Jean-Jacques Rousseau

Rousseau, Émile ou l’éducation, Livre II, Liberté de l’enfant dans l’éducation

Texte étudié

Notre manie enseignante et pédantesque est toujours d’apprendre aux enfants ce qu’ils apprendraient beaucoup mieux d’eux-mêmes, et d’oublier ce que nous aurions pu seuls leur enseigner. Y a-t-il rien de plus sot que la peine qu’on prend pour leur apprendre à marcher, comme si l’on en avait vu quelqu’un qui, par la négligence de sa nourrice, ne sût pas marcher étant grand ? Combien voit-on de gens au contraire marcher mal toute leur vie, parce qu’on leur a mal appris à marcher !

Émile n’aura ni bourrelets, ni paniers roulants, ni chariots, ni lisières ; ou du moins, dès qu’il commencera de savoir mettre un pied devant l’autre, on ne le soutiendra que sur les lieux pavés, et l’on ne fera qu’y passer en hâte. Au lieu de le laisser croupir dans l’air usé d’une chambre, qu’on le mène journellement au milieu d’un pré. Là, qu’il coure, qu’il s’ébatte, qu’il tombe cent fois le jour, tant mieux : il en apprendra plus tôt à se relever. Le bien-être de la liberté rachète beaucoup de blessures. Mon élève aura souvent des contusions ; en revanche, il sera toujours gai. Si les vôtres en ont moins, ils sont toujours contrariés, toujours enchaînés, toujours tristes. Je doute que le profit soit de leur côté.

Un autre progrès rend aux enfants la plainte moins nécessaire : c’est celui de leurs forces. Pouvant plus par eux-mêmes, ils ont un besoin moins fréquent de recourir à autrui. Avec leur force se développe la connaissance qui les met en état de la diriger. C’est à ce second degré que commence proprement la vie de l’individu ; c’est alors qu’il prend la conscience de lui-même. La mémoire étend le sentiment de l’identité sur tous les moments de son existence ; il devient véritablement un, le même, et par conséquent déjà capable de bonheur ou de misère. Il importe donc de commencer à le considérer ici comme un être moral.

Introduction

Rousseau, philosophe du XVIIIème siècle (le siècle des Lumières) a diffusé ses idées pour préparer la Révolution française, mais contrairement aux autres philosophes de cette époque, qui avaient le même but, il est contre le progrès et l’émancipation de la femme. En 1762, il édite, à l’étranger pour cause de censure, son ouvrage « Émile ou De l’éducation » dans lequel il repense l’éducation de l’enfant destiné à être citoyen.

Dans l’extrait argumentatif extrait du livre II, il revendique la liberté de l’enfant dans on éducation…

I. La nature

J’observe : – Le premier paragraphe et surtout la dernière phrase et le verbe « marcher », « combien voit-on de gens au contraire marcher mal toute leur vie, parce qu’on leur a mal appris à marcher ! ».
J’analyse : Dans ce paragraphe on dénote une action naturelle : marcher. Apprendre et marcher pour lui sont deux verbes qui ne vont pas ensemble.Pour l’auteur, marcher ne s’apprend pas, c’est une action naturelle.

J’observe : – Le second paragraphe : « l’air usé d’une chambre » et « milieu d’un pré ».
J’analyse : Dans ce deuxième paragraphe on dénote un contraste entre l’intérieur et l’extérieur.

J’observe : – Tous les verbes d’action du second paragraphe.
J’analyse : Ces verbes d’action sont liés à la nature.

J’observe : – « la liberté » (second paragraphe).
J’analyse : Ici la liberté s’associe avec la nature, pour Rousseau on ne peut être libre que dans la nature.

J’observe : – « gai » (second paragraphe).
J’analyse : Cet état de gaieté et d’épanouissement est dû à la nature.

J’observe : – Le troisième paragraphe : « Avec leur force se développe la connaissance qui les met en état de la diriger ».
J’analyse : Ici la force est physique et morale, elle est liée à la nature et par l’expérience.

J’observe : – « C’est à ce second degré que commence proprement la vie de l’individu ».
⇒  J’analyse : C’est grâce à la nature que l’homme vit vraiment.

II. L’éducation

J’observe : – Le deuxième mot du texte : « manie ».
J’analyse : Il critique dès le début l’éducation des hommes, on a une habitude et cette habitude est mauvaise.

J’observe : – Question rhétorique du premier paragraphe : « Y a-t-il rien de plus sot que la peine qu’on prend pour leur apprendre à marcher, comme si l’on en avait vu quelqu’un qui, par la négligence de sa nourrice, ne sût pas marcher étant grand ».
J’analyse : Cette question est tellement absurde qu’elle lui permet de mettre en évidence la mauvaise éducation apportée par l’homme à l’enfant. Par cette critique vient l’idée d’éducation de Rousseau : laisser l’enfant libre.

J’observe : – Anaphore : « ni, ni… ».
J’analyse : L’enfant ne soit pas avoir d’aide artificielle.

J’observe : – « Il apprendra plus tôt à se relever ».
J’analyse : Rousseau prône une éducation par l’expérience, il critique le fait que l’on surprotège les enfants.

J’observe : – Les deux avant-dernières phrases du second paragraphe : « il sera gai. […] toujours triste » et une anaphore en toujours.
J’analyse : Il est pour la gaieté de l’enfant et non pas pour la brimade, il montre le contraste par l’anaphore.

J’observe : – « force ».
J’analyse : L’éducation de l’enfant est liée à sa force morale et physique, qu’il s’approprie dans la nature.

J’observe : – « Pouvant plus par eux-mêmes, ils ont un besoin moins fréquent de recourir à autrui » : antithèse.
J’analyse : Toujours un rapport de l’éducation par l’expérience et l’autonomie.

J’observe : – « qui les met en état de diriger ».
J’analyse : L’enfant doit s’éduquer par lui-même.

J’observe : – « être moral » : dernière phrase du texte.
⇒ J’analyse : L’éducation doit rendre l’homme vertueux.

Conclusion

Pour Rousseau l’éducation de l’enfant par le progrès est mauvais, il le corrompt, c’est pourquoi il doit être éduqué dans la nature et par l’expérience. Avant lui déjà, Fénelon disait que « dans l’éducation, il faut se contenter de suivre et d’aider la nature ».

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