Biographie de Francis Ponge

Biographie de Francis Ponge
(1899-1988)

Homme de lettres français.

Né à Montpellier en 1899, Francis Ponge étudia le droit et la philosophie à Paris avant d’être mobilisé et de rejoindre l’armée pendant la première guerre mondiale. Dans les années 20, il commence à publier des textes à la NRF avant d’appartenir brièvement au mouvement surréaliste. Au début des années 30, il se marie avec Odette Chabanel et adhère au parti communiste en 1937. Il devint directeur artistique et littéraire de l’hebdomadaire communiste Action de 1944 à 1946. Il quitte le parti communiste en 1947, considérant que le parti interférait avec sa liberté individuelle en tant qu’auteur, traitant dès lors dans son oeuvre de la perception et de l’expression individuelle dans un monde sous la menace du totalitarisme intellectuel et de la morale collective. Après un séjour en Algérie, il entre à l’Alliance Française comme professeur jusqu’en 1964. Il connaît à partir de cette époque une reconnaissance publique, avec des prix et récompenses (Légion d’honneur, Grand Prix de l’Académie Française), des conférences et lectures (Cerisy, Centre Pompidou) et un hommage au festival d’Avignon en 1985.

L’oeuvre de Ponge est une nouvelle exploration de la problématique déjà ancienne des relations entre le langage et le monde, combinant une approche à la fois ancienne et moderne et très personnelle sur le sujet. Ponge est notamment connu pour ses poèmes en prose qui méditent sur les choses du monde externe et leurs relations avec le langage. Aborder son oeuvre implique ainsi d’aborder le phénomène du langage et les problèmes d’expression. Ponge explore le phénomène par une démarche anti-lyrique et considère l’homme comme une créature absurde dont la particularité – et la seule consolation – est sa capacité à s’exprimer par le langage. Les relations entre les choses et l’homme seront au cœur de son oeuvre.

« Le Savon » (1967) est une oeuvre charnière dans les écrits de Ponge. Il a commencé à la rédiger pendant l’occupation, alors qu’il était membre de la résistance et ne l’achèvera qu’une vingtaine d’années plus tard. « Le Savon » joua, selon l’auteur lui-même, un rôle fondamental dans l’évolution de pratiquement tous ses écrits d’après guerre. Il délaissa les poèmes courts et parfaits pour aborder une forme beaucoup plus libre, une sorte de poème en prose qui met en scène son propre développement en même temps que l’oeuvre achevée. Les œuvres post-Savon de Ponge constituent ainsi un outil important de questionnement des genres littéraires, prose ou poésie. « Le Savon » contient la somme des éthiques matérialistes et des esthétiques de Ponge et sa croyance dans la primauté du langage qui devient l’objet du texte. Il se situe entre les courts écrits comme « Douze petits écrits » (1926), « Le parti pris des choses » (1942) – recueil qui le fit connaître – et les œuvres plus théoriques comme « Proêmes » (1948) ou « Méthodes » (1961). Il apparaît au moment où ses écrits délaissent la poésie objective des années de jeunesse pour faire place aux préoccupations métapoétiques des années de maturité.

L’oeuvre de Ponge ne saurait également être dissocié d’un dialogue avec les autres formes artistiques, et notamment avec l’art plastique. « L’Atelier contemporain » (1977) est composé de critiques élogieuses sur Picasso, Braque ou Giacometti, qui étaient par ailleurs des amis de l’auteur. La musique influence également considérablement son oeuvre. Toujours dans « l’Atelier contemporain », il compare les tableaux de Jean Fautrier à la lyre, et dans « Pour un Malherbe » (1965), il révèle avoir passionnément étudié la musique dans sa jeunesse, et que les valeurs et principes artistiques initiaux qu’il a gardés de ces années de jeunesse étaient musicaux. De tous les grands compositeurs, celui auquel Ponge se réfère le plus souvent est Rameau, au sujet de qui il a consacré un ouvrage et auquel il se réfère fréquemment dans ses écrits.

Ponge s’est décrit comme « un peintre des natures mortes », qui à travers l’examen méticuleux des objets et du langage amène le lecteur à une reconstruction de soi. L’ensemble de son oeuvre s’adosse alors à la résolution de libérer l’homme de l’ « infime manège » dans lequel il est confiné et accroître « la quantité de ses qualités ».