Biographie de Choderlos de Laclos

Biographie de Pierre Choderlos de Laclos
(1741-1803)

Écrivain et militaire français.

En 1782, un roman anonyme, « Les liaisons dangereuses » apparut dans les librairies de Paris. Dès le début, il suscita le scandale, et le texte de Rousseau dont il se prévalut en épigraphe, « J’ai vu les mœurs de mon temps, et j’ai publié ces lettres » (« Julie ou la nouvelle Héloïse », 1761) fit propager la légende de la véracité de son contenu.

L’auteur de ce roman est né à Amiens en 1741 au sein d’une famille de la petite noblesse locale. Choderlos de Laclos entre à dix huit ans comme élève à l’école royale d’artillerie et à sa sortie, deux ans après, il est stationné au port de La Rochelle comme sous-lieutenant. En 1763, à la fin de la guerre des Sept Ans, il est muté dans l’est. En 1767, il publie son premier poème. Il sera par la suite envoyé de garnison en  garnison, à Grenoble en 1769 et à Besançon en 1775, au gré des mutations et des promotions, publiant quelques poèmes dans l’Almanach des muses. En décembre 1777, l’opéra comique « Ernestine » dont il a écrit le livret est présenté pour la seule et unique fois à Paris, se faisant au passage huer du début jusqu’à la fin par l’assistance.

En 1779, il est envoyé à l’île d’Aix pour superviser la construction du port. C’est là qu’il commence la rédaction des « Liaisons dangereuses ». En 1781, il obtient un congé pour superviser l’impression de son livre, qui sortira l’année suivante, à Paris. Par la suite, il ne se fera pas spécialement remarquer pour son oeuvre littéraire ou pour sa vie personnelle. Il écrira un traité sur l’éducation des femmes, « Des femmes et de leur éducation » (1783), et un critique virulente de Vauban, « Lettre à MM. de l’Académie Française sur l’éloge de M. le Maréchal de Vauban » (1786). Il quitte l’armée, entre au service du duc d’Orléans, écrit des textes révolutionnaires qui lui vaudront d’être arrêté deux fois et libéré deux fois pendant la Terreur. Il reviendra dans l’armée, nommé en tant qu’artilleur général en 1800, servira sous Marmont dans l’armée du Rhin et mourra en 1803 en Italie.

« Les liaisons dangereuses » s’inscrit dans la tradition de la littérature libertine dont il est l’expression la plus parfaite. Comme de Rougemont l’a remarqué, une aristocratie qui ne peut pas afficher sa puissance par des affrontements militaires se tourne vers des jeux érotiques. La séduction devient alors une figure littéraire d’importance, défiant l’Eglise, l’Etat et les règles sociales. Le roman s’inscrit également dans la lignée des romans épistolaires, longue tradition qui compte dans ses membres « Julie ou la nouvelle Héloïse » de Rousseau ou « Lettres portugaises » (1669) de Guilleragues. Il consiste en des échanges de lettres entre différents personnages au cœur de nœuds enchevêtrés de liaisons, d’infidélités et de lutte de pouvoir dans la noblesse française. Le centre du roman est une bataille entre deux égos féroces, Valmont et la marquise de Merteuil. Les spécialistes s’entendent sur le lien entre le roman et les opinions de Choderlos de Laclos au sujet des conditions politiques et sociales de son époque et de la question de l’éducation des femmes. Entre l’innocente et naïve Cécile et l’intelligente et cruelle marquise de Merteuil, on y retrouve des thèmes déjà présents dans « Des femmes et de leur éducation ».

On a différemment interprété « Les liaisons dangereuses » selon les époques. Tandis que les uns y ont vu l’objection de Laclos à l’immoralité de son époque, d’autres y ont perçu un cynisme pur tandis que d’autres encore y ont trouvé une seule volonté de distraire le lectorat, sans message particulier. Certains spécialistes y voient un féminisme avant l’heure avec la prise de pouvoir des femmes qui deviennent les égales des hommes tandis que d’autres en critiquent la misogynie avec des personnages masculins plus forts que les personnages féminins. Tous s’accordent toutefois sur la qualité littéraire du texte, faisant de Laclos l’un des auteurs les plus talentueux et les plus subtils de son époque, portant l’art du roman épistolaire à un niveau qui n’a jamais été atteint avant et qui ne sera plus égalé depuis.

Résumé des oeuvres de Choderlos de Laclos