Peut-on renoncer à la vérité ?

Dissertation de Philosophie : Peut-on renoncer à la vérité ? (1ère version)

Introduction

On entend souvent dire : « Vous ne pouvez pas changer la vérité mais seule la vérité peut vous changer. » La vérité est donc le pilier, voire même l’essence de notre nature humaine, chercher à connaitre, chercher à savoir, chercher à se chercher. Tous les domaines d’études de la science et de la philosophie ou même dans les domaines des sciences humaines partagent ceci en commun accord : la recherche de la vérité. Partielle, ou absolue, personne ne souhaite vivre dans les déjections de l’erreur et les dogmes de la fausse connaissance menant à l’illusion à fortiori. Dès lors, il paraît contradictoire d’y renoncer. Comment pourrions-nous avoir le droit de renoncer à dire la vérité ? De quel droit pourrions-nous nous taire ? Ou pire, mentir ?

Mais renoncer à la vérité, ce n’est pas seulement renoncer à la dire, c’est peut-être aussi renoncer à la chercher. Afin de répondre à cette problématique nous verrons dans une première partie, que nous ne devons pas renoncer à la vérité qui est une obligation morale et humaine. Nous verrons dans une deuxième partie, qu’il est cependant préférable dans certains moments de renoncer à la vérité.

Partie I

Étymologiquement, le mot « vérité » viendrait du latin « veritas », lui-même dérivé de verus signifiant « vrai ». Mais qu’est ce qui est vrai dans le monde dans lequel nous vivons ? Et sur quels critères pouvons-nous baser nos connaissances du vrai et du faux ? Il est également possible de la concevoir, comme Spinoza, en termes d’idée adéquate. En considérant que conformément au principe énoncé dans L’Éthique selon lequel « l’ordre et la connexion des idées et le même que l’ordre et la connexion des choses », la vérité peut être pensée comme adequatio rei et intellectus, c’est-à-dire comme un accord de la chose avec l’entendement : l’adéquation interne entre l’idée liée au langage et son expression externe dans le réel. Alors si par définition la vérité est l’adéquation entre la réalité et la parole ou ce qui est dit et ce qu’il y a, il appert que par nature l’homme est un être cognitif comme le disait Descartes dans son célèbre cogito « Je pense donc je suis. » et comme l’indique Descartes dans Le discours de la méthode, Tome 1, « Le sujet qui se traduit par Je pense, première vérité philosophique se découvre dans le doute. » Nous voyons donc que l’homme dans sa nature et son essence est habité par des questions qui créent en lui des doutes et à fortiori se veut-il être un sujet connaissant qui aspire à connaitre continuellement. Nous ne pouvons donc en aucun cas renoncer à la vérité car tous ont, en droit un désir profond d’accéder à la vérité puisque la raison est naturelle à l’homme. Comme l’écrit Aristote dès les premières lignes de l’un de ses ouvrages majeurs intitulé La Métaphysique : « Les hommes désirent naturellement connaître. » Autrement dit, les hommes sont naturellement en quête de vérité.
Mais l’exigence de la recherche ne s’arrête pas uniquement à l’essence ou à la nature idiosyncrasique de l’homme qui est sa raison et en fait un sujet conscient cherchant toujours à apprendre, à comprendre et à lier les faits entre eux. En réalité, l’homme ne peut renoncer à la vérité car sans cette exigence morale et humaine, nous vivrions dans l’erreur, le mensonge et le doute. Comme l’énonçait Pascal dans son livre Pensées et Opuscules, article XVIII, « L’homme n’est que mensonge à lui-même, et ainsi la vie humaine n’est qu’une perpétuelle illusion. » En effet, nous appuierons ce triste constat concernant la condition humaine de devoir braver les barrières du faux, du mensonge et de l’illusion de la vérité en citant la célèbre allégorie de la caverne de Platon. Dans l’allégorie de la caverne, nous voyons des hommes vivant dans une caverne retiré du monde extérieur si bien qu’ils croient que la réalité est tout ce qu’ils peuvent voir dans la caverne et donc les ombres d’objets reflétant leur méconnaissance. Mais vint le moment où un décida de sortir de la caverne et constata par lui-même qu’en dehors de la caverne, il y avait la lumière et une autre réalité ou vérité existante. Les ombres font ici directement référence à notre système de fausses croyances, de fausses vérités ou d’illusion et la lumière qui vient enlever l’obscurité à la connaissance du vrai et donc à l’atteinte de la vérité afin de nous enlever du monde qui peut paraitre illusoire. Mais la vérité n’est pas seulement pratique dans la sphère sociétale. C’est aussi un devoir moral : dire la vérité est une exigence sociale car dans ce cadre, la vérité est un devoir morale non seulement une obligation sociale. Dire la vérité est donc un devoir moral qui lui est absolu, c’est-à-dire qu’il doit être suivi en toutes circonstances, non parce qu’il serait utile, mais parce qu’il est juste. L’exemple parfait reste le fondement même de nos constitutions et le fait que l’on doive jurer au tribunal de dire la vérité rien que la vérité avant de porter un jugement sur quelqu’un. D’ailleurs, pour Kant, dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, la loi morale nous interdit catégoriquement de renoncer à la vérité.

