Biographie de Jean Tardieu

Biographie de Jean Tardieu
(1903-1995)

Poète et dramaturge français.

Fils unique d’un peintre post-impressioniste et d’une mère harpiste, Tardieu commence l’écriture à l’âge de huit ans. Élève médiocre du lycée Condorcet, il obtint un diplôme en littérature à Paris.

A Paris, Jean Tardieu entre dans la sphère de la Nouvelle Revue Française, et rencontre entre autres Francis Ponge et André Gide. Dans les années 1930, il ira travailler chez la maison d’édition Hachette, tout en publiant plusieurs recueils de poésie, dont « Le fleuve caché » (1933), « Accents » (1939). Pendant cette période, il exerce son talent en écriture poétique, développant un style austère influencé par Mallarmé.

Après la seconde guerre mondiale, après avoir fait partie des auteurs résistants pendant l’Occupation, il se tourne vers le théâtre, au même moment où Beckett, Ionesco et Genet commencent également à écrire pour le théâtre. Il devient en parallèle directeur des programmes à France Musique, dont le succès lui sera attribué en grande partie.

Même s’il sera surtout connu pour ses pièces, la poésie était sa vocation première. Avec ses amis Georges Perec et Raymond Queneau, il expérimente hors des sentiers battus et de toute logique linguistique. Il ne fit toutefois jamais partie d’un « mouvement » en particulier, se méfiant des mouvements littéraires.

Les premières pièces théâtrales de Tardieu sont souvent liées au « Théâtre de l’absurde », par exemple avec « Qui est là ? » (1949) et «Le meuble », avec des récits étranges et cauchemardesques qui s’achèvent généralement par la mort. Certaines des expériences les plus remarquables de Tardieu explorent la possibilité d’un théâtre entièrement abstrait. Dans « Eux seuls le savent », il met en scène un conflit dramatique dont les détails demeurent un mystère total. Les personnages se querellent sans que l’on sache leurs relations. Le titre indique bien de quoi il s’agit : un théâtre sans intrigue, ou plutôt dont l’intrigue n’est connue que des seuls protagonistes, et pas du public.

Ses expérimentations allèrent plus loin, dévaluant complètement le langage pour présenter des scènes composées sans réels dialogues, ne donnant lieu qu’à des listes de noms, de nourritures ou de murmures indistincts qui s’élèvent et s’abaissent. Pour Tardieu en effet, le silence est l’expression suprême du langage. La sonorité du mot est alors plus importante que son sens, les mots et les gestes doivent être limités au maximum, et l’action dramatique doit se baser sur le rythme et la musique.  Les mots n’entrent plus alors dans l’expression mais servent musicalement, par leur harmonie ou leur rythme. Il poussa plus loin cette idée dans « La sonate et les trois messieurs » (1955), où chaque personnage interprète un instrument de musique, s’exprimant en paroles en fonction des séquences musicales nécessaires : largo, andante et finale. Dans « Une voix sans personne » (1960), l’acteur est tout simplement supprimé de la pièce, il ne reste que l’éclairage qui joue sur différents objets.

Même si l’oeuvre de Tardieu lui valut une reconnaissance (Grand Prix de L’académie française en 1972, Grand prix national de littérature en 1993), il n’égalera pas la popularité des tenants de l’école de l’Absurde. Cela est sans doute le résultat de sa quête constante de l’expérimentation, l’amenant à ne jamais se fixer sur un style en particulier.

Commentaires composés sur les oeuvres de Jean Tardieu