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Voltaire, Candide, Un roman d’aventures, Dissertation

Sujet

Vous démontrerez dans un essai que Candide ou l’Optimiste (Voltaire 1759) peut être lu comme un roman d’aventures.

Corrigé

Candide ou l’Optimisme (1759), publié anonymement, est l’un des nombreux contes philosophiques écrits par Voltaire, grand écrivain français du siècle des Lumières. Né en 1694, Voltaire, de son vrai nom François Marie Arouet, n’a cessé dans son oeuvre de prôner la justice, la tolérance et surtout l’humanité, et cela jusqu’à sa mort en 1778. Luttant conter le fanatisme, celui de l’Église catholique comme celui du protestantisme, Voltaire a misé sur le rire pour susciter l’indignation : l’humour et l’ironie deviennent des armes contre la folie meurtrière qui rend les hommes malheureux. Il accumule les tracts, pamphlets, les apologues, parmi lesquels on trouve le conte philosophique, c’est-à-dire un récit satirique développant une leçon philosophique. Grand défenseur du progrès, comme tous les philosophes du XVIIIème siècle, Voltaire a contribué, de 1754 à 1758, à la rédaction de l’Encyclopédie, principal vecteur de l’esprit philosophique des Lumières, puis en 1964 poursuivit son œuvre de réflexion avec le Dictionnaire philosophique, qui illustre bien l’ambition que les Lumières avaient d’embrasser la totalité des connaissances humaines. En 1759, de sa brouille avec Rousseau, naît un petit chef-d’œuvre : Candide ou l’Optimisme.

Dans Candide, Voltaire dénonce ce qu’il appelle les « trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin » en relatant les mésaventures du héros (éponyme), un jeune homme tout d’abord optimiste, qui au fur et à mesure de ses voyages sur tout le globe, prend conscience que le « monde va mal ». Je n’ai pas pour but de nier que Candide est un conte philosophique, car il en est un, c’est certain, personne ne revient là-dessus. Mais sous prétexte que Voltaire est l’inventeur de ce genre, certaines personnes du « monde littéraire » lui ont collé une étiquette et se sont bornés à cette seule lecture. Ils ont tort. C’est un crime que d’enserrer cette grande oeuvre dans le carcan des genres ! Mais il ne faut pas leur en vouloir… Ils pensaient bien faire, simplifier les choses… Mais où est le plaisir si tout est simplifié ? Je suis sûre que vous, chers lecteurs, qui prenez déjà la peine de me lire -je vous en remercie-, savez que l’oeuvre d’un grand écrivain comme Voltaire ne saurait être réduite à un seul genre, et que c’est sa diversité qui fait son intérêt. Je vais donc tenter de vous démontrer, de manière non exhaustive, qu’en dépit de son appartenance au genre du conte philosophique, Candide peut aussi être lu comme un roman d’aventures.

Tout d’abord Candide est, tant par son caractère que ses agissements, un héros d’aventure. J’entends déjà les hurlements des fervents admirateurs de Voltaire. On se calme, je m’explique.

Premièrement, tout au long de ses actions, l’aventurier va s’extirper des situations difficiles grâce à son sang-froid. Ne pensez-vous pas que, lorsque l’inquisiteur et le juif qui retiennent Cunégonde, veulent tuer Candide, celui-ci fait preuve d’un incroyable sang-froid en abattant ceux qui se dressent en travers de sa route ? C’est, en tout cas, mon avis. En effet Candide n’hésite pas une seconde et les tue tous les deux « Il tire son épée, quoiqu’il eût les mœurs fortes douces, et vous étend l’israélite roide mort sur le carreau, aux pieds de la belle Cunégonde. » puis « et, sans donner le temps à l’inquisiteur de revenir de sa surprise, il le perce d’outre en outre, et le jette à côté du juif. » (chapitre 9). Faisant preuve de cette même adresse, Candide va tuer deux singes qui menaçaient des demoiselles (chapitre 16). Ce courage et cette adresse démontre que Candide est de toute évidence un héros d’aventure.

