Molière

Molière, Dom Juan, Acte III, Scène 1

Introduction

Sganarelle et son maître en fuite poursuivis par les frères de Done Elvire. Sganarelle profite de la position avantageuse que lui confère son habit de médecin pour reprendre une discussion de fond avec son maître et aborder la question fondamentale de Dieu, il va même parler de son existence dans une longue tirade. Nous verrons comment cet interrogatoire mené par Sganarelle se révèle décevant, puis nous étudierons les arguments de Sganarelle lorsque celui-ci entreprend son discours apologétique (qui s’adresse aux incroyants avec l’ambition de les amener à la croyance par des arguments rationnels).

I. L’interrogatoire décevant de Sganarelle

Sganarelle soumet à son maître un interrogatoire avec beaucoup de sérieux. Il a en tête une telle scène depuis longtemps, et il est plaisant de le voir vouloir mener un débat universitaire avec son maître. Il se prend au sérieux et ses ambitions sont grandes de convertir son maître.

Don Juan reste fermé et silencieux, ses réponses sont pour le moins courtes, il refuse de répondre sur ce sujet. Par la suite, il s’en tient à des réponses minimales, principalement à des interjections : « eh ! », « ah, ah, ah », « au mieux ». « Eh » correspond à un agacement, « ah,ah,ah » à une moquerie désintérêt.

Il y a néanmoins quelques réponses, prononcées d’un ton peu convaincant : « oui, oui ». Plus précis, la réponse à la question : « Mais qu’est ce donc ce que vous croyez ? », à quoi Don Juan répond : « Je crois que deux et deux font quatre… » : C’est une réponse de libertin, il met en avant son rationalisme. On dit que Molière a repris les paroles d’un prince protestant Maurice de Nassan qui sur son lit de mort aurait répondu à peu près identiquement. C’est plus une plaisanterie qu’une réponse. Molière n’a pas fait répondre Don Juan car il aurait dû prononcer des propos athées, difficilement acceptables sur scène ou indifférence totale au sujet. Don Juan ne donne pas satisfaction à Sganarelle, ne lui donne pas les réponses qu’il attend et Sganarelle est persuadé de son échec. Ce dernier est plus déçu du manque de conversation que de l’échec de conversion. Il est frustré, il est obligé de formuler les réponses et il traduit les propos de Don Juan. Il essaye néanmoins un changement de tactique : il commence par des questions précises, des articles de foi précis comme le Ciel et l’Enfer. Et il pause une question sur le Moine Bourru, question burlesque, pour poser une question générale : « Qu’est-ce que donc vous croyez ? », mais sans réussite. Il aggrave son cas en insistant : « Il n’y a rien de plus vrai que le Moine Bourru ».

Don Juan ne joue pas le jeu, ne veut pas rentrer dans la dispute, Sganarelle doit donc changer de méthode et se lance dans l’apologétique.

II. Les arguments de Sganarelle dans son discours apologétique

Tout n’est pas ridicule dans les propos de Sganarelle. On peut reconnaître certains arguments classiques de l’apologétique que Sganarelle reprend à sa manière de façon maladroite.

En guise de préliminaire, Sganarelle entreprend de faire de ses faiblesses des forces. Il fait de sa faiblesse l’ignorance une force. Dieu révèle parfois aux humbles ce qu’il cache aux puissants orgueilleux, les vérités. Sganarelle qui est humble prétend qu’il est mieux placer pour comprendre la vérité.

Son argumentation commence, avec l’argument classique : création du monde suppose un créateur. Il ajoute un autre grand argument tout aussi classique, la perfection de l’homme ou de la machine de l’homme, ne peut s’expliquer que par l’existence d’un Dieu qui sait ce qu’il fait, conscient de ses faits.

On ne doit donc pas considérer que le discours apologétique de Sganarelle est tout entier grotesque car il réutilise des arguments traditionnels. Mais sa maladresse à tendance à dévaloriser ses propos, à enlever de l’efficacité de ses propositions. Les maladresses sont nombreuses : il utilise l’idée que les gens simples sont mieux placés pour connaître la vérité. Il a tort d’insister sur son ignorance : « et personne ne saurait se vanter de n’avoir rien appris… ». Il y a un vocabulaire quelque peu inapproprié, des maladresses de langage, certaines vulgarités, pour désigner les organes du corps, il utilise « ingrédients », qui est inadapté. « N’a-t-il pas fallu que votre père ait engrossé votre mère ? » manque de raffinements. Il y a des hésitations qui brisent l’élan, il manque peut-être de vocabulaire, rhétorique de sa tirade. On peut imaginer que Sganarelle n’a plus d’idées et qu’il s’arrête à cause du silence de Don Juan. Quand il perd l’équilibre et tombe, cela met fin à son discours, le discrédite et le ridiculise.

Conclusion

Les dévots ont été choqués à l’époque que la religion fut défendue par un être un peu ridicule de condition inférieure. Cette tentative de démonstration est à mettre en relation avec l’acte V avec l’hypocrisie. C’est un échec, Don Juan reste maître sur tous les plans.

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