Charles Baudelaire

Baudelaire, Les Fleurs du Mal, La Vie antérieure

Poème étudié

« La Vie antérieure » – 12ème poème

J’ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d’une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes ,
Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs,

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l’unique soin était d’approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.

Baudelaire, Les Fleurs du Mal

Plan d’analyse

Axe 1 : Un monde merveilleux, une sensation de bien-être

1. Les descriptions
2. Les sensations

Axe 2 : Un poème qui se veut nostalgique

1 – Une vie antérieure
2 – Le rejet d’un monde oppressant

Introduction

Ce 12ème poème des Fleurs du Mal propose au lecteur un univers paradisiaque, exotique se mêlant à l’expression des sensations. L’auteur propose ainsi par la nostalgie une forme de plaisir et de bonheur : un idéal.

L’analyse formelle du poème nous amène à distinguer 4 strophes de 2 quatrains suivis de 2 tercets. Chaque alexandrin est réparti en 2 hémistiches de 6 syllabes en rimes embrassés.

Axe 1 : Un monde merveilleux, une sensation de bien-être

1. Les Descriptions

Dans ce poème, Baudelaire insiste sur la description des paysages. Il cherche à proposer au lecteur un monde exotique, vaste et merveilleux : « vastes portiques », « majestueux ». Sont ainsi évoqués la terre, la mer (symboles de la liberté) et les cieux (symbole du bonheur).

Ce monde vaste s’illustre par des espaces tels que des « grottes basaltiques », « houles », « cieux » ou « vagues ».

La richesse des ressources sont mis en évidence par les odeurs, la musique mais aussi les couleurs (« mille feux », « azur »).

Le calme (par des allitérations) y est aussi dominant, on a affaire à un véritable paradis terrestre où chaque objet, chaque espace (les flots, le port) ou chaque personnage (les esclaves) apportent un sentiment de bien-être, de tranquillité.

Cet ensemble est formellement énoncé par des figures de styles mais surtout par des synesthésies, des allitérations et des descriptions paradisiaques.

2. Les sensations

De nombreuses sensations tendent à être partager avec le lecteur via une richesse sensorielles :

le visuel
l’olfactif
l’aspect sonore

La vue s’exprime par les nombreuses descriptions qui tendent à nous faire évader dans un paradis terrestre, dans un tableau artistique par des champs lexicaux tel que l’exotisme ou le soleil.

L’olfactif ou l’odorat sont aussi sensibilisés : « imprégnés d’odeurs ».

L’aspect sonore du poème s’exprime par la musique, et des allitérations qui cherchent à renforcer le sens même du texte.

Il y a dans le poème une accumulation des sens qui ne semble pas vouloir s’arrêter par des synesthésies telles que « les parfums, les couleurs, et les sons se répondent ».

L’idée d’un univers paradisiaque est confirmé tout comme l’évasion du lecteur dans l’univers Baudelairien.

Axe 2 : Un poème qui se veut nostalgique

1. Une vie antérieure

L’auteur semble nostalgique, en effet il n’hésite pas exprimer l’existence d’une vie antérieure semblable à ce paradis terrestre. Une vie qui semble avoir été conquise par chacun d’entre nous. Baudelaire évoque ainsi une forme d’illusion entre la vie d’autrefois et celle d’aujourd’hui. Une fois de plus, l’idéal amène l’échec ou plus précisément le spleen, une sensation de mal être, de chagrin et de nostalgie.

Baudelaire fait ainsi référence à une vie parfaite, de bonheur qui reste en chacun de nous et qui nous amène à recherche une semblable condition durant notre vie présente. Cette réflexion est illustrée par « j’ai souvent habité », « j’ai vécu », « le secret douloureux ».

Le poème balance ainsi vers le chagrin via des procédés rhétoriques par rapport au coucher du soleil.

2. Le rejet d’un monde oppressant

Le spleen évoqué par l’auteur évoque un profond regret et une sensation de nostalgie importante. Ce dernier s’aide de la philosophie platonicienne (chaque humain est dans une grotte et ne peut accéder à la partie extérieure, la vraie vie).

Il considère ainsi que toute la société n’est qu’illusion et que l’idéal, le bonheur, la vie antérieure est ailleurs. La sensation d’oppression est soulignée de ce fait.

Conclusion

« La vie antérieure » évoque une vie idéale pleine de bonheur, de liberté et d’évasion.

En faisant référence à la philosophie Platonicienne, Baudelaire évoque une vie faite d’illusion où l’oppression de la société conduit chacun de nous dans un état de spleen, de nostalgie et de chagrin profond.

Le lecteur est ainsi sensibilité par les sentiments mais aussi par les sensations en interactions qui renforcent cette vision réaliste…

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