Georges Perec

Perec, La vie mode d’emploi, Résumé

Signé Georges Perec, l’ouvrage La vie mode d’emploi est paru en 1978. Sa création s’inscrit dans le cadre des objectifs de l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle) où l’auteur a été membre. Il s’agit d’une organisation qui réunit les amateurs de lettres et de mathématiques pour créer des œuvres qui combinent les deux disciplines. Aussi, La vie mode d’emploi n’est pas seulement un œuvre littéraire, il contient également des logiques mathématiques que le lecteur doit suivre pour comprendre le déroulé de l’histoire.

L’école de la vie

Honorant les valeurs de l’Oulipo, Georges Perec aborde une autre manière de concevoir la vie. Dès le prologue, l’auteur relate l’histoire d’un grand amateur de puzzle. Et le livre entier s’oriente autour de ce jeu. La vie, comme le puzzle se compose de plusieurs éléments minuscules à assembler pour former un tout. Aussi petite et insignifiante que soit chaque pièce, elle complète un ensemble et elle crée un vide par son absence. Toujours dans cette conception, le sens d’un élément du puzzle n’est défini que dans le tout formé. Aussi, « l’ensemble détermine l’élément » ; en d’autres termes, c’est la somme des pièces de puzzle qui possède une signification. L’histoire se conçoit de la même manière. Entre les 99 chapitres du livre et les différentes scènes évoquées dans la narration, le lecteur est appelé à comprendre chaque pièce séparément, puis à établir un lien avec les autres chapitres pour pouvoir reconstituer toute l’histoire. Il s’agit du mode d’emploi de la vie que Georges Perec souhaite partager.

Le début

L’histoire se déroule à Paris, dans une résidence du 11 rue Simon Crubellier. La vie des personnages évoqués s’étale du XIXe et XXe siècle. L’entrée de l’immeuble toujours ouverte donne sur les différentes pièces qui le composent. Elles sont liées les unes aux autres par des portes de communication.

Chaque pièce est occupée par des personnages différents qui ont chacun leur quotidien. Parmi les résidents de l’immeuble, le peintre Serge Valène occupe un rôle important dans le récit. Dans un élan de prise de conscience, il a décidé de peindre sa vie et son histoire. Pour ce faire, il a réalisé une découpe de l’immeuble où il vit depuis un demi-siècle. Dans ce tableau, on découvre toutes les pièces qui composent la résidence, les escaliers, les ascenseurs et les particularités de chaque endroit. Il ne manquait pas de refléter dans son tableau les personnes qui occupaient les pièces, leurs animaux et les objets qui y existaient. En gros, c’était un portrait de l’immeuble où Serge Valène a vécu. Dans ses coups de peinture, il reflète sa perception de cet univers qui était sien depuis plusieurs années. Et c’est cette perception de Serge Valène qui sera racontée dans le livre.

Des récits découpés

L’ouvrage La vie mode d’emploi annonce de manière isolée l’histoire de chaque pièce et de ses habitants. Suivant une logique mathématique, l’auteur conduit le lecteur à comprendre et à lier les histoires entre elles, comme pour faire un puzzle. Les pièces de l’immeuble sont occupées par des individus aux histoires différentes. Outre le peintre qui dresse le tableau, il y a également un antiquaire dont la décoration de la maison est décrite comme un charme pittoresque et parfois morbide. Un archéologue occupe également une pièce de l’immeuble. Tout dans sa personnalité et sa pièce symbolise son envie de retourner dans le passé au lieu d’avancer vers l’avenir. Quant à l’avocat, il semble être plus extraverti que n’importe quel autre résident de l’immeuble. Le botaniste, lui, aime la nature et les animaux ; d’ailleurs, cette passion qui l’anime se manifeste à travers son mode de vie et la décoration de sa pièce. D’un autre côté, il y a également le critique d’art, un grand passionné des beaux-arts qui ne manquent pas d’orner sa maison par des objets raffinés et des œuvres dont on ne comprend toujours pas le sens. En outre, il y a l’étudiante qui semble un peu désordonnée au niveau de l’organisation, tant dans sa vie professionnelle que personnelle. Enfin, il y a ce personnage, Percival Bartlebooth dont la grande passion est le puzzle. Doté d’une patience légendaire, il prend un immense plaisir à rassembler les pièces pour créer un tout significatif. Chacun de ses personnages sont abordés un à un dans l’ouvrage avec un descriptif détaillé de leurs personnalités et du décor dans lequel ils évoluent. De même, l’auteur, par le biais du personnage de peintre, relate le vécu et les moindres détails de la vie des occupants de la résidence. Les pages de mots croisés, les talismans, les prospectus, bref les objets que le peintre associe à ses voisins.

Un sens à construire

À première vue, les histoires semblent être séparées et indépendantes les unes des autres. Cependant, avec la façon de l’auteur à basculer d’une pièce à une autre conduit à penser que certaines d’entre elles sont liées. En effet, dans la narration, l’auteur n’emprunte qu’une seule fois les accès publics, comme l’escalier. Cela témoigne déjà qu’il existe un lien entre les différentes pièces et les différents personnages. C’est ce lien que l’auteur veut que le lecteur découvre. Pour ce faire, l’ordre de succession des chapitres a été soigneusement conçu pour aider le lecteur à trouver le sens. Tel un joueur d’échecs, l’auteur bouge avec une grande préméditation pour faire avancer ses pions.

Une revue de toute une vie

À travers l’œil du peintre, on découvre des personnages qui n’ont rien en commun à part la résidence, mais qui sont liés les uns aux autres. Entre les histoires de magie noire, les humours acerbes, les mélancolies, les stéréotypes et les messes basses, le lecteur découvre que les résidents de l’immeuble font partie d’une histoire commune, indépendamment de leurs vies antérieures et de leurs présents.

Une fin significative

Ce n’est qu’à partir de la fin de l’histoire que l’on comprend l’image que l’auteur souhaite véhiculer. Il cherchait à décrire les activités des habitants de la résidence dans la soirée du 23 juin 1975 à 20 heures. Au moment où chacun vivait sa vie, le grand amateur de puzzle Percival Bartlebooth s’éteint dans sa pièce. Allongé à côté du dernier puzzle qu’il a tenté de rassembler, il tenait dans sa main la seule pièce qu’il n’a pas réussi à entreposer. Ironie du sort, il ne s’agit vraisemblablement pas de la dernière pièce manquante à son puzzle. Le contour de celle-ci qui prend la forme d’un W en témoigne alors que l’espace qui lui est prévu implique une pièce en forme de X.

Dans les dernières pages du livre, dans l’épilogue, Georges Perec parle du décès solitaire du peintre Serge Valène qui a peint ce tableau reflétant la vie au sein de cet immeuble. Seulement quelques semaines après le décès tragique du joueur de puzzle, il a également subi le même sort. Et ces deux personnages ont trouvé la mort à côté de leurs œuvres. En effet, le corps du peintre se situait à proximité d’un tableau qui reflétait la coupe de la résidence avec ses habitants.

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