Par ailleurs nous savons tous que le « modèle type » de l’aventurier, si je puis me permettre -n’y voyez aucun sarcasme envers Voltaire- est un jeune homme beau, intelligent, naïf (mais pas dans le sens péjoratif), prêt à tout risquer pour défendre les valeurs en lesquelles il croit et ceux qu’il aime, quitte à aller à l’autre bout du monde. Or Candide n’a-t-il pas traversé la moitié du monde dans le seul but de retrouver sa bien-aimée Cunégonde ? N’a-t-il pas tué trois hommes qui se dressaient contre son amour ? En effet Candide entreprend un voyage de Buenos-Ayres à Constantinople en passant par l’ Eldorado, Paris, Venise etc, durant quinze chapitres soit la moitié du livre (du chapitre 13 jusqu’au chapitre 28), et mettant plus d’une fois sa vie en danger.

Mais d’un autre côté, je pense que si Candide était vraiment un héros d’aventure, son amour serait sincère, et il n’aurait jamais eu ni cette répulsion « Le baron pâlit à cette vue. Le tendre amant Candide, en voyant sa belle Cunégonde rembrunie, les yeux éraillés, la gorge sèche, les joues ridées, les bras rouges et écaillés, recula de trois pas, saisi d’horreur, et avança ensuite par bon procédé. » (chapitre 30), ni cette réflexion intérieure pleine d’orgueil « Candide, dans le fond de son cœur, n’avait aucun envie d’épouser Cunégonde ; mais l’impertinence extrême du baron le détermina à conclure le mariage » (chapitre 30).

En y réfléchissant bien, cette soudaine répulsion et ce brusque accès d’orgueil peuvent s’excuser par la fatigue de Candide qui a couru tous les dangers, pour finalement trouver au bout du compte une femme vieille et laide, qu’il accepte cependant d’acheter et d’épouser ; et surtout peut être effacé par tout les autres bonnes actions qu’il a effectué. En effet la plupart des héros d’aventure sont foncièrement bon. Candide, comme l’indique son nom, est innocent et plein de bonté « Candide fut touché de pitié… Dieu soit loué, mon cher Cacambo ! J’ai délivré d’un grand péril ces deux pauvres créatures » (chapitre 16 ; épisodes où Candide tue les deux singes-amants). On reconnaît bien ici le caractère noble du héros d’aventure. Aussi Candide n’hésitera pas à confier à son valet, Cacambo, cinq ou six millions de diamants, pour retrouver sa chère Cunégonde ; et que, même après avoir été volé de la grande partie de ses trésors par Monsieur Vanderdendur, un négociant peu scrupuleux qui devait le conduire à Venise auprès de Cunégonde, il offre ce qu’il lui reste à des personnes plus « malheureuses » que lui « Candide donna deux mille piastres à Paquette et mille piastres à frère Giroflée » (chapitre 24), « Les cinq autres rois écoutèrent ce discours avec une noble compassion. Chacun d’eux donna vingt sequins au roi Théodore pour avoir des habits et des chemises ; Candide lui fit présent d’un diamant de deux mille sequins » (chapitre 26). Je ne doute pas que ce geste complètement désintéressé vous fera reconnaître que Candide est foncièrement bon, et par la même un héros d’aventure.

De plus comme vous le savez, les héros d’aventures enchaînent les péripéties, elles-même causé par un brusque retournement de situation. Or pour le pauvre Candide, la chance tourne rapidement et on voit sa situation chuter d’une opulente richesse «On mit sur la machine Candide et Cacambo ; il y avait deux grands moutons rouges sellés et bridés pour leur servir de monture quand ils auraient franchi les montagnes, vingt moutons de bât chargés de vivres, trente qui portaient des présents de ce que le pays a de plus curieux, et cinquante chargés d’or, de pierreries et de diamants. » (chapitre 18), à une grande nécessité « Il retourne au rivage, abîmé dans la douleur : car il enfin il avait perdu de quoi faire la fortune de vingt monarques » (chapitre 19). A n’en pas douter, Candide est bien un héros d’aventure.

En outre tout aventurier est aidé dans sa quête par des amis qu’il a rencontrés durant son voyage. Candide n’a-t-il pas rencontré sur sa route des amis, qui l’aidèrent dans sa recherche de Cunégonde ? En effet Candide accompagné de Pangloss (philosophe optimiste et instructeur de Candide), de la vieille (fille du pape Urbain X et de la princesse de Palestine elle devient la servante de Cunégonde), de Cacambo (valet de Candide) et enfin de Martin (ancien savant), réussira à retrouver sa chère Cunégonde. Par conséquent Candide est sans aucun doute un héros d’aventure.

A la suite de ces exemples de bravoure, de noblesse etc… vous ne pouvez plus douter que Candide est un héros d’aventure.

