Biographie de Paul Claudel

Biographie de Paul Claudel
(1868-1955)

Diplomate, auteur et dramaturge français.

Fils d’une famille de petits bourgeois provinciaux catholiques mais non pratiquants, Paul Claudel fréquenta d’abord différentes écoles au gré des mutations de son père, avant d’intégrer Louis-le-Grand en 1882 lorsque la famille quitte la province pour Paris.

Elève solitaire et pessimiste, Claudel se rebella contre les philosophies déterministes et positivistes qui le privaient de son libre arbitre et faisait de lui un simple produit de son hérédité et de son environnement. Il rejeta également la tradition littéraire classique pour se réfugier dans les oeuvres de Charles Baudelaire, de Paul Verlaine et surtout d’Arthur Rimbaud qui demeurera une source d’inspiration permanente pour lui. En 1886, alors étudiant en droit, la lecture de Rimbaud le convainquit qu’il y avait autre chose au-delà de notre réalité.  Alors qu’il était à Notre Dame pour les vêpres de Noël de cette année, l’audition du Magnificat lui révéla l’existence d’un Dieu vivant. Après quatre années de conflit interne entre cette révélation et ses doutes et ses incertitudes, il effectuera sa conversion définitive en 1890.

On peut retrouver ce conflit spirituel dans les premiers écrits de Claudel. « Tête d’or » (1889) est ainsi une tragédie présentant un aventurier en quête d’un salut uniquement sur la base de sa force et de son intelligence et qui ignore la voix interne qui lui suggère l’humilité. Cette pièce est déjà caractéristique de la pièce claudélienne, se distinguant par un rejet de toutes les conventions théâtrales qu’elles soient classiques, romantiques ou réalistes.  La psychologie et la logique de l’action dramatique y cèdent la place au symbolisme et à la vérité imaginaire. D’un point de vue formel, on y retrouve le fameux verset claudélien qu’il utilisa pour tous ses poèmes et toutes ses pièces, et dont la rythmique – avec des vers de différentes longueurs – qui est censée reproduire la respiration naturelle et les battements de coeur du poète ou du comédien indique l’intensité émotionnelle du passage. Les vers libres y sont écrits en s’inspirant des techniques de répétitions bibliques et liturgiques. Le symbolisme n’est toutefois pas encore affirmé avec précision dans « Tête d’or » ou dans « La ville » (1890), notamment parce que le message n’y est pas dépeint avec clarté. Avec sa conversion, le message chrétien entre au coeur de son oeuvre. « La jeune fille Violaine » (1926) qui  a été écrite en 1892 représente ainsi un symbolisme pur, avec des thèmes – la souffrance, le renoncement – essentiellement chrétiens.

Après être passé par Sciences-Po et  avoir rejoint le ministère des Affaires Etrangères, Claudel fut nommé vice-consul à New York en 1893. Il effectua l’essentiel de sa carrière à l’étranger, devenant notamment ambassadeur au Japon, aux Etats-Unis et en Belgique. Son premier séjour aux Etats-Unis donna naissance à « L’échange » (1900), pièce écrite en 1893 et qui a pour thème majeur le capitalisme américain. La recherche de simplicité y continue, notamment par la limitation du jeu à quatre personnages, un style qu’il reprend dans la réécriture de « La ville » (1901) dans laquelle le nombre de personnages est réduit de 29 à 8 entre la version d’origine et celle remaniée. Cette technique est à son faîte avec « Partage de Midi » (première version écrite en 1905, publiée à titre privé en 1906 et enfin publiée dans une version définitive en 1948), pièce partiellement autobiographique et dont le héros s’est vu, comme Claudel, refuser l’accès à la vocation  religieuse et tombe amoureux d’une jeune femme mariée, apprenant ainsi pour la première fois le sens du grand amour, de la souffrance et du sacrifice.

Dans ses poèmes lyriques « Cinq grandes odes » (1910), de même que plus tard dans « La cantate à trois voix » (1931), Claudel médite sur la relation entre le Créateur et le monde qu’il a créé, sur le rôle du poète et sur la fonction de l’amour. Ces thèmes sont également présents dans « L’annonce faite à Marie » (1912), qui résout le paradoxe apparent des relations humaines lorsque l’héroïne, Violaine, révèle comment l’amour, la séparation, la souffrance et même le mal amènent les hommes à comprendre aussi bien leur rôle dans le salut des autres que l’ordre divin de l’univers. La souffrance jouera ainsi un rôle central dans la trilogie « L’Otage » (1911), « Le Pain dur » (1918) et « Le Père humilié » (1920), mais surtout dans « Le soulier de satin » (1929). « Le soulier de satin », considérée comme la plus grande pièce de Claudel, est une pièce influencée par les nouvelles tendances du théâtre européen et les techniques du théâtre Noh japonais. Claudel y abandonne le réalisme traditionnel pour proposer un drame universel, déconcertant, tragique et humoristique à nul autre pareil. Sur fond de violences, de conquête et de passion à la Renaissance, les protagonistes y évoluent dans une intrigue composée des principaux thèmes claudéliens : les désir de l’homme pour l’infini, les limitations de l’amour humain et la nécessité de l’amour comme instrument de salut.

Les vingt dernières années de la vie de Claudel furent partagées entre Paris et le château de Brangues. Il n’écrivit plus alors de poèmes et de pièces, se dédiant à des longues réflexions sur différents textes des Ecritures. Il fut élu à l’Académie française en 1946. A sa mort en 1955, des funérailles d’Etat furent données à Notre Dame avant son inhumation à Brangues.