Biographie de Joachim Du Bellay

Biographie de Joachim Du Bellay
(1522-1560)

Poète, membre de la Pléiade.

Du Bellay, né à Liré, près d’Angers, perdit très tôt ses parents qui appartenaient à la grande noblesse angevine. Placé sous la garde de son frère aîné, René, il reçut une éducation passablement sommaire, les deux garçons partageant surtout des rêves de grandeur militaire. Ce frère décéda dans la vingtième année de Joachim du Bellay, laissant à son tour à ce dernier la garde de son fils. Il décida alors d’entrer dans le métier des armes, comme tous ses ancêtres et la plupart des hommes de sa famille. Une maladie l’obligea toutefois à y renoncer, et c’est pendant cette maladie qu’il commence à lire des poètes grecs et latins. Ce contact avec les langues classiques survenant trop tard dans son éducation, ces lectures eurent l’effet de le pousser à utiliser et aimer davantage sa propre langue, le français.

Il partit ensuite pour Poitiers pour apprendre le droit, et y rencontra l’humaniste Marc Antoine Muret ou encore Jacques Peletier du Mans qui avait publié à l’époque une traduction des « Ars Poëtica » (Art de la Poésie) d’Horace, avec une préface qui préfigurait ce qui fera plus tard l’essentiel des principes de la Pléiade. Sa rencontre la plus importante est toutefois celle avec Pierre Ronsard, qui se passa probablement en 1547, un évènement qui peut être considéré comme étant le point de départ de la poésie de la Renaissance française.

Les deux hommes partageaient beaucoup de points communs, et se retrouvèrent à Paris où du Bellay intégra le cercle d’étudiants en humanités du collège de Coqueret, sous l’enseignement de Jean Daurat. Alors que Ronsard était influencé par les grecs, du Bellay était plus latiniste. En 1548, Thomas Sibilet publie « Art Poetique Françoys », qui, bien que professant l’essentiel des idées que Ronsard et ses disciples partageaient, créa une dissension violente entre ces derniers et son auteur, notamment parce que Sibilet tenait pour modèle Clément Marot. Ronsard et ses compagnons voyaient ainsi avec ressentiment leurs idées présentées de manière inexacte. Le fameux manifeste de la Pléiade, « La Deffence, et Illustration de la Langue Francoyse » (1549) était ainsi avant tout une réaction et une réfutation du traité de Sibilet, et doit être mis en perspective avec l’ « Abrégé d’art poétique » de Ronsard et son introduction à la Franciade.

Le manifeste, dont l’écriture avait été confiée à du Bellay,  énonce que la langue française est capable de produire une littérature de qualité et de niveau d’expression égaux au latin et au grec, et que les auteurs français ne devaient pas uniquement se référer aux auteurs classiques dans leur quête d’inspiration, mais se tourner également vers  l’Italie contemporaine. C’est ainsi que du Bellay publia son premier recueil, « L’Olive » (1549), sonnets d’amour inspirés du poète italien Pétrarque, et le premier du genre en langue française. Le manifeste est une défense passionnée de la poésie en français et des possibilités de la langue (on est alors dix ans après l’ordonnance de Villers-Cotterêts), mais également une ouverture des hostilités envers les auteurs qui ne partageaient pas la même inclination.

En 1552, face à la nécessité de se trouver une profession, Joachim du Bellay part à Rome au service de son oncle, le cardinal – diplomate Jean du Bellay. Ses cinq années à Rome, malgré les problèmes de santé et des désillusions sur la ville et sur le Vatican et la nostalgie du pays, furent prolifiques, et après des écrits sur des thèmes religieux, il y rédige ses textes parmi les plus importants et qui ne seront publiés qu’en 1558 à son retour en France:« Antiquités de Rome » (1558), méditations sur la gloire perdue de la Rome antique, et les « Regrets » (1558), satire mélancolique composée notamment de  sonnets sur les manières romaines et vaticanes de l’époque.

De retour à Paris, sa santé se détériore, sa surdité avancée l’empêche de continuer son office de représentant de son oncle le cardinal, il meurt en janvier 1560 et est enterré dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.