Biographie de Romain Gary

Romain Gary
(1914-1980)

Ecrivain et diplomate français.

Les détails de l’origine et de l’enfance de l’écrivain sont plutôt vagues, car il se cacha sous de multiples identités et inventa de nombreux éléments de sa biographie. On ne sait pas exactement si Roman Kacew (son nom d’origine) est né à Moscou ou à Vilnius, en Lithuanie,  mais il semble qu’il fut à Vilnius en 1921 pour ce que sa mère, une juive russe, considérait comme un simple passage avant de partir pour la France. Un an après, la famille partit à Varsovie avant finalement de s’installer en France. Gary avait alors quatorze ans.

Gary suivit des études de droit, d’abord à Aix-en-Provence puis à Paris. En 1935, il publia deux nouvelles, « L’orage » et « Une petite femme » dans Gringoire, un journal à forte connotation antisémite. Lorsque la seconde guerre mondiale éclata, il rejoignit les Forces Françaises Libres en tant que pilote en Europe d’abord et ensuite en Afrique du Nord, combattant notamment contre les troupes de Rommel et adoptant le nom de guerre Gary. Ses faits de guerre lui valurent de recevoir après la guerre la Croix de Guerre et la Légion d’Honneur. Avant cela, il rencontra à Londres Lesley Blanch, une journaliste et rédactrice de Vogue qu’il épousa.

Gary fit son entrée dans le monde littéraire juste après la guerre avec son premier roman, « Education européenne », l’histoire de partisans polonais opérant dans les forêts près de Vilnius pendant la guerre, que Sartre considéra comme peut-être le meilleur roman sur la Résistance. Il entra à la même période au ministère des Affaires étrangères et fût envoyé à Sofia puis en Suisse, et ensuite dans différentes affectations (aux Etats-Unis, en Bolivie,…).

En 1956, il publia « Les racines du ciel », récit de chasseurs d’éléphants en Afrique qui lui rapporta le Prix Goncourt. Cette même année, il devint consul général à Los Angeles, y fréquenta l’élite hollywoodienne et eut la réputation d’être plus concerné par la vie mondaine que par les questions diplomatiques. C’est là qu’il fit la connaissance de Jean Seberg, une jeune vedette de cinéma de 25 ans sa cadette. Il quitta les affaires étrangères en 1961 à son retour en France pour se consacrer à l’écriture, se sépara de Lesley Blanch et épousa Jean Seberg en 1963. Outre l’écriture, il s’essaya également à l’écriture de scénarios et réalisa deux films, « Les oiseaux vont mourir au Pérou » (1968) et « Kill (Police Magnum) » (1974) qui fut censuré au Royaume-Uni à cause de sa violence excessive.

Dans les années 70, Romain Gary était considéré comme un auteur établi mais dont l’oeuvre appartenait essentiellement au passé. Une nouvelle vague de jeunes auteurs était en train de le dépasser aux yeux des critiques : J.M.G. Le Clézio, Patrick Modiano, Philippe Sollers et Emile Ajar. De ceux-là, Ajar fut le premier à toucher le grand public grâce à un style elliptique et insolite qui fut une bouffée d’air frais par rapport à la ligne classique de Gary. Extrêmement discret, Ajar ne fit connaître de lui qu’une lointaine ascendance algérienne exilée au Brésil et nul ne le rencontra à l’exception de son éditeur et de quelques journalistes. Après son premier roman, « Gros-Câlin » (1974), un grand nombre de critiques littéraires influents le considérèrent comme le nouveau porte-flambeau du roman français et un candidat naturel à un grand prix littéraire. « La Vie devant soi » (1975), son second roman, devint un grand succès à la fois public et critique et fut récompensé du Prix Goncourt, et ce malgré le refus de son auteur de faire des apparitions publiques ou d’accorder des interviews. Paul Pavlowitch, cousin de Romain Gary, avoua finalement être Emile Ajar. Ajar publiera encore deux autres romans, « Pseudo » (1976) et « L’angoisse du roi Salomon » (1979).

Pendant ce temps, Gary avait divorcé de Jean Seberg, dont il demeura malgré tout très proche. Devenue activiste des droits civils aux Etats-Unis, Seberg fut l’objet de persécutions du FBI, et se suicida aux barbituriques en 1979. Quelques mois après ce suicide, Gary se suicida à Paris.

En juillet 1981, « Vie et mort d’Emile Ajar » est publié chez Gallimard. Romain Gary y révèle qu’il a toujours été l’auteur des romans publiés sous le pseudonyme d’Emile Ajar, ce qui fit de lui entre autres l’unique auteur à être récompensé de deux Prix Goncourt. Ce fut la fin d’un des grands mystères de l’histoire de la littérature française, et le point de départ de nombreux débats entre ceux qui affirmaient que c’était juste un artifice commercial utilisé pour gagner plus d’argent et ceux qui estimaient que Gary avait perdu le contrôle de sa personnalité, ou plutôt de l’image et la légende qu’il s’était forgées. La création d’Emile Ajar relèverait ainsi d’un effort désespéré pour remettre en avant son oeuvre et la détacher du contexte qui empêtrait les oeuvres de Gary.