Biographie de Phèdre

Phèdre
(vers -15 – vers 50)

Fabuliste romain.

Les détails de la vie de Phèdre ne sont pas très bien connus, et les renseignements qu’on en connaît sont tirés directement de ses propres textes, ce qui fait peser un doute sur leur véracité. On peut toutefois dire qu’il est macédonien de naissance, qu’il est né dans la région de Piérie et est amené dès le plus jeune âge en Italie, probablement comme esclave dans la maison de César Auguste, où il apprend la littérature grecque et latine. Il sera plus tard affranchi par son maître et se mettra à écrire des fables dans la tradition d’Ésope. Il en écrira cinq volumes comprenant un total de fables estimées à environ 160.

Ces recueils ne disposent pas de structure ou d’organisation particulière, et se présentent comme de simples collections de fables. Leur contenu nous permet d’en savoir plus sur l’époque de leur publication. Il écrit ainsi dans le prologue du troisième livre que Sejan, préfet du prétoire et l’un des plus puissants proches de Tibère, ne supporta pas quelques allusions inscrites dans ses fables, et le fit juger et emprisonner.

Comme il était de tradition chez les auteurs grecs, Phèdre écrit dans le prologue de son premier volume qu’il n’a fait que reformuler les récits d’Ésope, qui est l’auteur et l’inventeur de la matière des fables. L’originalité est en effet absente de certaines de ses fables. La plupart du temps, Phèdre prend simplement les fables ésopiques qui circulent à l’époque, les versifie en trimètre iambique et y rajoute des anecdotes historiques, mythologiques et de la vie quotidienne. Phèdre a néanmoins probablement composé une partie de ses fables, puisqu’il dit (quatrième livre) qu’il appelle certaines fables ésopiques et non d’Ésope parce qu’il écrit sur un genre ancien mais sur des sujets nouveaux. Il rajoute que s’il a mis en avant le nom d’Ésope, à qui il avait rendu son dû, c’est également parce qu’il voulait se donner une autorité. L’expression fable ésopique se rapporte donc plus à un genre qu’à des fables réellement composées par Ésope. Il est à noter qu’outre les fables, Phèdre a également écrit quelques apologues, comme « La matrone d’Éphèse ».

Dans sa structure la plus courante, la fable de Phèdre commence par une présentation de la situation initiale, puis un conflit et la résolution du conflit. Le plus faible des deux personnages sort le plus souvent vainqueur de ce conflit, mais il peut arriver que ce soit le plus fort qui gagne (« Le loup et l’agneau », Livre 1). Vient enfin un epimythium présentant la morale de l’histoire. L’epimythium peut être clairement séparé du récit, ou être énoncé par l’un des personnages même. Les phrases de Phèdre sont directes et simples, son latin est correct, clair et d’un registre plutôt commun même s’il verse parfois dans l’éloquence.

Phèdre a contribué au genre fabuliste à plusieurs niveaux : il a développé le noyau narratif, il est le premier à avoir vraiment pris conscience de sa nature artistique et il y introduisit des motifs originaux. Il est également le premier à qualifier le genre d’un nom formel:  fabula. Il n’a toutefois pas connu un grand succès de son vivant. Aucun écrit de l’époque ne le mentionne, Sénèque l’oublie lorsqu’il fait la liste des grands auteurs romains. Il n’est cité que par Avianus, un auteur de l’antiquité tardive qui l’imita. Il aura toutefois une influence importante au Moyen Age, pendant lequel des versions en prose de ses fables circulèrent alors même qu’on avait oublié son nom. Un recueil qu’on appelle Romulus devint la source et l’inspiration de toutes les fables en latin de la seconde moitié du Moyen-Âge, et une réécriture élégiaque des trois premiers livres du Romulus demeura populaire jusqu’à la Renaissance. Les vers de Marie de France seront largement influencés par Phèdre, et La Fontaine s’y appuiera entre autres pour bâtir son oeuvre.

Commentaires composés sur les oeuvres de Phèdre