N’y a-t-il de connaissance que scientifique ?

Dissertation de Philosophie (corrigé)

Introduction

Actuellement, les hommes ont tendance à exiger des preuves scientifiques presque dans tous les aspects du quotidien. En effet, les progrès techniques nous poussent à penser que la science apportera un jour une réponse à chacune de nos questions. Néanmoins, ne s’agirait-il pas d’une conception erronée que de croire que des preuves et des démonstrations seront aptes à balayer nos doutes quant à nos considérations existentielles ? S’il n’y avait que de connaissance scientifique, le sujet ne serait pas aussi problématique. Mais puisqu’il existe d’autres formes de connaissance capable de rivaliser avec la science, que ce soit en théorie ou en pratique, il est tout à fait naturel de remettre en question les courants de pensée dominants, comme celui véhiculé par la science. La science constitue-t-elle la seule manière valable d’appréhender la réalité ? En vue de lancer des pistes de réflexion sur cette problématique, nous verrons, dans un premier temps, dans quelle mesure nous pouvons appréhender la réalité sans avoir recours à la science. Dans un second temps, nous démontrerons que toute connaissance doit se référer à la science.

I. La connaissance n’appartient pas exclusivement au domaine de la science

A. Une connaissance non scientifique est utile dans la pratique

L’homme perçoit la réalité au travers de ses organes sensoriels. Il tire ensuite des conclusions à partir des régularités qu’il constate au cours de ses observations répétées. C’est de cette manière qu’un guérisseur comprend que tel breuvage agit sur tel symptôme. Cette capacité le rend d’ailleurs apte à traiter ses patients. La connaissance qu’il détient ne peut cependant pas être qualifiée de « scientifique » puisqu’elle n’a pas été éprouvée. En effet, en se référant aux réflexions d’Aristote qui distingue le guérisseur (détenteur de connaissance) du médecin (scientifique), une connaissance non scientifique résulte d’une observation superficielle. Elle ne tient aucunement compte des lois et principes qui régissent l’objet (causalité, structure, …). Son champ d’action se limite sur le « comment », c’est-à-dire la manifestation, et ignore tout du « pourquoi », c’est-à-dire les origines profondes et le mécanisme. Par exemple, savoir que l’eau bout lorsqu’elle atteint une température suffisante ne signifie pas que nous comprenons les réactions chimiques qui s’opèrent lors du processus d’ébullition.

B. L’homme fait confiance à la connaissance issue de l’expérience

L’expérience se révèle un moyen tout aussi fiable d’accumuler des connaissances. « L’homme d’expérience » parvient par exemple à fournir des réponses aux questions que ses semblables se posent. En effet, être un sociologue n’est pas un prérequis pour connaître son semblable. A force de se heurter à des personnalités différentes tous les jours, de partager leurs quotidiens ainsi que leurs ressentis, comprendre le fonctionnement de l’être humain, ainsi que sa structure comportementale est à la portée de tous. Ainsi, Gottfried Wilhelm Leibniz affirme dans les Nouveaux essais sur l’entendement humain que « L’opinion, fondée dans le vraisemblable, mérite peut -être aussi le nom de connaissance ». Enfin, la science n’est pas omnisciente : les considérations métaphysiques comme l’existence de Dieu, ou encore le sens de la vie, ne peuvent être solutionnées de manière formelle par la démarche scientifique. Pourtant, les traditions orales, les mythes ainsi que les légendes apportent une connaissance acceptée par la société et satisfont aux questions existentielles.

La perception sensorielle se présente alors comme la première source de connaissance. Puis, l’expérience et les traditions prennent le relais pour expliquer le réel dans les situations où la science elle-même s’avère impuissante. Néanmoins, le propre d’une connaissance ne réside-t-il pas dans sa valeur vérifiable ?

II. Une connaissance vérifiée est forcément scientifique

A. La science détient le sceau de la vérité

La construction d’un savoir repose sur le discours scientifique. En effet, connaître le réel implique une capacité à décrire sa nature ou encore à le mesurer. Or, l’appréciation qualitative ou quantitative d’un objet relève du domaine de la science. En se référant aux travaux de Descartes, la certitude est la référence pour valider une connaissance scientifique, tel qu’il le stipule dans les principes de la philosophie : « L’autre sorte de certitude est lorsque nous pensons qu’il n’est aucunement possible que la chose soit autre que nous la jugeons ». Le réel devrait donc être associé à ce qui est vrai, c’est-à-dire prouvé et démontré. Dans cette logique, seule la science possède les moyens de nous donner des certitudes à travers des expériences, expérimentations et vérifications. Les autres formes de savoir posent des risques d’erreurs, de fausses conceptions ou d’illusions.

B.L’interprétation scientifique doit être universelle

Gaston Bachelard, dans La formation de l’esprit scientifique, appuie la démarche de Descartes et souligne la nécessité de vérifier l’exactitude ainsi que la portée des connaissances obtenues directement à partir de la simple observation de la réalité. Il remet en cause la subjectivité qui entre en compte dans la grille de lecture, lors de la phase d’interprétation du réel perçu. « Une connaissance objective immédiate, du fait même qu’elle est qualitative, est nécessairement fautive », dit le philosophe. Par ailleurs, seule une connaissance scientifique peut prétendre à l’universalité. En effet, en l’absence d’une démonstration formelle, réfuter une connaissance n’est qu’une formalité : même si un savoir est juste, il n’est pas forcément vrai dans tous les cas et pour tout le monde.

Conclusion

L’observation naïve du réel est en mesure de fournir une connaissance partielle, qualitative de l’objet d’étude. Cela n’empêche pas pour autant d’utiliser cet acquis dans le quotidien, car ce type de connaissance est tout à fait efficace. Par contre, seule une démarche scientifique garantit un savoir universel, supporté par une quantité non négligeable de preuves. En se référant à la définition originelle, ce sont les critères de vérité qui valident le statut de la connaissance. A cela s’ajoute la scientificité qui s’exprime par la rigueur et la cohérence de la démonstration. En définitive, s’il existe de nombreuses vérités non scientifiques, la connaissance se caractérise forcément par sa scientificité.

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