Biographie de Girard de Saint-Amant

Saint-Amant (Marc-Antoine Girard, sieur de)
(1594-1661)

Poète français.

Fils de marchands rouennais, Marc-Antoine Girard naquit à Rouen pas loin de l’abbaye de Saint-Amant, à qui il empruntera plus tard son nom. De son enfance et de sa famille, il ne nous est parvenu que des éléments disparates le plus souvent issus de ses propres écrits. On sait toutefois que son père fut un officier de la marine, que ses deux frères périrent en combattant les turcs, qui tinrent son père prisonnier à Constantinople et tuèrent également deux de ses cousins et d’autres membres de sa famille. Nul doute que Saint-Amant eut alors des raisons particulières pour les haïr.

L’éducation qu’il reçut ne fut pas très raffinée. Pas de grec ni de latin et un défaut de culture qu’il compensa par la fréquentation des gens de la bonne société et par les voyages. A défaut d’humanités, il parla l’espagnol, l’italien et l’anglais, fut un excellent musicien et un poète prometteur. Il aurait failli se noyer trois fois dans la Seine dans sa jeunesse, ce qui fit qu’il eut une sainte horreur de l’eau, lui préférant les joies du vin et de la bonne chère en compagnie de la noblesse de l’époque dans les cabarets parisiens. Il rejoignit très vit la maison du duc de Retz et partit avec ce dernier dans son domaine de Belle-Isle, où il vécut de nombreuses années.
Dans cette période remplie de cabales et de coteries, Saint-Amant parvint à s’attacher à toutes les chapelles littéraires, tous les courants politiques et tous les groupes religieux. Il put voyager énormément, le plus souvent dans la suite de ses protecteurs, en Afrique de l’Est et aux Caraïbes avant 1620, deux fois en Angleterre en 1631 et 1643 – donnant naissance à son long poème « Albion » et plusieurs autres œuvres courtes critiquant cette nation qui attaquait éhontément son propre roi ; en Italie en 1633, donnant naissance à « Rome ridicule », un dénigrement burlesque des monuments et légendes de la ville éternelle ; en expédition navale sur la Méditerranée (1636 – 1637), qu’il raconta dans « Le passage de Gibraltar », et en Pologne et en Suède de 1649 à 1651. Son intérêt pour la science et la philosophie lui fit visiter les tombes de Galilée en Italie et de Copernic sur la route de Varsovie.

Le ton des poèmes de Saint-Amant est particulièrement irrévérencieux. Il s’y dépeint lui-même comme membre d’un groupe de poètes bons vivants, fumeurs invétérés, amateurs de vins ou de cidres, de jambon ou de fromages et amoureux de l’oisiveté, comme le montre son célèbre sonnet « Le paresseux » qui est un magnifique hymne à l’indolence.

Saint-Amant mania un registre exceptionnel de formes et de genres poétiques, des épigrammes aux sonnets en passant par les rondeaux, les triolets, les élégies, les épîtres, les satires, les odes et le poème épique biblique (« Moïse sauvé », 1653). Ses thèmes et ses sujets partageaient une diversité baroque, des ruines hantées (« La solitude ») aux paysages marins, des plaisirs de la pipe, de la table et du lit aux événements politiques et sociaux de l’époque, en passant par des méditations religieuses. Il utilisa un vocabulaire riche en termes scientifiques, navals et de néologismes humoristiques, le tout en étant original, plein d’imagination et d’inspiration. Son premier recueil, « Les œuvres », fut publié en 1629. Suivront en 1631 « La suite des œuvres », puis « Seconde partie des œuvres » (1643), « Troisième partie » (1649) et « Dernier recueil » (1658). Il décéda à Paris, dans un hôtel modeste de la rue de Seine, en 1661.

Commentaires composés sur les oeuvres de Girard de Saint-Amant