Nous ne pouvons renoncer à la vérité car celle-ci est un devoir et l’homme est par nature un sujet cognitif cherchant à comprendre. Un monde sans vérité serait aussi quant à lui, un monde illusoire et un monde sans espoir tandis que seule la vérité nous affranchit des dogmes et des fausses opinions. Toutefois, ne pouvons-nous pas, concrètement, être amenés à y renoncer ? Le coût de la vérité n’est-il en effet pas trop élevé ? Le mensonge, l’illusion, l’ignorance ne sont-ils pas préférables ?

Partie II

La vérité ne s’entend pas seulement dans le champ moral, mais aussi dans le champ scientifique par opposition à l’erreur, l’ignorance. Nous verrons donc dans cette deuxième partie que la question n’est donc plus seulement de savoir si nous avons le droit de renoncer à dire la vérité, mais aussi si nous pouvons nous permettre de renoncer à la chercher. Accepter d’y renoncer sous-entend donc que la vérité a un prix et un coût et que ce coût peut parfois être trop lourd à payer.

En effet, la vérité peut être coûteuse et ce à différents niveaux tant pour celui qui la révèle que pour celui envers qui elle est dévoilée. A l’instar de Heidegger, qui considérait la vérité comme alètheia, c’est-à-dire comme dévoilement, celle-ci n’est pas toujours rose. D’ailleurs, dans Les Pensées, Pascal souligne le caractère des sociétés de cour et l’hypocrisie des courtisans, qui préfèrent cacher une vérité que les puissants auraient pourtant souvent bien intérêt à entendre de peur des sanctions que cela leur ferait encourir. La vérité est bien souvent coûteuse pour celui qui l’entend, sa révélation peut créer le désordre, l’instabilité politique, le mal être ou même la guerre. Nous pouvons donc dire que sa révélation est souvent brutale, tandis qu’à contrario, l’ignorance ou l’illusion sont susceptibles de procurer une intense satisfaction. Enfin, la question se pose aussi pour la recherche de la vérité. La vérité ne s’entend pas seulement dans le champ moral (par opposition au mensonge), mais aussi dans le champ scientifique (par opposition à l’erreur, l’ignorance). La question n’est donc plus seulement de savoir si nous avons le droit de renoncer à dire la vérité, mais aussi si nous pouvons nous permettre de renoncer à la chercher. Le terme suppose que la vérité a d’abord été cherchée avant que l’on y renonce. Le renoncement ne vient que dans un second temps. Dans certaines situations, étant donné que la philosophie est la Sophia, il est préférable et plus sage de ne pas chercher à tout connaître. Dans la Bible, Adam et Eve furent punis pour avoir mangé l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Si nous renonçons à quelque chose, c’est que nous estimons, en général, que cela nous coûte trop ou que cela n’en vaut pas la peine. Quelle que soit la manière dont nous appréhendons la vérité, celle-ci est indissociable de la notion d’être. C’est pourquoi certains moments, il est préférable de renoncer à la vérité trop brutale et donc de renoncer à notre personne afin d’oublier la misère de la condition humaine. Dans La Nouvelle Héloïse, Jean Jacques Rousseau nous montre ainsi comment nous avons intérêt à nous réfugier dans le rêve, où nous trouvons une bien plus grande jouissance que dans le réel, décevant et attristant.

