Biographie de William Shakespeare

Shakespeare (William)
(1564-1616)

Poète, dramaturge et acteur anglais.

Natif de Stratford-upon-Avon dont son père fut le maire, Shakespeare suivit probablement des études dans le collège de cette ville, où il apprit la grammaire latine et la littérature, même si les détails de son enfance ne sont pas connus avec certitude. En 1582, il épousa Anne Hathaway, de huit ans son aînée et enceinte au moment du mariage. Trois enfants naîtront de cette union. Entre la naissance de ses derniers enfants (des jumeaux) et son arrivée sur les scènes de théâtre londoniennes, on ne sait pratiquement rien de ses occupations.

Sa première pièce représentée à Londres fut « La comédie des erreurs » (1590). Sa deuxième comédie, « Les deux gentilshommes de Vérone » (1591) est moins aboutie que la première, mais porte en germe ses futures comédies, puisqu’on retrouve dans son intrigue des éléments tels que la jeune fille qui éduque son amoureux inconstant, une fille habillée en garçon, la musique et la conclusion par un heureux mariage. Si la première comédie se remarque par son intrigue et la seconde par ses éléments romantiques, la troisième, « Peines d’amour perdues » (1593), se caractérise par son verbe éblouissant et sa galerie de personnages comiques. Shakespeare y parvient à mélanger les personnages traditionnels des comédies et des traits humains réels.

Dans le même temps, il s’attaqua aux thèmes historiques, et notamment la période entre la mort d’Henri V en 1422 et l’accession de Henri VII au trône (marquant le règne des Tudor), avec « Henri VI » (en trois parties, 1592) et « Richard III » (1594), qui forment une trame épique complète en quatre parties. Aucune tentative aussi ambitieuse ne fut entreprise avant cela dans le théâtre anglais. En 1593, il produit également sa première tragédie, la violente « Titus Andronicus ».

Entre 1593 et 1594, les salles de théâtre durent être closes en raison de la peste. Shakespeare se tourna alors vers d’autres formes d’expression artistique. Il écrivit les deux magnifiques poèmes que sont le comique « Venus et Adonis » et le tragique « Le viol de Lucrèce ». Ces deux poèmes, écrits pour son protecteur le comte de Southampton, portent les techniques élaborées des vers narratifs élisabéthains dans leur expression la plus aboutie, recourant aux motifs des traditions mythologiques et symboliques de la Renaissance.

C’est également pendant cette période qu’il composa ses sonnets, bien que ceux-ci ne fussent publiés qu’en 1609. Probablement ses œuvres poétiques les plus importantes, ils se caractérisent par les thèmes récurrents de la beauté et de la jeunesse démolies par le temps, par la capacité de l’amour et de l’art à transcender le temps et la mort.

En 1594, Shakespeare devint acteur et dramaturge au sein de la compagnie Lord Chamberlain’s Men. Il y demeura pendant le reste de sa carrière londonienne. Il écrivit un grand nombre de pièces pour la compagnie, dont la comédie « La mégère apprivoisée » (1594), « Le songe d’une nuit d’été » (1595) dans lequel des artisans sans imagination s’empêtrent dans des féeries et des potions magiques dans un bois au clair de lune où de jeunes amoureux viennent fuir la tyrannie de la société des adultes, « Les marchands de Venise » (1596), le mélodrame « Beaucoup de bruit pour rien » (1598) ; « Les joyeuses commères de Windsor » (1599), écrite en réponse à la demande de la Reine que Shakespeare écrivît une autre pièce sur Falstaff (déjà présent dans « Henri IV »), mais cette fois sur un thème amoureux. Suivront encore « Comme il vous plaira » (1600), un retour aux thèmes champêtres et aux conventions des «Deux Gentilshommes de Vérone » et de « Songe d’une nuit d’été » et enfin « La nuit des rois » (1601), une romance sur des jumeaux séparés et sur les jeunes amours.
Il n’écrivit que peu de tragédies pendant cette période, mais elles font partie de ses pièces les plus connues : « Roméo et Juliette » (1596) ; « Jules César » (1599) et « Hamlet » (1601). Même si elles diffèrent entre elles, ces pièces partagent des traits essentiels : des tragédies personnelles au sein d’un monde peuplé de personnage nombreux et variés, un refus – typique du théâtre anglais de cette époque – de séparer les situations comiques et tragiques, une présence importante de la politique, et la destruction du héros par ce qu’il a de meilleur en lui. En même temps, Shakespeare continua dans la veine des pièces historiques, avec « Le roi Jean » (1596), une seconde tétralogie avec « Richard II » (1595), « Henri IV » (deux parties, 1597) et « Henri V » (1599) qui transforma l’histoire en art, mélangea comédie et tragédie et donna naissance à des personnages inoubliables.

En 1603, le roi Jacques 1er accède au trône. Grand amateur de théâtre, il prend sous son aile la troupe, qui devint les King’s Men. Shakespeare écrivit alors comparativement moins de pièce, mais ces pièces sont quelques-unes de ses plus belles tragédies. Les héros y sont dominés par leurs passions, rendant leur position morale ambiguë et leur liberté réduite ; et ils y font face à une société – ou un monde – qui ne laisse aucun espoir. Comme toujours, ce qui détruit le héros est ce qu’il a de meilleur en lui, mais à la différence des pièces d’avant, les tragédies de ces pièces continuent à interpeller le spectateur d’aujourd’hui. Parmi ceux-ci, on retrouve « Othello » (1604), « Le roi Lear » (1605), « Macbeth » (1606) ou « Antoine et Cléopâtre » (1607).

Shakespeare écrivit encore un dernier groupe de pièces qui allaient dans une toute autre direction, les romances, dont « Péricles » (1607) ou « La tempête » (1611), qui relèvent des tragicomédies populaires de l’époque, mais rendus avec une touche personnelle qui les transforme en forme théâtrale unique. Après « La tempête », regard rétrospectif sur les pièces des deux dernière décennies, Shakespeare se retire à Stratford, ne retournant à Londres que pour « Henri VIII » et « Les Deux Nobles Cousins » en 1613. Il décéda en 1616 à l’âge de 52 ans.

Depuis sa mort, Shakespeare est l’un des auteurs les plus joués dans le monde, aussi bien dans sa langue maternelle que dans les autres langues, a donné lieu à d’intenses débats aussi bien sur les raisons de l’attrait éternel de ses pièces que sur sa philosophie, ses idées religieuses ou idéologiques ou sur sa paternité exclusive ou partagée de ses pièces.