II. L’univers adolescent
1. L’importance des sensations
L’univers adolescent nous est ici présenté. L’importance des sensations y est sollicitée ainsi que les 5 sens notamment par :
– La vue aux vers 9, 10,11
« – Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond »
– Auditive aux vers 3,7
« Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! » ; « Le vent chargé de bruits – la ville n’est pas loin »
– Olfactive aux vers 5, 6, 8, 12
« Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! » ; « L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ; » ; « A des parfums de vigne et des parfums de bière…. » ; « Avec de doux frissons, petite et toute blanche… »
– Le goût au vers 14
« La sève est du champagne et vous monte à la tête… »
– Au toucher aux vers 15, 16
« On divague ; on se sent aux lèvres un baiser » ; « Qui palpite là, comme une petite bête… »
Tous ces sens participent à une euphorie c’est-à-dire à une exaltation des sensations agréables associées à la nature.
2. Le rôle de l’imagination
L’univers adolescent se traduit également par le rôle de l’imagination qui apparaît en deuxième partie du vers 9 à 17.
Des vers 9 à 12 Rimbaud nous fait une féminisation de la nature :
« – Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche… »
La sensualité est évidente des vers 11 et 12, il utilise la douceur de ses sentiments. Des vers 15 à 16, « On divague ; on se sent aux lèvres un baiser » ; « Qui palpite là, comme une petite bête… », le thème de l’ivresse est abordé, on découvre le désir d’amour, le désir d’aimer du poète qui cherche à nous prouver qu’il a besoin de se sentir aimé à tout prix. C’est un désir réel mais qui reste avant tout l’objet de l’imaginaire, le pur fruit de son imagination.
Nous avons donc la référence au roman qui se fait par le cœur fou exalté du poète, il utilise le rôle de l’imagination afin de nous montrer son désir d’adolescent, la réalité d’un imaginaire. Nous pouvons constater le néologisme du vers 17 déjà cité précédemment « Le cœur fou Robinsonne à travers les romans, » qui se place à l’hémistiche.
3. La rencontre amoureuse
Rimbaud, à travers Roman, nous raconte son histoire amoureuse imaginaire. On constate tout d’abord au vers 18 « Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère, » que ce vers marque une rupture, un tiret, un moment présent et unique. Nous avons également le rejet du coup de foudre au vers 24 « – Sur vos lèvres alors meurent les cavatines… » qui se fait par le mot « meurent » qui signifie pour Rimbaud, le manque d’assurance et la dévalorisation. L’importance des points de suspensions suppose un coup de foudre. L’anaphore au vers 29, nous montre l’exaltation du poète « – Ce soir-là,… – vous rentrez aux cafés éclatants, », le poème suit toujours une chronologie, on le remarque au vers 28 avec « puis» « – Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire !… ».
L’univers adolescent se résume ainsi par l’amour, la découverte d’un amour inconnu aux yeux de Rimbaud mais ceci en tire d’un témoignage amusé.