Il semble donc y avoir de bonnes raisons de renoncer à la vérité. Celle-ci est trop coûteuse, potentiellement dangereuse. Et on aime se rappeler du célèbre dicton : « Toute vérité n’est pas bonne à dire, mais toute vérité n’est pas également bonne à connaitre. » Pourtant, au-delà de la question morale, ne peut-on pas voir dans ce renoncement un lâche abandon ? N’est-il pas possible d’éviter les effets nuisibles de la vérité sans pour autant faire une croix sur celle-ci ?

Conclusion

Renoncer à la vérité signifierait donc renoncer à vouloir se comprendre mais également comprendre le monde et refuser d’agir positivement sur lui et sur soi. Le désir de connaitre est l’essence même de l’homme car l’homme est sujet du réel où il essaye tant bien que mal de devenir ce qu’il est censé être en puissance comme le soulignait Descartes. Nous avons donc l’obligation de rechercher la vérité tant pour nous que pour les autres afin de nous protéger de l’erreur et de l’illusion car comme le dit le poète de source inconnue ; si vous pensez que la connaissance coûte cher, essayez l’ignorance. Cependant, dans notre parcours de la recherche de la vérité, il y a l’ambiguïté complexe du concept en lui-même qui ne peut être appréhendé dans toute sa totalité. Hegel disait d’ailleurs que le faux est un moment du vrai. Nous devons passer par l’erreur pour comprendre la vérité et ce passage peut être très couteux, brutal, voir violent et radical. Cela donnerait donc raison de chercher à renoncer à la vérité tant dans sa connaissance que dans sa recherche et se satisfaire de l’existant. Ainsi, on peut renoncer à la vérité au nom d’un certain confort moral et intellectuel, mais ce confort restera fragile, car vivre dans l’ignorance ou l’erreur, c’est toujours vivre en inadéquation avec soi-même et le monde, c’est-à-dire se trouver en décalage par rapport à la vie elle-même. C’est pourquoi le combat de la vérité n’est il pas en réalité le combat de la liberté car connaitre véritablement n’est il pas être libre ?

Dissertation de Philosophie : Peut-on renoncer à la vérité ? (1ère version)

Introduction

Tout individu expérimente dans son vécu quotidien la distinction entre le vrai et le faux, de sorte qu’il devienne naturel de ramener la vérité à l’évidence et à ce qui est habituel. C’est la conscience collective qui érige l’opinion en une vérité communément admise, procurant ainsi une autorité à l’ensemble de l’édifice social, en tant que support des valeurs et des normes. Cependant, par le contact avec d’autres cultures ou encore par l’émergence de nouvelles théories scientifiques, la société et ses membres seront confrontés à un dilemme, les invitant à une remise en question de ces acquis, et ce, bien que cette recherche paraisse artificielle à leurs yeux.

Ainsi, une interrogation sur des notions jugées évidentes signifie-t-elle renoncer à la vérité ? Le problème qu’il nous est donné de résoudre renvoie à une conception philosophique de la vérité qui découle de la pensée, c’est-à-dire de la Raison, dépassant largement l’expérience. L’homme ne peut échapper à l’exigence de cette explication rationnelle de la réalité, et soit cette intelligibilité éveille son esprit, soit elle se referme pour nier totalement la vérité. La polémique qui nourrit le concept de vérité permet-elle à tout un chacun de se réfugier dans le confort de l’ignorance ?

Pour traiter cette problématique, il est nécessaire d’expliquer comment la vérité est conçue dans son immédiateté par les hommes du commun ; deuxièmement, nous étalerons de long en large l’impératif qui s’impose à l’homme en tant que sujet connaissant, c’est-à-dire la vérité selon les constructions de la pensée ; et enfin, nous en déduirons que la vérité est la liberté et oriente l’esprit vers une perpétuelle ouverture.

