Biographie de Simone de Beauvoir

Beauvoir (Simone de)
(1908-1986)

Femme de lettres, philosophe, féministe française.

Né à Montparnasse au sein d’une famille bourgeoise et catholique, Simone de Beauvoir reçut une éducation solide dans une école de jeunes filles, avant de se rebeller contre ce monde bourgeois qu’elle trouva creux et peu sincère. A quatorze ans, elle perdit la foi et rejetant les conventions du mariage et des enfants, décida de se lancer dans l’écriture.

Alors qu’elle voulait poursuivre des études de philosophie, ses parents la poussèrent à aller vers la littérature. Ses premières tentatives d’écriture (un roman et des nouvelles) ne furent alors pas très heureuses. Après avoir obtenu de nombreux diplômes à la Sorbonne, Simone de Beauvoir prépara l’agrégation de philosophie en 1929 et eut comme condisciple un certain Jean-Paul Sartre. Elle dira plus tard que ce fut l’évènement majeur de sa vie. Quoique les idées de Sartre fussent en conflit avec ceux du monde bourgeois d’où elle vint, elle trouva en lui un homme idéal.

Les deux vécurent séparément, se mirent d’accord pour ne pas se marier, pour ne pas se mentir et pour avoir des aventures amoureuses chacun de son côté sans que cela ne fisse l’objet de reproches. Elle se mit par la suite à enseigner et se ressaya à l’écriture, notamment parce que Sartre l’y encouragea. Incapable d’intégrer son expérience à ses écrits, elle abandonna toutefois l’un après l’autre ses projets. Elle se mit à voyager avec Sartre, d’abord en Europe puis dans le monde entier.

Lorsque la guerre éclata, Simone de Beauvoir et Sartre enseignaient tous les deux à Paris. Lui avait déjà commencé sa carrière littéraire, mais elle ne parvenait pas encore à publier ses romans. Mobilisé en 1939, Sartre fut fait prisonnier en 1940. Elle fuit Paris d’abord, puis y revint. A la libération de Sartre en 1941, le couple se mit à aider la Résistance. En 1943, Beauvoir parvint enfin à publier deux de ses oeuvres, « L’invitée » et « Pyrrhus et Cinéas ». En 1945, « Les bouches inutiles », la seule pièce qu’elle ait écrite, fut un échec et s’arrêta après 50 représentations, tandis que son roman « Le sang des autres » sera mieux reçu.

En 1945, le couple lance avec Raymond Aron, Boris Vian et quelques autres intellectuels un nouveau journal littéraire et politique, Les Temps modernes, afin de diffuser le courant existentialiste qui dominait alors la pensée intellectuelle. Beauvoir fit le tour des Etats-Unis, eut une liaison avec Nelson Algren, publia l’anti-américain « L’Amérique au jour le jour » (1948). Avec Sartre, elle fut alors farouchement prosoviétique et anti-gaulliste, ce qui fit du mal à leur popularité.

Avec la publication de « Le deuxième sexe » (1949), elle fut l’objet d’attaques sur ses positions en matière sexuelles, sur la maternité et sur le statut social de la femme. Commencé comme un essai court, le livre devint un double volume analysant avec les outils de la pensée sartrienne l’oppression que subissent les femmes. La force du « Deuxième sexe » ne vient pas de son style, brut et inélégant, mais de son contenu. Elle y affirme que l’homme, qui se considère comme l’être essentiel, fit de la femme un être non essentiel, « l’autre ». S’il est aujourd’hui considéré comme une brique importante de la pensée féministe, le livre reçut un accueil frais à sa sortie.

Après quatre ans et demi de liaison avec Algren, le couple se sépara, entraînant une courte dépression chez Beauvoir. Cela ne dura pas longtemps, et en 1952, elle vécut avec le jeune auteur et futur cinéaste Claude Lanzmann. Tout cela ne l’empêcha pas demeurer très lié avec Sartre. En 1954, elle publia « Les mandarins », qui raconte l’histoire d’un petit groupe d’intellectuels de gauche dont les espoirs d’une société meilleure sont brisés après la Libération. Le roman fut récompensé du Prix Goncourt.

Après « La longue marche », essai à la gloire de la Chine qui marque son engagement militant dans tous les combats de gauche de l’époque, du FLN au tiers-mondisme en passant par l’URSS, elle commença l’écriture de son autobiographie qui, en 4 volumes, connut un immense succès : « Mémoires d’une jeune fille rangée » (1958), « La force de l’âge » (1960), « La force des choses » (1963) et « Tout compte fait » (1972). Elle s’engagea avec les féministes de la MLF, luttant pour les droits des femmes, la contraception et l’avortement. Elle fut ainsi parmi les centaines de signataires de la pétition parue dans le Nouvel Observateur qui déclarèrent avoir déjà pratiqué l’avortement.

Jusqu’à la mort de Sartre en 1980, elle l’aida dans se travaux, et elle fit le récit de ces dix dernières années avec lui dans « La cérémonie des adieux » (1981). Ce fut également sa dernière publication. Elle meurt à Paris en 1986, laissant derrière elle un héritage littéraire et social important.

Commentaires composés sur les oeuvres de Simone de Beauvoir