Biographie de Arthur Rimbaud

Rimbaud (Arthur)
(1854-1891)

Poète français.

Natif de Charleville, Arthur Rimbaud fut le fils d’un capitaine de l’armée et d’une fermière. Le père ne passa que très peu de temps avec sa famille et finira par l’abandonner aux soins de la seule mère, une femme déterminée et ambitieuse pour ses enfants. Le jeune Rimbaud, très pieux et obéissant, était alors déjà considéré comme un enfant prodige et un élève modèle qui suscitait l’admiration de ses enseignants au collège de Charleville par sa maîtrise de toutes les matières, et notamment de la littérature. Lecteur insatiable, Rimbaud se familiarisa avec les grands auteurs français du passé et de son temps. Particulièrement doué en vers latin, il gagna ainsi le premier prix de poésie latine du concours académique de 1869 et publia pour la première fois un poème, « Les étrennes des orphelins », en 1870 dans La revue pour tous. Cette même année, il envoie « Sensation », « Ophélie » et « Credo in unam (Soleil et chair) » à Théodore de Banville pour le Parnasse contemporain, sans succès.

A seize ans, Rimbaud exprime sa révolte contre le milieu dans lequel il vit et sa soif d’aventure et de liberté, dans une région frappée lourdement par la guerre franco-prussienne qui éclata cette année. Il s’enfuit à Paris, mais incapable de payer le billet de train, il fut emprisonné. Izambard, un jeune professeur de littérature que Rimbaud voyait presque comme un père parvint à le faire libérer. Il revint à Charleville, mais pas pour longtemps. Deux  mois après, il partit en Belgique, y rencontra un jeune poète, Demeny, à qui il offrit des copies de tous les poèmes (au nombre de vingt-deux) qu’il avait écrits. Sa mère fit appel à la police pour le ramener et le punit en le privant de son argent de poche. Une nouvelle fugue d’un mois à Paris eut lieu en 1871, pendant laquelle il faillit mourir de faim. En mai 1871, il écrivit ses « Lettres du voyant » à Izambard et Demeny. Ce furent en quelque sorte son art poétique, l’expression de sa vision poétique, un rejet des formes du passé – à l’exception de quelques poètes dont Baudelaire – et la proposition d’une nouvelle expression artistique visionnaire, au prix de terribles souffrances et d’un dérèglement méthodique des sens.

Sûr de lui et de son talent, il écrivit alors à Verlaine, qu’il admirait, et lui envoya quelques poèmes. Impressionné, Verlaine l’invita à venir le rejoindre à Paris. Rimbaud venait de composer « Le bateau ivre » lorsqu’il débarqua joyeusement à Paris. Ainsi commença, « ivres de réciprocité » comme le dit Mallarmé, une liaison orageuse qui scandalisa la bonne société de l’époque. Au printemps 1872, Rimbaud quitta Paris afin de permettre à Verlaine de se réconcilier avec sa femme. De retour à Charleville, il écrivit alors ses derniers poèmes, quelquefois qualifiés d’Illuminations en vers. Puis il revint à Paris retrouver Verlaine, avec qui il s’en alla en Belgique puis en Angleterre, y apprenant l’anglais, vivant quelque fois dans la misère, se querellant et se réconciliant, buvant. La plupart des proses des « Illuminations » furent écrites à cette période.

En 1873, après être retourné à Charleville, il revint retrouver Verlaine malade à Londres, cette fois avec sa mère. Puis il revint à Roche, le village natal de sa mère, pour travailler sur « Une saison en enfer ». En mai, il partit de nouveau à Londres avec Verlaine, s’y querella avec celui-ci. La querelle se poursuivit en Belgique où Verlaine s’était enfui. Verlaine parla de suicide, Rimbaud de le quitter. Verlaine lui tira alors dessus au poignet et fut condamné pour cela à deux ans de prison. Après un séjour à l’hôpital de Bruxelles et avoir failli se convertir, Rimbaud revint l’esprit agité à Roche et y acheva sa confession poétique, « Une saison en enfer ».

En 1874, Rimbaud revint en Angleterre, cette fois avec un nouvel ami, le poète Germain Nouveau et selon certains spécialistes écrivit encore pour les « Illuminations ». Sa vie de poète s’arrêta alors à cette époque. La suite fut l’histoire d’un aventurier qui réclama de l’argent à sa mère, n’eut d’intérêt littéraire que pour les manuels techniques, apprit plusieurs langues pour des raisons purement économiques, voyagea à travers l’Europe et l’Extrême-Orient, fit de l’exploration et du commerce en Ethiopie, se fit amputer la jambe à Marseille, et décéda dans d’atroces souffrances en 1891. Pendant cette période, il devint connu en France grâce à Verlaine qui écrivit à son propos dans « Les poètes maudits » (1884) et publia certains de ses poèmes. Avec la popularité de ces poèmes, et incapable de joindre Rimbaud, Verlaine publia ses poèmes en prose sous le titre « Illuminations » (1886) dans la revue symbolique La Vogue. Les poèmes de Rimbaud devinrent ainsi très populaires parmi les poètes d’avant-garde.

Très peu de poètes ont acquis une renommée aussi importante que celle de Rimbaud pour une oeuvre aussi peu nombreuse et une vie littéraire aussi brève. Dès la sortie des « Illuminations » en 1886, l’inventivité pure de son écriture, sa poésie inspirée par le subconscient et fortement suggestive, sa personnalité instable, sa vie mouvementée et l’arrogance de sa jeunesse, de même que sa relative indifférence à sa propre oeuvre, firent et font toujours l’objet de débats passionnés, de théories et d’interprétations multiples.