Gabriel Márquez

Márquez, Mémoire de mes putains tristes, Résumé

À quatre-vingt-dix ans, le narrateur, homme célibataire, est né d’un père natif des Caraïbes, notaire et comptable agréé, et d’une mère de souche italienne,  belle femme comblée par la nature, dotée d’une intellectualité élevée et interprète reconnue pour les classiques de Mozart. Ce nonagénaire continue de vivre dans sa belle maison familiale, dans la ville colombienne de Barranquilla, celle qui l’a vu naître et où il souhaite rendre également son dernier souffle. Quarante années durant, il a exercé le métier de bâtonneur de dépêches consistant à la retranscription en articles des nouvelles collectées sur les ondes courtes ou en morse, au sein du journal Del Diario de La Paz. Il vit de sa retraite d’ancien professeur de langues, mais continue pour autant à écrire pour El Diario de La Paz depuis plus d’un demi-siècle sa chronique du dimanche, et occasionnellement de publier dans les gazettes musicales ou de théâtre en tant que critique. Hormis ses maigres revenus, il met également en vente une grande partie de son patrimoine familial pour assurer plus ou moins sa subsistance, patrimoine d’ailleurs voué à disparaître en l’absence d’héritier.

À quatre-vingt-dix ans, il a décidé, pour célébrer son anniversaire, de passer une nuit de total libertinage avec une jeune fille, une adolescente et vierge de surcroît. Car, après vingt ans de chasteté, il est soudainement la proie d’un désir sexuel foudroyant, la nuit précédant son anniversaire. Il reprend alors contact avec Rosa Cabarcas, tenancière de maison close à qui il fait part de sa requête teintée d’impatience. Après moult échanges, il est convenu qu’il lui faut patienter une heure. Ce laps de temps va remettre sur table la quasi-totalité de sa vie passée, depuis son enfance, en passant par ses études, son métier de professeur de latin et d’espagnol, et surtout ses multiples aventures et mésaventures amoureuses, pour lesquelles il décide d’écrire un récit autobiographique intitulé Mémoire de mes putains tristes. Puis le moment est venu de se rendre à son rendez-vous au magasin de Rosa Cabarcas, situé dans le quartier chinois. Apprêté pour l’occasion, il s’y rend le plus discrètement possible et se retrouve face à une fillette de quatorze ans, endormie toute nue sur un grand lit, le visage barbouillé de maquillage. Il la contemple longuement avant de se déshabiller et essayer d’accomplir l’acte tant attendu. Mais le sommeil le surprend et le lendemain, il repart aussi discrètement qu’il est venu en laissant à l’intention de la petite tout ce qui lui restait d’argent, et sa virginité intacte.

De retour dans sa maison natale, il se remet à écrire son Mémoire, objet de ses chroniques dominicales, dans la bibliothèque de ses parents, s’aidant tant bien que mal de ses dictionnaires et de ses livres, patrimoine qu’il a conservé. Un chroniqueur rebelle aux progrès techniques, qui malgré les remontrances de son directeur, refuse de se mettre au même diapason que ses jeunes collègues.

Mais il a tenu bon contre vents et marées et son article du dimanche regagne peu à peu son prestige en page éditoriale voire à la une. Après un mariage avorté, il est resté seul, se contentant de ses fréquentations peu amènes des  maisons closes, et de profiter des charmes de sa lavandière Damiana, une fois par mois.

Le jour de son anniversaire, ses collègues lui réservent un accueil de circonstances et lui remettent divers cadeaux, dont un chat. Il en profite pour glisser avec son article hebdomadaire, une lettre de démission, refusée pourtant par le directeur du journal.

Dans la foulée, il est relancé par Rosa Cabarcas qui tient à mener à terme le marché convenu avec la jeune Delgadina, nom qu’il a décidé de donner à sa jeune cliente vierge. Assurant que cette fois, la petite sera bel et bien éveillée et accomplira ce pour quoi elle a été rétribuée, Rosa la prépare pour recevoir à nouveau la visite du narrateur. Ce dernier a même ramené quelques affaires pour meubler la chambre et en faire en quelque sorte un petit nid d’amour pour lui et Delgadina. En effet, le souvenir de cette innocente enfant le hante chaque jour et il la sent déambuler et vivre dans sa grande maison, confondant les frôlements et les pas feutrés du chat avec les siens.

La nuit de leur deuxième rencontre venue, il la retrouve nue, mais dormante et se résigne une fois de plus à ne pas réveiller la belle endormie. Ces nuits passées auprès de Delgadina ont peu à peu éveillé le véritable amour dans le cœur du nonagénaire, amour qu’il n’a jamais pu vivre si intensément dans sa jeunesse. La chambre de chez Rosa est devenue le lieu de leur rendez-vous. Avec elle, il apprend aussi à connaître les affres de la jalousie quand un jour elle s’est montrée à lui dans de beaux atours et pimpante.

Le narrateur, transporté par cet amour et pulsé par un regain de vitalité, entreprend de véritables changements dans sa vie : rénovation de sa maison, moins de négligence dans son quotidien, lui-même est devenu un autre, il se remet au vélo, et jusque dans ses écrits, il abandonne ses chroniques dominicales habituelles pour rédiger des lettres d’amour manuscrites, au grand bonheur de ses lecteurs. La routine de sa vie solitaire et morne a tout simplement pris la porte.

Mais un événement tragique va bouleverser le nouveau train-train de vie des amoureux. Un jeune banquier de renom, client assidu de la maison close mais irréprochable dans la société, a trouvé la mort, suite à plusieurs coups de couteau, dans la chambre contiguë à la leur.

La nuit du drame, et avant que la police n’intervienne sur le lieu du meurtre, Rosa Cabarcas fait appel au narrateur, devenu un ami et confident, pour l’aider à rhabiller le cadavre. Bien qu’elle puisse compter sur l’appui de ses influentes relations pour éviter d’être éclaboussée dans l’affaire, Rosa voit son commerce fermé pour un temps.

C’est également à ce moment que Delgadina disparaît de la vie du narrateur, mettant ce dernier dans un état de manque frisant la dépression. Un mois de calvaire loin de l’objet de son amour l’anéantit presque quand Delgadina réapparaît sous une belle apparence et parée de bijoux. Le nouvel aspect de l’adolescente fait naître des arrière-pensées dans la tête de son amoureux, qui sous le coup de la fureur et tenaillé par une jalousie maladive, saccage tout dans leur chambre et s’en va à son tour, en proférant une insulte à l’encontre de sa bien-aimée.

Il découvre alors les ravages d’un cœur meurtri par la jalousie, les tourments qui en découlent et toutes ces émotions dévastatrices d’un cœur chagriné, seulement à l’aube de ses quatre-vingt-dix ans. Délaissé par son chat et loin de Delgadina, le narrateur sent une solitude reprendre peu à peu sa place dans sa vie. Mais sur le conseil de Casilda Armenia, une de ses anciennes amantes, il contacte à nouveau Rosa Cabarcas pour retrouver la petite, afin de passer une fois de plus la nuit de son anniversaire à ses côtés, et surtout pour ne plus se retrouver éloigné d’elle.

Convaincu que Delgadina partage sincèrement son amour, le narrateur prend des dispositions testamentaires avec l’arrangement de Rosa, faisant de la petite la  bénéficiaire de leurs deux héritages. Rassuré par les chants joyeux de Damiana, le retour et les marques d’affection du chat, et surtout par l’attachement de Delgadina, il poursuit sa route vers ses cent ans, se promettant une vraie vie de bonheur.

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