Perrault, Le Petit Chaperon rouge, Résumé
Résumé du conte
La plus jolie petite fille du village, le Petit Chaperon rouge, part visiter sa grand-mère malade à la demande de sa mère. Elle a pour mission de lui apporter une galette et un petit pot de beurre et pour ce faire, elle doit traverser le village en passant par la forêt. Le Petit Chaperon rouge va croiser la route du Loup et ne s’en méfiera pas. Elle lui donne des indications sur sa destination et accepte la proposition du Loup qui s’apparente à un jeu. Lorsqu’elle arrive à destination, le Loup a déjà dévoré la grand-mère et a pris sa place dans son lit. Quand la petite fille arrive enfin, elle tombe dans le piège et se fait dévorer à son tour. La morale de Charles Perrault qui succède au conte, indique les dangers pour une belle jeune fille, de faire confiance à ses rencontres.
Introduction
Le petit chaperon rouge est un conte de tradition orale écrit par Charles Perrault. Il est extrait du volume « Histoires ou Contes du temps passé » publié avec des moralités le 11 janvier 1697. La célébrité de ce conte et qui a fait l’objet de plus de trente versions différentes, tient de son originalité, du fait de son dénouement dramatique, plutôt rare dans l’univers du conte merveilleux.
Quel est le message de l’auteur à travers cette histoire cruelle et à qui s’adresse-t-elle ?
De l’analyse technique de l’écriture à la composition du texte, son ambiance, ses personnages et ses lieux mythiques, les actions sont décryptées. Elles visent à comprendre l’issue et la morale de cette histoire.
La structure du récit
L’auteur use de techniques pour rester dans l’esprit du conte. Le vocabulaire est désuet afin que le lecteur se plonge dans le monde du merveilleux.
Un texte vif
Charles Perrault a privilégié un conte court et sa dynamique tient à la rapidité de son rythme, sublimé par des dialogues concis. Le récit est vivant, comme prouvent les répliques de ce passage : « Ma mère-grand, que vous avez de grands bras ? C’est pour mieux t’embrasser, ma fille. Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes ? C’est pour mieux courir, mon enfant. » Les phrases sont brèves et s’enchaînent vite.
Les répétitions
L’auteur utilise les répétitions avec des formules récurrentes afin de donner une forme théâtrale à son texte. Le terme « galette » se répète six fois, celui de « petite », trois fois et les mot « pot de beurre », cinq fois. Pour une double action dont la première est dramatique, il reprend la même formule : « Tire la chevillette, la bobinette cherra ».
La narration
Le style narratif emprunté par le locuteur laisse planer un certain suspens : « Il était une fois » et donne un ton assez dramatique à l’histoire : « Un jour » ou « Le Loup ne fut pas longtemps à arriver à la maison de la Mère-grand ».
Les actions
Le récit fait appel à cinq événements qui vont s’enchaîner très brièvement. La première action se réfère à la demande de la mère : « Va voir comme se porte ta mère-grand, car on m’a dit qu’elle était malade ». C’est le point de départ de l’aventure du Petit Chaperon rouge. Ensuite, il y aura la rencontre déterminante avec le loup : « En passant dans un bois elle rencontra compère le Loup ». Viendra le premier drame avec la grand-mère : « Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien ». Puis, le dialogue entre le loup et la jeune enfant annonce le second drame : « Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes ? C’est pour mieux courir, mon enfant ». La dernière action faisant état du sort final du Petit Chaperon rouge : « Ce méchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge, et la mangea ».
L’ambiance du récit
Pour que le récit reste un conte de fées, il fallait que l’innocence et la légèreté prennent aussi forme. Si la tension est palpable dès le début de l’histoire, un passage apaisant tranche avec le reste du conte : « s’amusant à cueillir des noisettes, à courir après des papillons, et à faire des bouquets des petites fleurs qu’elle rencontrait ».
