Michel Foucault

Foucault, Surveiller et punir, Résumé

Contexte du livre

Le livre de Michel Foucault (1926 – 1984) qui fût publié en 1975 à pour thématique la prison. Le contexte de la période des années 1970 est important dans le sens où la prison était alors une institution en crise, au point de voir de nombreuses demandes de fermeture définitive de ces établissements. « Surveiller et punir » eut un écho très fort dans les débats autour du rôle de la prison et contribua partiellement à la création des activités du Groupe d’Information sur les Prisons auquel contribua l’auteur du livre, et à une baisse de l’augmentation des incarcérations.

Général

L’essai de Michel Foucault explique comment la prison moderne a remplacé les châtiments et supplices en vigueur auparavant, avec son aspect discrétionnaire en contradiction avec les supplices publics antérieurs. Une évolution qui est, pour l’auteur, dictée par la société et son nouveau rapport à l’ordre et au pouvoir. Les mécanismes de la punition, du supplice en lien avec la prison sont ainsi développés pour au final démontrer l’importance de changer la situation de l’époque.

La situation avant la prison

Longtemps la punition a été mise en scène de façon publique, afin d’atteindre des objectifs précis. Tout d’abord, la cruauté des châtiments avait pour but d’être dissuasif, dans le cadre d’une société alors encore relativement violente. Toutefois, l’autorité de l’époque, symbolisée par le roi, utilisa ces sentences pour réaliser un travail de communication sur le peuple et la société, en réaffirmant son autorité par la violence, traduite par l’extrême cruauté des châtiments, mais aussi la volonté de démontrer que les crimes étaient réparés et l’égalité entre les sujets maintenue. Ainsi, les exécutions faisaient l’objet d’un véritable spectacle, de la parade des condamnés, à la présence de l’arme du crime et l’installation de l’échafaud sur le lieu même où le crime avait été commis. Ce dénouement cruel était d’ailleurs cohérent avec l’ensemble de la procédure de justice, et notamment la recherche de justification, qui se faisait par l’usage de la torture. Toutefois, au fil du temps, les aspirations de la société ont fait évoluer ce rapport aux châtiments, l’humiliation liée à la mise en place de la peine s’atténuant, du fait d’un rejet du peuple qui aspirait à une justice plus humaine.
Ainsi, la volonté de vengeance pure est supplantée par le souhait d’instaurer des punitions prenant en compte l’intérêt général, par le travail obligatoire en maison de jeunes ou en prison.

Réduire la cruauté et les souffrances, avec un respect de l’humain, l’évolution est progressive et s’insinue aussi dans le mode opératoire des enquêtes chargées de valider la véracité des infractions, ainsi que dans l’appréciation des crimes en fonction de la santé mentale de leurs auteurs.

Par l’enfermement, on recherche à donner à la punition une dimension plus humaine, avec un véritable sens social, tout en étant une tactique politique quant à l’humanisation supposée de la sanction.

Ainsi, si avant le XVIIème siècle, la notion de justice reste très sommaire, en étant secrète, avec des droits pour la défense quasiment inexistant. L’accusation se faisait alors par une accumulation de preuves, dont seul le niveau de crédibilité pouvait faire l’objet d’une légère contradiction, mais toujours selon un plaidoyer allant au détriment du présumé coupable. Le désir d’humanisation se fera par l’impulsion du peuple, avec la critique du rôle de l’arbitraire dans les jugements et la remise en cause des privilèges. En marge des évolutions sociétales de l’époque, la justice passe donc d’un modus opérandi punition vengeance vers une solution laissant enfin des droits à la défense. La réforme permet d’adoucir les peines, mais aussi, par le biais d’une codification précise des peines, d’annuler l’arbitraire, et d’individualiser les peines. De plus, la peine ne se veut plus vexatoire et humiliante, mais choisie selon une volonté de réduire les souffrances avec l’ambition d’être pédagogique. La peine de mort devient exceptionnelle, s’adressant dès lors qu’à des délinquants jugés dangereux pour la société de façon irrémédiable. Il s’agit des premiers instants où la peine s’inscrit dans un projet de rééducation pour favoriser la réinsertion future et lutter réellement contre la récidive.

L’échec de la prison

Foucault tend à démontrer l’échec de la prison à travers cet essai. Il estime ainsi que la prison constitue une zone de non droit, en évoquant un « illégalisme institutionnalisé ». Ce concept est très personnel, l’illégalisme étant un degré de délinquance propre, dans son exemple, à la classe dirigeante. Les questions que soulève la mise en lumière de cet échec concernent l’utilité des prisons, et la raison de leur maintien, Foucault estimant que cette institution est amenée à disparaître. L’auteur prétend néanmoins qu’à défaut de remplir son rôle de répresseur de la délinquance, il en est un redistributeur.

La relation entre l’auteur et les prisons a toujours été basée sur ces fortes réserves quant à la réussite de leurs missions, tout en estimant que la procédure devant amener à son remplacement devrait se faire lentement, sous l’impulsion des intellectuels. La recherche de la transparence devra être l’axe d’évolution. La méfiance de l’auteur s’étend sur les peines incompressibles qui se substituent à la peine de mort (encore à l’époque en vigueur) ainsi que pour les peines dites alternatives. L’idée de la rédemption par le travail (travaux d’intérêt généraux) et la recherche des reconnexions familiales pour les jeunes ne seraient pas aussi, selon Foucault, des solutions efficaces.

Critiques

Foucault démontre l’évolution du modèle dans la procédure de justice, d’un modèle inquisitoire vers un mode accusatoire. La conservation des droits est aussi une constante que l’auteur estime légitime de préserver dans tous les cas, avec l’individualisation des peines, la prise en compte des circonstances atténuantes, l’humanisation durant toute la procédure, la capacité à toujours maintenir une possibilité de réinsertion. Ainsi, l’usage de la violence, comme la torture, pour la recherche de la vérité, ne peut être acceptable dans une société civilisée, aspect pourtant de nos jours encore d’actualité (guerre en Irak,…).

Concernant les peines, l’auteur évoque la notion de pénologie, qui a pour conséquence le morcellement du pouvoir de punir. La dimension publique de la peine, qui a pour objectif de démontrer la réparation du préjudice, et ainsi le maintien de l’égalité entre les personnes, reste d’actualité.

Toutefois, Foucault explique également l’incohérence des peines de prison, qui ont des répercussions sur l’entourage du condamné, sur le plan des ressources par exemple, quand bien même l’adage explique que « nul n’est responsable que de son propre fait ».

Enfin, le système carcéral est lui même sujet à caution, avec les cantonnements opérés à l’intérieur même des prisons suivant la dangerosité des détenus, ainsi que la problématique des mélanges dans les maisons d’arrêt des petits délinquants qui côtoient, même momentanément, des délinquants plus dangereux en attente d’un jugement.

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