François Rabelais

Rabelais, Gargantua, Synthèse

I. Structure de l’œuvre

1. Gargantua dans l’œuvre de Rabelais

« Pantagruel » (1532) est écrit deux ans avant « Gargantua » (1534).

Ce n’est qu’en 1547 que Rabelais décide que Gargantua sera le premier livre de sa suite romanesque : « Le Tiers Livre » (1546), « Le Quart Livre » (1548), « Le Cinquième Livre » (1564).

Rattachement de « Gargantua » au « pantagruélisme » !

Il est présenté dès le prologue comme lié à des « pantagruélistes ». Au chapitre 34 de « Pantagruel » : il faut « vivre en paix, joie, santé, faisant toujours grande chère » ; le lecteur lit non pour « nuire à quelqu’un méchamment mais pour passer le temps joyeusement ».

Différences entre « Gargantua » et « Pantagruel »

Il semblerait que le réflexions philosophiques et morales soient plus importantes dans « Gargantua ».
Les réflexions sur l’éducation, sur la guerre, sont présentes dans les deux romans mais beaucoup plus développées dans « Gargantua ».

Points communs entre les deux romans

Les deux œuvres reproduisent de manière parodique le modèle du roman médiéval.
– Généalogie des géants ;
– Choix du nom du héros par son père ;
– Leur enfance (plus développée chez « Gargantua« ) ;
– La guerre (plus développée chez « Gargantua« ) qui est un moyen d’évoquer la vaillance et la sagesse des héros (ce qu’on appelait au Moyen-Age les « prouesses »).

2. L’organisation du roman

Découpage en chapitres

Les titres forment presque à chaque fois une sorte de résumé du chapitre. Rabelais fait ainsi disparaître le suspense pour que le lecteur s’intéresse moins à l’action et plus à la façon dont elle est écrite.
Tous les chapitres ne semblent pas liés les uns par les autres (alternance entre chapitres sérieux et chapitres comiques). Il est possible de les lire dans avoir lu les précédents. Chaque chapitre est centré sur un seul épisode. Ce côté « haché » du récit permet à Rabelais de faire des dégressions fantaisistes, chaque chapitre pouvant changer de ton.

Structure d’ensemble

Deux structures possibles :
– La première fait apparaître l’alternance entre fantaisie et sérieux ;
– La seconde fait apparaître la place centrale de Frère Jean comme emblème de liberté et de capacités à ne pas subir les règles : « les prières sont faites pour l’heure et non l’heure pour les prières ».

II. Le système des personnages

La plupart des personnages sont issus des « Grandes et inestimables chroniques du géant Gargantua » (1532). Rabelais les réutilise :

1. L’onomastique (symbolique derrière un nom)

– Grandgousier/Gargamelle = idée de nourriture.
– Gargantua.
– Ponocrates = grand travailleur.
– Gymnaste = entraîneur – gumno = nu en grec.
– Eudemon = bienheureux.
– Picrochole = bile amère.
Ducs de Tournemoule, Bas de Fesse, Mennail, Vicomte de Morpiaille, capitaine Merdailler…

2. Les relations entre géants et humains

On oublie la plupart du temps la différence de taille entre les personnages. Elle réapparaît cependant par moments, comme si Rabelais l’utilisait quand cela l’arrange :
– Les cloches de Paris deviennent cloches pour la jument.
– Les boulets de canon.
– Les six pèlerins mangés en salade.

III. Les messages de l’œuvre

1. L’éducation

Critique de l’éducation médiévale

– Savoir quantitatif.
– Savoir formel sans logique (Gargantua apprend par cœur des leçons qu’il peut réciter dans le désordre, ce qui montre l’absence de logique) et coupé de son contexte (« il est vain de vous lever avant le jour » devient une raison de paresser au lit car il manque la fin du verset « si la grâce de Dieu n’est pas avec vous »).
– Manque de soin corporel.

Le modèle humaniste

– Faire confiance à la nature.
– Bien utiliser son temps.
– Connaître l’Antiquité.
– Avoir une culture variée.
– Prendre soin de son corps (hygiène et exercice).
– Prier Dieu.

Une éducation qui peut paraître utopique mais que l’on retrouvera à Thélème.

2. La guerre

La guerre ne peut être que défensive. Elle est donc nécessaire si on est attaqué car elle est alors vue comme moyen de rétablir la paix.
Il faut agir avec réflexion et humanité (cf. l’attitude de pardon de Gargantua à la fin de la guerre picrocholine).
Mais il faut aussi savoir punir et rétablir l’ordre.

3. La religion

Critique de l’aspect formel de la religion. Importance accordée à la relation avec Dieu.
Influence protestante ?
(Frère Jean et abbaye de Thélèmes).

4. La littérature

Satire du roman de chevalerie médiéval, dans lequel le héros (toujours un seigneur) partait courir le monde pour accomplir de grands exploits (cf. épopée).
Ici le seigneur est certes un prince, mais fantaisiste, géant, bon vivant…
Cela permet à Rabelais d’utiliser un genre connu de tous, mais en y glissant une réflexion humaniste sur les thèmes que l’on a vus ci-dessus.

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