de Nicolas Fouquet, le tout-puissant surintendant des finances de Louis XIV, mécène des arts de cette période. Il lui écrivit entre autre son « Adonis » et le « Songe de Vaux », qui ne sera jamais achevé et qu’il composa en l’honneur du château de Vaux-le-Vicomte, le somptueux domaine de Fouquet. Après la célèbre fête que Fouquet y donna en l’honneur du roi, le 17 août 1661, Louis XIV fit arrêter le propriétaire des lieux ; La Fontaine implora la clémence du roi envers son ancien protecteur en écrivant « Elégie des nymphes de Vaux » et « Ode au Roi », sans succès. Les artistes qui vivaient dans l’entourage de Fouquet durent alors se chercher un nouveau protecteur. En 1664, La Fontaine rejoignit la maison de la duchesse d’Orléans et publia ses premiers « Contes et nouvelles en vers » (1665). Ces histoires courtes et licencieuses furent alors tout de suite immensément populaires.

La Fontaine écrivit en de nombreuses formes littéraires, y compris des pièces de théâtre, mais il est surtout connu pour ses « Fables » et ses « Contes ». En 1668, lorsqu’il publia le premier volume de ses « Fables choisies », il avait déjà une réputation certaine grâce à ses « Contes ». Les « Fables » profitèrent de cette popularité pour surpasser le succès des « Contes », avec en outre l’avantage d’avoir un contenu plus grand public et donc accessible au plus grand nombre. La Fontaine continuera à écrire ses « Contes » et ses « Fables » de longues années, les premiers jusqu’en 1685 et les seconds jusqu’en 1694.

Les six premiers volumes des « Fables » contiennent plus de 120 fables qui se basent essentiellement sur des fables classiques, dont ceux d’Esope et de Phèdre. Les volumes 7 à 11 furent publiés en 1678 et 1679. Ils contiennent 85 fables provenant d’une large variété de sources et qui dénotent une participation plus personnelle de l’auteur en tant que moraliste, philosophe et observateur amusé de la société.

Si La Fontaine choisit de ne pas créer de nouvelles fables mais de s’inspirer de fables connues et familières, il en fut de même pour ses « Contes » : outre le « Décameron » de Boccace, il s’inspira aussi du poème épique chevaleresque « Orlando Furioso » d’Arioste,  del’ « Héptaméron » de Marguerite de Navarre, de « Pantagruel » de Rabelais ou des « Cent nouvelles nouvelles ». Si les fables avaient pour objectif de fournir une morale à travers une manière amusante, La Fontaine écrivit les contes pour le côté particulièrement osé des récits et le scandale qu’ils susciteraient auprès des bien-pensants de la société, ce qui garantit leur succès à une époque où les moeurs étaient relativement libres pourvu qu’on restât discrets.

Naturelle, imaginative et dotée d’une forte originalité, et ce malgré le fait qu’elle soit en grande partie inspirée d’oeuvres antérieures,  l’oeuvre de Jean de La Fontaine est également remarquable par sa concision, sa justesse et sa simplicité. Le trait artificiel dont furent trop friands ses contemporains y est absent. Aucun mot n’est utilisé par hasard, et quelques traits de plume suffisent à créer une image représentative. Ses fables, courts par la forme, contiennent tous les éléments complets de comédies, y compris l’arrière-plan scénique, les personnages, l’observation psychologique et l’action dramatique.

A la mort de la duchesse en 1672, La Fontaine entra sous la protection de Madame de la Sablière pour les vingt prochaines années.  En 1683, il fut élu à l’Académie française, même s’il dut attendre un an pour y entrer, le roi s’étant opposé à cette entrée jusqu’à ce que Boileau y entrât également. A la mort de sa seconde protectrice, et alors que sa santé se dégradait de plus en plus, La Fontaine rejoignit la maison d’Anne d’Hervart. La même année, malade et croyant que sa dernière heure était venue, il fit venir quelques académiciens et son confesseur, nia formellement et publiquement ses « Contes », affirmant qu’il avait honte d’avoir écrit des oeuvres licencieuses qui défièrent les canons du comportement chrétien vertueux. Il recouvra de sa maladie mais mourut deux ans plus tard, à l’âge de 73 ans.

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