Biographie de Robert Desnos

Biographie de Robert Desnos
(1900-1940)

Poète français.

Issu d’une famille de petits bourgeois, Robert Desnos débuta dans la vie en effectuant de petits travaux, dont celui d’employé de boutique, puis devint chroniqueur littéraire dans Paris Soir et secrétaire de Jean de Bonnefon. Il publia ses premiers poèmes dans le magazine dadaïste Littérature en 1919 et son premier livre, « Rrose Sélavy », un recueil d’aphorismes surréalistes, en 1922. Il effectua ensuite son service militaire pendant deux ans au Maroc.

C’est lors d’une permission pendant son service que Desnos rencontra André Breton et Louis Aragon. Ces derniers réalisèrent alors que Desnos était en avance sur eux dans la transcription des rêves et possédait la capacité de tomber dans un sommeil hypnotique et de pratiquer l’écriture automatique avec beaucoup de facilités, et que ces produits de son subconscient avaient des qualités lyriques indéniables. Dès son adolescence, Desnos avait en effet pris l’habitude de noter ses rêves. Avec Paul Eluard, les trois poètes formèrent l’avant-garde de la littérature surréaliste. Breton encensa particulièrement Desnos en 1924, dans le « Manifeste du surréalisme ». Les poèmes de Desnos pendant ces années furent ludiques, recourant à forces jeux de mots et homonymes, sensuels et sérieux. Dans ces années 1920, il publia plus de huit recueils de poésie, dont « Langage cuit » (1923), « Deuil pour deuil » (1924) qui est un texte inclassable, la fantaisie érotique « La liberté ou l’amour» (1927) et « The night of loveless nights » (1930).

A partir de 1926, l’amour devint un thème majeur dans son oeuvre, un instrument pour atteindre une vision unique et une expression originale, un stimulant à l’imagination surréaliste, comme on le retrouve chez Eluard. L’élément tragique fut également marquant, la femme n’étant pas toujours présente et la relation le plus souvent une envie, une fantaisie plutôt qu’une réalité.

En 1930, dans le second « Manifeste », Breton reconnut à Desnos un rôle nécessaire et inoubliable au surréalisme. Cependant, ne s’identifiant plus dans l’orthodoxie sans cesse croissante des surréalistes et leur culte de l’image, mais également fatigué de ses propres excès aussi bien littéraires que personnels, Desnos s’en distancie. Dans un tract, Desnos, Bataille, Prévert et quelques autres surréalistes s’opposèrent ainsi publiquement à Breton, et peu de temps après Desnos publia ce qu’il qualifia de « Troisième manifeste du surréalisme », dirigé contre Breton sur un ton polémique et satirique.

Il épousa alors Youki Foujita et commença à travailler à la radio avec Paul Deharme en 1932. Il devint l’ami de Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Picasso, Hemingway et Dos Passos. Ses poèmes devinrent alors plus directs et plus musicaux, même s’ils préservaient une partie de leurs qualités aventureuses d’autrefois. Il publia « Corps et bien » (1930) et « Le sans cou » (1934) et en 1936 il écrivit un poème par jour pour l’année entière, une expérience qui rappelle la pratique de l’écriture automatique de ses jeunes années. Par ailleurs, il écrivit deux cantates avec Darius Milhaud : « Pour l’inauguration du Musée de l’homme » (1937) et « Les quatre éléments » (1938).

Desnos s’engagea de nouveau en 1939 dans l’armée, à l’orée de la deuxième guerre mondiale. Il retourna à Paris pendant l’Occupation, écrivit une série de textes qui moquèrent les nazis sous différents pseudonymes comme Lucien Gallois ou Pierre Andier et écrivit pour Aujourd’hui où il défendit Gide qui était l’objet d’attaques à cette époque. Il entra dans la Résistance et dirigea les publications clandestines des Editions de Minuit. Arrêté par l’occupant en 1944 le jour même où son film « Bonsoir mesdames, bonsoir messieurs » était affiché dans les publicités parisiennes, il fut envoyé d’abord à Auschwitz puis transféré de camp en camp, de Compiègne à Auschwitz et Buchenwald jusqu’à Terezin, en Tchécoslovaquie. Il y décéda juste après la Libération, du typhus et d’épuisement. Une partie de son oeuvre sera publiée posthumément : « Choix de poèmes » (1946), « Domaine public » (1963) et « Cinéma » (1966).