Jacques Prévert

Prévert, Paroles, Résumé

Chantre du surréalisme et de la poésie, Jacques Prévert est une figure importante de la littérature française. Son recueil de poèmes « Paroles » est en effet une œuvre majeure dans l’anthologie de la poésie française, et continue d’être un succès depuis l’après-guerre et les années 40. Écrit entre 1930 et 1944, Paroles figure parmi la poésie la plus lue de son temps et constitue une œuvre marquante pour Prévert. Sans ponctuation ni style proprement défini, le recueil de textes reste néanmoins publié sous la forme d’un corpus qui regroupe des textes courts de quelques lignes voire d’une ligne unique, et des textes plus longs.

Le fond de Paroles mélange alors les références au surréalisme et à l’absurde, autant que les jeux de mots et l’oralité. C’est ce mélange des genres qui continue de séduire des générations d’écoliers pour son accessibilité et sa diversité, tant sur le fond que sur la forme. Si les textes les plus longs sont placés en début de recueil à l’instar des 16 lignes de Tentatives de description d’un dîner de têtes à Paris-France, Souvenirs de famille ou encore Événements ; les textes courts sont parfois écrits en quelques vers ou en une seule ligne comme dans la Belle Saison. Ainsi Alicante, les Paris stupides, le Grand homme, le Cancre, le Miroir brisé, la Fête continue et l’Amiral ne sont constitués que de 4 à 6 vers voire quelques lignes. Cependant, le texte le plus long du poète est situé en milieu de recueil et s’intitule la Crosse en l’air. La tendresse et la violence sont ainsi étroitement liées dans la pensée de Prévert, dont l’humour et la dérision tranchent avec le mordant et la description crue des faits. Le corpus de l’œuvre du poète est ainsi constitué de Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France, de l’Effort humain, du Cancre, des Écritures saintes, de Pour Faire le Portrait d’un Oiseau Événements, puis de Barbara.

Souvent qualifié de poète parisien bohème, Prévert fait aussi une déclaration d’amour aux petites gens et aux exploités, de même qu’à Paris et ses quartiers populaires. Contribuant largement à son succès auprès des lecteurs de la rue, Paroles s’inscrit également comme une description du réel et de la vie quotidienne des français. Ponctué par l’humour et les sentiments du quotidien, le recueil se lit parfois comme une succession de calembours judicieusement placés, de lapsus absurdes et de jeux de mots. Poème le plus lu de la littérature et de la poésie française, Paroles fait preuve d’un renouvellement perpétuel dont l’auteur semble sans cesse transformer la forme tout au long du recueil, pour mieux en illustrer les thèmes et leur universalisme.

Sous-jacente dans la pensée de l’auteur, la contestation et l’amour de la liberté sont des thèmes récurrents dans Paroles.

Paroles est constitué d’un recueil de 95 textes qui ont été primitivement publiés dans les années 30 dans différentes revues littéraires et artistiques dont Le Commerce et les Cahiers des Arts, puis redécouverts par des étudiants amoureux des belles-lettres dans les années 40. Ce recueil iconoclaste constitué de textes de diverses longueurs se caractérise par sa forme libre et déstructurée, sans forme apparente. Paroles a en effet été voulu par l’auteur comme un partage de textes dans un souci d’universalisme, et toujours sur des thèmes marquants comme l’amour, l’amitié, ou encore l’enfance, l’oiseau et le rêve, mais aussi la guerre. Malgré son ambition pluraliste pour plaire à la majorité des lecteurs, Paroles est aussi constitué de textes politiques et incisifs. Prévert dont l’ironie et la dérision font partie intégrante de l’imagination et l’écriture de l’auteur, fait preuve d’une critique acerbe de la guerre et de la violence étatique. Fortement marqué par la guerre et la colonisation, Prévert a le souci de montrer les atrocités sans fard pour marquer les esprits comme dans L’ordre nouveau, Barbara ou L’effort humain. Ainsi, de nombreux textes à l’instar de Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France manient l’ironie et le pamphlet. Prévert dénonce en effet sans vergogne pêle-mêle les nationalistes et va-t-en-guerre et autres bigots dans Le temps des noyaux et La crosse en l’air. Ce dernier crée alors des aphorismes et néologismes tels « andromaquent », « dreadnought », et truffe son texte de références aux auteurs et hommes politiques du passé comme Hugo ou Baudelaire, ou encore de références historiques. Poète socialement et politiquement très engagé car marqué par le passé communiste de la vie politique d’avant et d’après-guerre, Prévert écorche les institutions dont l’Église, l’Administration et l’École. Les inégalités sociales du monde ouvrier sont ainsi régulièrement dénoncées au fil de l’œuvre, mais aussi le modèle de la famille traditionnelle et la morale. Ces thèmes récurrents dans la pensée de l’auteur illustrent alors sans aucun doute les textes les plus politisés et engagés de Prévert.

Les nombreuses allitérations et déstructurations des mots sont également présentes dans de nombreux poèmes. Ces figures de style emblématiques du recueil sont parfaitement visibles dans Barbara avec l’emploi d’expressions imagées comme « Sous cette pluie de fer, de feu, d’acier, de sang » ou encore « Ceux qui sont chauves à l’intérieur de la tête » dans Dîner de têtes.

L’anticonformisme virulent de Prévert et son souci de liberté à tout prix se retrouvent également dans de nombreux poèmes, et particulièrement dans le Cancre. Celui-ci est alors à l’opposé de sa définition, et Prévert en fait un être épris de liberté et en profite également pour écorcher le système éducatif qui castre l’imaginaire des individus. Le refus absolu du poète d’user d’un langage soutenu et alambiqué est manifeste dans toute son œuvre. Ainsi dans Pour faire le portrait d’un oiseau, le lecteur conserve toute la latitude d’interpréter le texte selon son imaginaire. La nature et les animaux sont ainsi des thèmes récurrents chez l’auteur, dont la relation avec les enfants est souvent suggérée, comme Prévert le fera plus tard au crépuscule de sa vie en collaboration avec Paul Grimault dans Le Roi et l’Oiseau.
L’éclectisme de Prévert notamment dans le cinéma et la musique semble avoir transcendé son œuvre. De nombreux artistes ont en effet mis en musique un certain nombre de ses textes, notamment son ami de toujours Joseph Kosma. Mouloudji, Yves Montand, Juliette Gréco et d’autres se sont ainsi emparés de l’œuvre du poète en interprétant de nombreux titres. Le succès alors de Paroles tient autant en sa force des mots et de leur réinvention, que par sa diversité thématique. Ni le style ni la forme ne sont semblables d’un bout à l’autre du recueil, et toutes les générations peuvent ainsi se retrouver dans les sujets plus ou moins légers abordés par le poète.

Du même auteur Prévert, Paroles, Barbara Prévert, Paroles, Rêve Prévert, Paroles, Pater Noster Prévert, Paroles, Promenade de Picasso Prévert, Paroles, Histoire du Cheval Prévert, Paroles, Familiale

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