Biographie de Jean-Marie Gustave Le Clézio

Le Clézio (Jean-Marie Gustave)
(1940-…)

Ecrivain franco-mauricien, prix Nobel de littérature 2008.

Le Clézio est né en 1940 à Nice, ville natale de sa mère, avec un père médecin britannique qui était en service dans l’armée au Nigeria. Multiculturelle, la famille a des ancêtres bretons qui émigrèrent à l’île Maurice en 1798, ce qui expliquera l’attachement profond de l’écrivain à cette île de l’Océan Indien.

Après une enfance à Roquebillière près de Nice où le jeune Le Clézio composa des poèmes et dévora des bandes dessinées, il partira au Nigeria avec sa mère pour rejoindre son père. Cette année en Afrique fera l’objet du roman « Onitsha » (1991), dans lequel un jeune garçon part pour l’Afrique avec sa mère, rejoignant un père qui y chasse ses propres rêves. Après un passage par l’université de Bristol, il étudie à l’Institut d’Etudes Littéraires de Nice. En 1964, il passe sa maîtrise à Aix-en-Provence et achèvera un doctorat sur l’histoire mexicaine à Perpignan en 1983.

Son entrée dans la littérature se fait par la grande porte avec son premier roman, « Procès verbal » (1963). Influencé par le nouveau roman, Sartre et Camus, ce texte repose sur le traumatisme collectif issu de la guerre d’Algérie et l’esprit rebelle des années 60, à travers l’histoire d’un personnage marginal, incarnation de l’aliénation de toute une génération. Publié par la maison Gallimard, « Procès verbal » reçoit le prix Renaudot et est acclamé par l’ensemble des critiques littéraires.

En 1967, il part effectuer son service militaire en Thaïlande d’où il sera expulsé pour avoir protesté contre la prostitution des enfants. Il finira son service militaire au Mexique.  Dans le même temps, il publie deux recueils de nouvelles, « La fièvre » (1965) et « Le déluge » (1966), qui insistent sur la peur qui règne dans les grandes cités occidentales. Les années suivantes, il part vivre chez les indiens Embera-Wounaan au Panama, enseigne à l’université de Mexico, à l’université de Boston et à l’université du Texas et visite l’île Maurice. Depuis les années 80, tout en continuant ses voyages à travers le monde, il partage son temps entre la France, les Etats-Unis et l’île Maurice.

De 1963 à 1975, Le Clézio eut l’image d’un auteur rebelle et innovant, explorant les thèmes de la langue, de l’écriture et se lançant dans des expérimentations dans la veine de Perec et Butor. Il s’engagea sur des thèmes écologiques (« Terra amata », 1967 ; « Le livre des fuites », 1969), publia des oeuvres méditatives comme « L’extase matérielle » (1967), « Mydriase » (1973) ou « Haï » (1971). Ses séjours en Amérique Centrale l’influencèrent aussi bien spirituellement que dans son mode de vie, et feront l’objet de « Voyage de l’autre côté » (1975).

Il change radicalement de style par la suite, s’orientant vers des thèmes plus populaires comme l’enfance ou les voyages, rendant son oeuvre accessible au grand public. Il recevra ainsi le Grand Prix de Littérature Paul Morand décerné par l’Académie française pour « Désert » (1980), récit contrastant la splendeur d’une culture perdue du désert nord-africain avec la question des immigrés en Europe. Ses thèmes favoris convergeront dans « Chercheur d’or » (1985), récit d’aventure et de chasse au trésor aux îles Rodrigues de la fin du XIXe siècle au début du XXe, chasse au trésor qui se transformera en quête spirituelle. Cette quête d’un paradis terrestre sera récurrente dans son oeuvre, avec le roman « Ourania » (2005) ou encore dans « Raga: approche du continent invisible » (2006), essai traitant des modes de vie en voie de disparition de l’Océan Indien face à l’avancée de la civilisation.

L’histoire familiale est une autre thématique de l’ oeuvre de Le Clézio. Depuis « Onitsha » (1991), il explore sa propre histoire qu’il poursuit dans « La quarantaine » (1995) ou encore « Révolutions » (2003) et « L’africain » (2004), qui est l’histoire de son père. On y retrouve les questions de l’exil, des mémoires de jeunesse et des conflits culturels.

Récemment, Le Clézio a publié « Ballaciner », une réflexion sur l’histoire du cinéma et son importance dans sa vie, et « Ritournelle de la faim » (2008). En 2008, il devient le premier auteur d’expression française à recevoir le Prix Nobel depuis Claude Simon en 1985.