Partie I

Selon une acception courante, le mot vérité est employé le plus souvent quand un phénomène a été exprimé correctement à travers un discours, c’est-à-dire qu’il y a une adéquation entre le langage et la réalité. Et effet, par le biais de ses organes sensoriels, l’homme peut capter diverses informations dans son environnement, qu’il transpose par la suite dans son système cognitif pour le traduire dans un langage compréhensible. Le fait de nommer une chose est l’acte le plus banal qui peut illustrer le sens du mot vérité au quotidien. Ainsi, quelqu’un dit la vérité lorsque les mots utilisés correspondent aux choses ou aux faits tels qu’ils se présentent. Les premières analytiques d’Aristote décrivent clairement ce cas de figure quand il explique que seule une proposition peut être vraie ou fausse, mais il serait absurde d’affirmer, par exemple, qu’une maison est vraie.

Suffirait-il de bien maîtriser un langage pour lever toute ambiguïté concernant la vérité ? Il s’avère que non, puisque le langage, qui n’est autre qu’un système cohérent de signes, fait véhiculer les idées et les jugements correspondant au monde matériel. Comment se forment alors ces idées chez l’homme vulgaire ? En effet, il se donne une représentation de son milieu à travers ce qu’il a l’habitude de voir et de côtoyer, se forgeant ainsi une opinion qu’il considère au fil du temps comme une vérité. Cette prétendue vérité prend progressivement racine dans la conscience de l’individu, étant donné que la société appuie également le même point de vue et n’y apportera aucune objection. Nous allons emprunter le mythe de la caverne de Platon pour une meilleure compréhension de la gouvernance de l’opinion au sein de la plèbe : les chaînes des prisonniers étant assimilées à l’ignorance, la caverne et les ombres reflétant le monde visible qui n’offrent qu’une connaissance confuse et partielle de la réalité. La préférence des prisonniers pour la caverne signifie ici l’emprise de la société à travers les opinions communes.

Dans le cas de l’homme vulgaire, la vérité a toujours été reconnue selon son aspect pratique et le souci de la conservation de la vie. Et pourtant, le renoncement à la vérité n’a pas lieu d’être lorsque les exigences de la Raison s’imposent au sujet, ce qui signifie que la vérité retrouve son sens originel.

Partie II

Considérée comme la reine des sciences et ayant même joué le rôle de pionnier pour les disciplines scientifiques, la philosophie s’était toujours dévouée dans la recherche de la vérité. Les dialogues de Socrate avec les sophistes prouvent que le fait de dire la vérité, engendrée par une recherche individuelle et l’accouchement des idées, ne peut pas être contraint par les préoccupations immédiates des citoyens et par les idées préconçues par la plèbe. Ainsi, renoncer à la vérité enlèverait la dignité d’homme, c’est-à-dire l’accès à la connaissance issue du monde intelligible. En effet, la recherche du Vrai, du Beau, du Bon, du Juste tels qu’ils sont en soi, mais qui dérange l’opinion publique, a valu la vie à Socrate, accusé de corrompre la jeunesse athénienne. C’est la nature pensante de l’homme qui l’invite à la recherche de la vérité, et tout homme est capable d’accéder à la vraie connaissance. Donc d’un point de vue philosophique, renoncer à la vérité c’est renoncer à sa propre nature.

La Science n’est pas en reste lorsqu’il s’agit de formuler un discours vrai sur le réel. Bien qu’actuellement, les préoccupations scientifiques soient devenues intimement associées aux besoins de la société en termes de confort technologique, de recherches médicales ou encore de protection environnementale, il n’en était pas ainsi lorsque les pères fondateurs des différentes disciplines posaient les premiers édifices de leurs investigations. Les scientifiques ne peuvent pas nier la clarté les concepts qui se dévoilent comme vrai dans leur esprit, ce qui les incite à avancer leurs théories devant un public non initié, et ce, à ses risques et périls. Ce fut le cas de Pascal qui a réussi à démontrer, dans le cadre de la science physique, que le vide existe, ce qui lui a valu la désapprobation des scolastiques, représentant en ce temps l’autorité pédagogique et religieuse. Le refus des scolastiques se basait sur des arguments purement religieux, selon laquelle Dieu n’a jamais prononcé sa parole pour que le vide soit.

