Biographie de Denis Diderot

Denis Diderot
(1713-1784)

Philosophe, encyclopédiste, écrivain français.

Diderot est né le 15 octobre 1713 à Langres. Elève brillant, il fut envoyé au collège jésuite de Louis-le-Grand, et probablement au collège janséniste d’Harcourt, afin de suivre une carrière d’ecclésiastique.Il obtient en 1732 une maîtrise en philosophie.

Il abandonne toutefois la vocation sacerdotale pour le droit, sans doute en partie à cause du décès d’une de ses soeurs, une nonne qui était dans un couvent. En 1734, il décide de se consacrer à l’écriture. Il passera les dix prochaines années à traduire des textes anglais et à servir de précepteur aux enfants de riches familles. Dans le même temps, il traverse une crise de foi et s’éloigne du catholicisme pour aller vers l’athéisme et le matérialisme philosophique. Il fréquente également les cafés parisiens, essentiellement la Régence et le Procope où il fit la connaissance de Jean-Jacques Rousseau.

En 1743, il déclenche la colère paternelle en épousant Anne Toinette Champion. En 1746, il publie « Les pensées philosophiques », ouvrage qui sera condamné par le Parlement de Paris au motif de mettre toutes les religions sur le même plan et de toutes les rejeter. Il publie un autre ouvrage clandestin, « Lettre sur les aveugles » (1749), s’inspirant des idées de John Locke suivant laquelle notre connaissance serait différente si nous étions privés de certains de nos cinq sens. Pour l’avoir écrit, il sera arrêté emprisonné pendant trois mois à Vincennes. Même s’il était relativement bien traité pendant cet emprisonnement, grâce à l’intérêt de Voltaire et les visites de Rousseau, cet épisode le poussa à considérer désormais avec circonspection toute publication de ses oeuvres. En conséquence, un grand nombre de ses ouvrages ne sera pas publié de son vivant.

Peu de temps avant, en 1745, l’éditeur André le Breton l’approchea pour traduire la « Cyclopaedia » d’Ephraim Chambers. Diderot et d’Alembert prennent la tête du projet, dont ils modifient profondément la nature pour en faire la somme et la transmission de toutes les connaissances. Pour atteindre ce but, il convenait d’examiner, de débattre et d’enquêter sur toutes les choses, sans exception et sans préjugés ou idées préconçues. Les auteurs qui contribueraient à l’ouvrage devront ainsi écrire comme s’ils n’étaient d’aucun pays, d’aucune secte, d’aucun rang. C’est le point de départ du  « Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers », plus connu sous le titre « Encyclopédie ». Diderot (et d’Alembert jusqu’en 1758) recourront ainsi aux contributions des savants et philosophes de ce temps, tels Rousseau, Jaucourt, Voltaire, Condillac ou Montesquieu, qui seront au coeur des Lumières.

Après la publication du premier volume, les censeurs jésuites accusèrent l’un des contributeurs, l’abbé de Prades, d’hérésie, amenant à la publication d’un décret royal interdisant toute future publication et la confiscation (ou au moins des tentatives de confiscation) des manuscrits. La publication put reprendre grâce à l’aide de Malherbe, mais les vingt ans que Diderot consacrera à l’ « Encyclopédie » seront tumultueuses, notamment parce qu’au nom de l’humanisme, les textes de l’« Encyclopédie » mettaient en cause l’Eglise et les mentalités traditionnelles. Interdictions, censures tant externes qu’internes suivront lors des publications des volumes suivants, ce qui n’empêcha pas Diderot de chercher à mener l’entreprise jusqu’au bout, et chaque volume de devenir un vrai succès populaire, acheté clandestinement et circulant sous le manteau à Paris où la vente en était interdite.

En même temps, Diderot continue à publier une oeuvre considérable, avec entres autres « Pensées sur l’interprétation de la nature » (1753), publié clandestinement, traité court  sur les nouvelles méthodes d’expérimentation en science, « Le neveu de Rameau » (1805, posthume), « Jacques le fataliste et son maître » (1796, posthume) et en 1772 ce qui deviendra « Supplément au voyage de Bougainville ». Après un voyage en Russie pour rencontrer Catherine II, il meurt en son domicile parisien  en juillet 1784.