Ensuite Voltaire a sciemment entraîné son héros d’aventures dans une succession de péripéties malencontreuses, à travers tout le monde connu, qui n’est pas qu’une simple mise en scène mais apparaît comme un élément fondamental de l’œuvre. Or je suis dans l’obligation de vous dire que cette succession d’actions et de rebondissements, qui plus est avec un trait d’exotisme, est propre au roman d’aventures. Par conséquent Candide, en plus d’être un conte philosophique, est indéniablement un roman d’aventures.

Avant toute chose, le roman d’aventures se caractérise par des péripéties à la chaîne desquelles doit s’extirper tant bien que mal le héros d’aventure, pour finalement retomber dans une autre. Et au niveau des rebondissements, Candide n’est pas en reste ! Comme vous pouvez le voir, sur les trente chapitres qui le composent, chacun (ou presque) relate une des aventures de Candide, toutes plus extravagantes les unes que les autres. C’est ainsi qu’il doit, pour se rendre à Venise où il espère que Cunégonde se trouve, passer par Paris, puis par Bordeaux, et enfin par Portsmouth, où tantôt il est volé, tantôt il manque de se faire jeter en prison… Un vrai roman d’aventure en perspective ! En plus vous remarquerez que le sort s’acharne, à peine sorti indemne d’un naufrage, qu’il doit essuyer un tremblement de terre « A peine ont-ils mis le pied dans la ville, en pleurant la mort de leur bienfaiteur, qu’ils sentent la terre trembler sous leurs pas, la mer s’élève en bouillonnant dans le port, et brise les vaisseaux qui sont à l’ancre. » (chapitre 5).

En outre vous n’êtes pas sans savoir que tout les romans d’aventures présente une action violente. Or dans Candide vous avez sûrement remarqué que pas un chapitre n’est dispensé de viols, vols, ou autres tueries, ce qui a d’ailleurs valu à Voltaire des problèmes. Par exemple à leurs retrouvailles à Lisbonne, Candide et Pangloss furent sacrifiés lors d’un auto-da-fé pour empêcher les tremblements de terre « Candide fut fessé en cadence, pendant qu’on chantait ; le biscayen et les deux hommes qui n’avaient point voulu manger le lard furent brûlés, et Pangloss fut pendu, quoique ce ne soit pas la coutume. » (chapitre 6) ; la famille de Cunégonde fut massacrée « ils égorgèrent mon père et mon frère, et coupèrent ma mère par morceaux » (chapitre7) ; Cunégonde fut « éventrée » et violée un nombre incalculable de fois « le brutal me donna un coup de couteau dans le flanc gauche dont je porte encore la marque » (chapitre7) ; la vieille fut violée (lorsqu’elle était jeune), et amputée d’une fesse (chapitre 11 et 12) ; Candide tua trois hommes de sang-froid (chapitre 9). De plus j’ai ressenti cette même violence dans les mots, notamment lors de la description de Pangloss, après qu’il est été atteint de la variole « Le lendemain, en se promenant, il rencontra un gueux tout couvert de pustules, les yeux morts, le bout du nez rongé, la bouche de travers, les dents noires, et parlant de la gorge, tourmenté d’une toux violente, et crachant une dent à chaque effort. » (chapitre 3). Au début j’avoue avoir été assez surprise de l’imagination de Voltaire à trouver autant de mutilations et autre…, et j’imagine que vous aussi, mais j’ai rapidement réaliser que cela donne encore plus un air aventurier à cette histoire.

Cependant en mettant en avant une action violente, Voltaire aborde le sujet de la cruauté et la barbarie des hommes, sujet très moderne pour l’époque. Nous pouvons aussi relever des critiques acerbes de la société du XVIIIème, épisode de Paris, ou encore de l’appât du gain, épisode de M Vanderdendur. En ce sens Candide peut donc être pris comme un conte philosophique ayant une action particulièrement violente, et mettre de côté la dimension du roman d’aventure.

En reconsidérant la question autrement, je me suis aperçue que la séparation portée philosophique et roman d’aventures ne tenant pas, car c’est de ses différentes aventures que Candide tirait les leçons, parfois très philosophique. En effet vous pouvez voir que les titres de dix chapitres contiennent le mot « comment », et onze contiennent le mot « ce qui » ou « ce qu’ils » (advint…) ; cela démontre que ce livre s’attache essentiellement à l’action en elle-même et comment elle a été réalisée ou non au « pourquoi ». Candide peut donc être lu comme un roman d’aventures.

