Aloysius Bertrand

Bertrand, Gaspard de la nuit, Ondine

Introduction

Rappels (à ne pas dire tel quel) : l’auteur est issu d’une famille pauvre et est mort dans la misère, méconnu. Sa seule consolation était d’écrire. Il a essayé d’entrer dans les salons parisiens mais il n’a pas été accepté à cause de sa pauvreté. C’est l’inventeur du poème en prose, repris par Baudelaire. Il est mort en 1841, son œuvre écrite en 1830 et publiée en 1842.

Recueil : Gaspard = autre nom de Satan. Présence de personnages curieux et inquiétants. Gaspard symbolise les forces mystérieuses du monde (celles que se manifestent en nous et hors de nous, notamment dans les rêves). « Gaspard de la nuit » est une succession de plusieurs petits tableaux sous forme de poèmes en prose où s’inscrivent la fantaisie des scènes et/ou la magie des perceptions visuelles et auditives.

• « Ondine » : le personnage d’Ondine dans la mythologie nordique est une fée des eaux malfaisante : elle se propose pour conduire les voyageurs égarés à travers les brumes, les marrés, les forêts, mais elle les égare et les noie.

Structure :
– Les 3 premières strophes sont en style direct = tentatives de séduction d’Ondine.
– Les 2 autres strophes sont en style indirect = effet d’Ondine, échec.

On fait une lecture linéaire : fil conducteur = magie de la scène.

I. Strophe 1

• « Écoute ! Écoute ! » ligne 1 : premier appel d’Ondine à l’impératif exclamatif pour interpeller le narrateur.

• « c’est moi » : présentatif familier : on peut penser que les personnages se connaissent = Ondine veut le rassurer.

• Repères spatio-temporels rassurants :
– Lieux rassurants : « fenêtre illuminée », « beau lac endormi ».
– Temps : « nuit étoilée ».
– Tout le contexte est positivé.

La construction de la strophe se fait sur une perception sensorielle auditive et visuelle « contemple, nuit étoilée » : on entre dans ce monde interne par les sens (il s’agit d’une vision interne car elle commence pas « écoute »).

Synthèse : un monde que se veut rassurant grâce à l’importance donnée aux sens car les humains peuvent vérifier.

II. Strophe 2

• Ondine lui indique un itinéraire balisé où les repères sont les reprises de mot = progression linéaire. Mots repris : « flot/ondin », « palais », « courant ».

• On a la signification de « Ondine » : c’est de l’eau.

• Allitération en « qu » et « s/f » = itinéraire facilité pas les échos.

• Contient 3 éléments vitaux : feu, terre, air. En ajoutant l’eau = Ondine, on peut créer la vie : c’est rassurant puisqu’il s’agit du symbole de la vie.
Passage du monde liquide au monde solide « flot, sentier, palais », réunion dans l’oxymore « bâti fluide ».

Synthèse : itinéraire complexe rendu clair à force de détails et d’images, mais il y a une transformation des éléments qui s’opère donc la magie apparaît.

III. Strophe 3

• Reprise « Écoute » = un refrain mais on peut aussi supposer que ce n’est pas le même ton que le premier : dit avec insistance.

• Présentation à la famille : père et sœurs : beaucoup de personnifications.

• Nature personnifiée « bras d’écume », « pêche à la ligne » : tableau séduisant, frais : « caresse », « pêche », « se moque ». Une explication logique aux bruits de l’eau : rassure sur les bruits qui font peur.

Synthèse : on a l’image d’une famille rassurante pour parfaire la séduction. Le trouble est installé grâce à la confusion entre la magie et le réel.

IV. Strophe 4

• « Sa chanson murmurée » : une circonstancielle. Les circonstances sont une chanson, Ondine chante : c’est toujours la même chose.

• Passage au style indirect « elle me supplia de … » : il y a un choix fait dans les mots, elle lui demande de s’engager « anneau, époux » et la royauté avec pluriel hyperbolique « roi des lacs ».

Synthèse : l’objectif d’Ondine est annoncé en une seule phrase courte après trois longues strophes de séduction, c’est pour faire un choc : l’éblouissement.

V. Strophe 5

• Réponse en style indirect du narrateur « je » qui va enclencher la suite de la strophe.

• « j’aimais une mortelle » : c’est un exorcisme.

• Réaction d’Ondine en 4 temps :
– « boudeuse et dépitée » : enfant capricieuse.
– « pleura quelques larmes » : l’eau prend le dessus : première transformation.- « éclat de rire » : antithèse rire/larme, le changement de comportement indique quelque chose de démoniaque.
– Transformation totale d’Ondine en giboulées qui indiquent la violence par rapport aux gouttes du début.

La transformation se fait sur un rythme haché : beaucoup de virgules, pas de mot de liaison, verbes d’action.

Conclusion

Ce poème en prose est construit sur une progression qui conduit au réveil et à la reprise de connaissance (après le rêve-cauchemars enclenché par les gouttes d’eau sur la vitre, on a le réveil avec le bruit de la grêle sur la vitre).

Ce poème fait apparaître la frontière entre le monde intérieur (là où est le poète) et le monde extérieur (derrière la vitre).

C’est une petite scène magique avec un personnage maléfique qui se termine par le retour à l’ordre après les désordres du rêve.

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