Laforgue, Spleen
Poème étudié
Tout m’ennuie aujourd’hui. J’écarte mon rideau,
En haut ciel gris rayé d’une éternelle pluie,
En bas la rue où dans une brume de suie
Des ombres vont, glissant parmi les flaques d’eau.
Je regarde sans voir fouillant mon vieux cerveau,
Et machinalement sur la vitre ternie
Je fais du bout du doigt de la calligraphie.
Bah ! sortons, je verrai peut-être du nouveau.
Pas de livres parus. Passants bêtes. Personne.
Des fiacres, de la boue, et l’averse toujours…
Puis le soir et le gaz et je rentre à pas lourds…
Je mange, et bâille, et lis, rien ne me passionne…
Bah ! Couchons-nous. – Minuit. Une heure. Ah ! chacun dort !
Seul, je ne puis dormir et je m’ennuie encor.
Laforgue, Spleen
Introduction
Laforgue a fait beaucoup de réécriture d’autres poètes symbolistes, beaucoup de parodies. Il est mort à 30 ans de syphilis. Il est provocateur et membre des hydropathes.
Laforgue appartient au symbolisme. Il ne se considère pas comme supérieur aux hommes. Le poète considère la littérature comme un exercice de style, méprisant les poètes qui se prennent trop au sérieux, il réécrit les œuvres en les parodiant ou les mythes littéraires les plus en vogue dans Moralité légendaire.
Dans ce poème, Spleen, il reprend les thèmes qui ont hantées Baudelaire et fait une version plus explicite de la stérilité poétique.
Nous verrons tout d’abord la forme classique avec l’apparente pauvreté du contenu, et ensuite nous nous intéresserons à la stérilité poétique et enfin nous étudierons la construction cyclique du poème.
Je voulais le commentaire complet de ce texte