Par ailleurs le roman d’aventures présente un cadre exotique, aussi bien géographique qu’historique, qui a pour but de dépayser le lecteur. Or il est inutile de vous rappeler que le voyage de Candide embrasse la quasi totalité du monde connu de cette époque. En effet son voyage commence en Westphalie, puis il s’échoue en hollande et à Lisbonne, pour ensuite traverser l’Amérique du Sud en ralliant Buenos-Ayres, le Paraguay, le pays des Oreillons, l’Eldorado, Surinam ; pour enfin retourner en Europe avec Paris, Bordeaux, Portsmouth, Venise et finalement Constantinople. Vous ne pouvez nier que Candide a voyagé à travers toute l’Europe et toute l’Amérique du Sud (connue, soit à l’Est de la forêt Amazonienne), donc que Candide peut être lu comme un roman d’aventures. D’autre part l’exotisme est aussi présent de manière historique. L’Eldorado « Il prit envie aux voyageurs d’en ramasser quelques-uns uns ; c’était de l’or, c’était des émeraudes, des rubis… » et « On servit quatre potages garnis chacun de deux perroquets, un contour bouilli qui pesait deux cents livres, deux singes rôtis d’un goût excellent, trois cents colibris dans un plat, et six cents oiseaux-mouches dans un autre ; des ragoûts exquis, des pâtisseries délicieuses ; le tout dans des plats d’une espèce de cristal de roche. » (chapitre 17), ou encore le pays des Oreillons « Ils étaient entourés d’une cinquantaine d’Oreillons tout nus, armés de flèches, de massues, et de haches de caillou : les uns faisaient bouillir une grande chaudière ; les autres préparaient des broches… » (chapitre 16) sont autant de contrées folkloriques qui ajoutent une touche d’exotisme. Cela corrobore le fait que Candide peut être lu comme un roman d’aventures.

La multitude et la violence des péripéties de Candide, qui plus est dans un cadre exotique, font que Candide peut indubitablement être lu comme un roman d’aventures.

Enfin malgré le fait que Candide soit un conte philosophique, nous remarquons que Voltaire le met en scène par un voyage initiatique, caractéristique du roman d’aventure. Non content de réduire l’œuvre à une petite partie d’elle-même, ceux qui affirment que Candide est seulement un conte philosophique, privent donc le récit d’une de ces plus grandes richesses.

En premier lieu chaque étape d’un voyage initiatique renferme une sorte de « morale », ou plus exactement une vérité générale. Or ne pensez vous pas que l’on puisse, sans dénaturer l’œuvre, assimiler les aventures de Candide à autant d’étapes sur la chemin de la vérité ? En effet Candide va découvrir, à ses frais, que la grande majorité des hommes sont mauvais et fourbes, notamment lors de l’épisode du vol par M. Vanderdendur puis de l’escroquerie par le juge « La méchanceté des hommes se présentait à son esprit dans toute sa laideur » (chapitre 19), ou encore que la richesse est éphémère « Candide dit à Cacambo : Mon ami, vous voyez comme les richesses de ce monde sont périssables ; il n’y a rien de solide que la vertu et le bonheur de revoir mademoiselle Cunégonde. » (chapitre19 ; soit après être parti d’Eldorado) ou « Dans l’instant qu’on sortait de table, il arriva dans la même hôtellerie quatre altesses sérénissimes qui avaient aussi perdu leurs États par le sort de la guerre, et qui venaient passer le reste du carnaval à Venise. » (chapitre 26). On ne saurait douter du caractère initiatique de ces passages.

Néanmoins il ne saurait pas faux de se demander si se ne sont pas ses interrogations qui transforment son voyage en voyage initiatique. C’est parce qu’il remet en cause ce en quoi il croyait qu’il tire des leçons des ses expériences, et donc que son voyage est initiatique. Or ses interrogations en font le héros type du conte philosophique, et par la même occasion effacent le héros d’aventures.