La philosophie et la science ont toujours préservé leur finalité qui est de fournir des vérités indépendantes des influences extérieures de la part de la société. Que pourrait-on alors tirer de cette démarche authentique si la recherche de la vérité est exclusivement réservée à la philosophie et à la science ?

Partie III

On peut en déduire ici que pour les hommes du commun, la vérité n’est acceptée comme tel que parce qu’elle est au service de la communauté et qu’elle défend les valeurs prônées par celles-ci. La vérité revêt un côté plutôt utilitariste, c’est-à-dire que la vérité a été créée par la société pour permettre à ses membres de vivre. En d’autres termes, la vérité est ce qui est acceptable, et ce qui est acceptable est ce qui permet de vivre. La philosophie nietzschéenne se base sur cette thèse : même si la masse est plongée dans l’erreur générale, tant que cette soi-disant « vérité » contribue efficacement à la conservation de la vie, la plèbe se résigner nécessairement à l’accepter comme valable. Bien que ce mensonge que l’homme se fait à lui-même se dévoile tôt ou tard, par l’apparition d’une forme de connaissance authentique qui viendrait réfuter les anciens principes, la société renoncera nécessairement à cette connaissance, c’est-à-dire à la vérité elle-même. Nietzsche s’exprime dans son ouvrage Le gai savoir : « La force de la connaissance ne réside pas dans son degré de vérité, mais dans son degré d’ancienneté, son assimilation plus ou moins avancée, son caractère de condition vitale ».

Il n’en est rien pour les scientifiques, qui s’acharnent à prôner la vérité telle que la Raison l’exige. En fait, les questionnements des théoriciens se basaient sur le constat d’un problème, qu’ils avaient résolu en créant eux-mêmes leurs propres outils d’observation et d’expérimentation. Mais cette loi universelle qui en découle, fondée sur la formulation d’hypothèses préalablement posées, peut toutefois présenter des failles au niveau de la construction théorique. Le dépassement d’une théorie scientifique relève de la nature critique de la pensée, capable de se corriger elle-même, et il s’agit d’une nécessité dans la progression de chaque discipline scientifique. C’est l’idée que Popper voudrait évoquer à travers ce qu’il appelle la falsification expérimentale de la théorie, selon son ouvrage La logique de la découverte scientifique : « Nous choisissons la théorie qui se défend le mieux dans la compétition avec d’autres théories, celle qui, par sélection naturelle, prouve qu’elle est la plus apte à survivre ».

Conclusion

En guise de conclusion, la vérité est une notion jugée évidente pour la plupart des gens et qu’il serait abusé de changer d’attitude et de comportement à cause d’une idée saugrenue qui vient perturber leurs croyances. Et pour le cas des intellectuels, et en l’occurrence les philosophes, ils restent eux aussi fidèles à leurs principes, mais défendent plutôt la vérité au prix même de leur vie.

Ainsi, l’expérience vécue de l’homme montre aisément que mettre la vérité au second rang vis-à-vis des préoccupations immédiates est une chose courante, d’ailleurs légitimée par la nécessité pour l’homme de vivre en communauté ; cependant, pour la philosophie et la science, renoncer à la vérité, qui signifie renoncer à sa recherche ou mutiler les résultats en vue d’une fin extérieure, est une chose impossible, car il serait synonyme de la mort de ces disciplines.

Avec une divergence de point de vue aussi manifeste entre les intellectuels d’un côté et les hommes du commun de l’autre, la possibilité d’un terrain d’entente ou même d’un dialogue n’est pas envisageable. Si la philosophie poursuit tranquillement ses investigations en se détachant de ses liens avec la société, n’aura-t-elle pas déjà échoué la mission qui est de transformer le monde ?

 

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