L’environnement
D’emblée, le récit montre la douceur de l’entourage familial du Petit Chaperon rouge. C’est une fillette adulée : « Sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore ». Cependant, l’absence du père est tout de suite un mystère puisque la figure paternelle n’est pas évoquée.
Les lieux
Les lieux sont assez vagues pour donner encore un ton énigmatique à l’histoire : « Un autre Village », « Un bois », « la Forêt », « C’est par-delà le moulin ». L’auteur ne décrit pas les endroits, laissant place à l’imagination du lecteur.
Le réalisme
Le récit a beau être un conte, il s’apparente au réalisme des fables de l’époque en passant par ses traditions : « Sa mère ayant cuit et fait des galettes ». Les situations n’en sont que plus réelles lorsque Charles Perrault fait vivre ses personnages : « mais il n’osa, à cause de quelques Bûcherons », ou encore « Le Loup ne fut pas longtemps à arriver à la maison de la Mère-grand ». Les descriptions sont explicites et sans retour : « La bonne Mère grand, qui était dans son lit à cause qu’elle se trouvait un peu mal », « Il se jeta sur la bonne femme » et « Se jeta sur le Petit Chaperon rouge, et la mangea ».
Les personnages
Chaque personnage à une symbolique très forte dans le récit de l’écrivain. Ce sont leurs actions qui détermineront la morale de cette histoire. S’ils avaient agi différemment, les drames ne seraient pas arrivés.
Le Petit Chaperon rouge
Elle est l’héroïne de ce conte et représente la beauté, la jeunesse et l’innocence. Les petites filles s’identifient à elle et l’histoire débute comme un conte de fée : « La plus jolie qu’on eût su voir », « Un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien ». Seulement le Petit Chaperon rouge est insouciant, confiant et cela va causer sa perte. Elle n’aurait pas dû se laisser approcher par le Loup. Ce qui sous-entend une représentation plus complexe, de la jeune fille face à un mâle. L’auteur avertit dans sa morale que les jeunes filles, surtout jolies, doivent se méfier des apparences. La séduction du Loup a trompé la fillette qui s’est senti en sécurité : « de tous les Loups sont les plus dangereux ».
Quant à la mère du Petit Chaperon rouge, elle porte inconsciemment la responsabilité de ce qui est en train de se jouer : « La pauvre enfant, qui ne savait pas qu’il est dangereux de s’arrêter à écouter un Loup ». Charles Perrault, comme à son habitude, condamne l’attitude des parents, irresponsables. L’absence du père n’étant pas non plus profitable à la situation.
Le loup
Le personnage du Loup est une symbolique pour représenter l’homme, le mâle. C’est un animal fourbe, séducteur et manipulateur. Il charme la jeune fille par deux fois, lors de leur rencontre dans le bois et en l’invitant dans le lit de la grand-mère. La fragilité de la fillette qui cueille des noisettes et court après les papillons tranche avec les actions du Loup : « Le Loup se mit à courir de toute sa force ».
Deux mondes séparent les deux protagonistes et les enfants sont mis en garde dans la moralité de l’auteur : « S’il en est tant que le Loup mange ».
En conclusion
Charles Perrault a osé terminer son récit brutalement avec la mort de l’héroïne. Or, les contes pour enfant sont généralement écrits afin de démontrer que les gentils sont toujours récompensés et les méchants, toujours punis. Il n’en n’est rien dans ce récit puisque le méchant Loup a supprimé deux personnes innocentes. L’enjeu de cette histoire serait plutôt de prévenir les jeunes femmes de l’ambiguïté des sentiments de l’homme. En 1857, les frères Grimm ont modifié ce récit pour rétablir l’ordre moral en intégrant le personnage du chasseur. Il viendra sauver la fillette et la grand-mère en ouvrant le ventre du Loup. Cette version paraît préférable aux petites filles mais anéanti de ce fait, les recommandations sans appel de Charles Perrault.