Mais après mûre réflexion, il semble, encore une fois, que l’apparente contradiction ne tienne pas. En effet Candide ne doutait-il pas de la pensée optimiste dès le début de son voyage, lorsqu’il a été chassé du château, exilé loin de sa chère Cunégonde ? C’est ce doute qui a permis à Candide d’abandonner ses préjugés et d’apprendre à voir les choses telles qu’elles sont. De plus le voyage initiatique a pour but, comme son nom l’indique, d’initier, c’est-à-dire de former quelqu’un à une idée, un concept etc… Ici Candide ne s’éveille-t-il pas à la réalité du monde au fil de ses aventures ? Car c’est en voyageant autour du monde que Candide apprend à se détacher de la pensée optimiste de son précepteur, le philosophe Pangloss, et à penser par lui-même. C’est pourquoi, durant l’épisode de l’Eldorado et dans les derniers chapitres, Candide admet que tout n’est pas « bien dans le meilleur des mondes » « Quel est donc ce pays, disaient-ils l’un et l’autre, inconnu à tout le reste de la terre, et où toute la nature est d’une espèce différente de la nôtre ? C’est probablement le pays où tout va bien : car il faut absolument qu’il y en est un de cette espèce. Et, quoi qu’en dît maître Pangloss, je me suis souvent aperçu que tout allait mal en Westphalie. » (chapitre 17), ce qu’il fera ironiquement remarqué à son maître Pangloss, optimiste jusqu’au bout « Eh bien ! Mon cher Pangloss, lui dit Candide, quand vous avez été pendu, disséqué, roué de coups, et que vous avez ramé aux galères, avez-vous toujours pensé que tout allait le mieux du monde ? » (chapitre 28). Au dernier chapitre, justement intitulé Conclusion, l’ironie du narrateur, latente dans tout le livre, devient palpable et le discours sarcastique, mettant à bas la philosophie optimiste « Il était tout naturel d’imaginer qu’après tant de désastres Candide, marié avec sa maîtresse et vivant avec le philosophe Pangloss, le philosophe Martin, le prudent Cacambo, et la vieille, ayant d’ailleurs rapporté tant de diamants de la patrie des anciens Incas, mènerait la vie du monde la plus agréable ; mais il fut tant friponné par les juifs qu’il ne lui resta plus rien que sa petite métairie ; sa femme, devenant tout les jours plus laide, devint acariâtre et insupportable ; la vieille était infirme, et fut encore de plus mauvaise humeur que Cunégonde. Cacambo, qui travaillait au jardin, et qui allait vendre les légumes à Constantinople, était excédé de travail, et maudissait sa destinée. Pangloss était au désespoir de ne pas briller dans quelque université d’Allemagne. Pour Martin, il était fermement persuadé qu’on était également mal partout ; il prenait les choses en patience. » (chapitre 30). Nous pouvons donc affirmer que le voyage de Candide est bien initiatique.

Pour finir la dernière étape de Candide, au chapitre 30, abonde dans le sens d’un voyage initiatique et d’un roman d’aventure. En effet il s’y trouve le passage clé du livre, l’aboutissement du voyage initiatique de Candide « Maître, nous venons vous prier de nous dire pourquoi un aussi étrange animal que l’homme a été formé. – De quoi te mêmes-tu ? lui dit le derviche ; est-ce là ton affaire ? – Mais mon révérend père, dit Candide, il y a horriblement de mal sur la terre. – Qu’importe, dit le derviche, qu’il y ait du mal ou du bien ? Quand sa Hautesse envoie un vaisseau en Égypte, s’embarrasse-t-elle si les souris qui sont dans le vaisseau sont à l’aise ou non ? – Que faut-il donc faire ? dit Pangloss. – Te taire, dit le derviche. » De la même manière, la dernière phrase du livre « Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. » est prononcée par Candide et contient, à elle seule, toutes les morales que Candide à tirer de son voyage initiatique, soit qu’ils seront heureux uniquement grâce au travail qui les éloigne selon Voltaire des« trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin ».

La présence d’un voyage initiatique, qui plus effectué par un héros d’aventures, confirme que Candide peut être lu comme un roman d’aventure.

Candide présente un héros d’aventure, une succession de péripétie et de rebondissements dans un cadre exotique, et un voyage initiatique, qui permettent d’affirmer que ce livre peut être lu, aussi bien comme un conte philosophique en si vous vous intéressez davantage aux questions toujours d’actualité (esclavage, moeurs…) qu’il soulève, ou comme un roman d’aventure si vous vous attachez plus à l’action du héros et à son voyage initiatique.

Cependant les richesses de Candide sont très loin d’être épuisées. Par nature, ce livre est propre à la critique de la société du XVIIIème siècle, notamment par les questions, très modernes pour l’époque et encore d’actualité, des mœurs, de l’appât du gain, de l’esclavage etc. J’aurais aussi bien pu m’intéresser à la modernité de ce livre.

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