Denis Diderot

Diderot, Le Neveu de Rameau, De l’Or

Texte étudié

Commentaire de « De l’or, de l’or. L’or est tout » à « pas même votre estime et votre respect ».

Introduction

Né en 1713, Diderot se voit confier la rédaction en chef de L’Encyclopédie pendant 30 ans, ce qui l’absorbe et l’empêche de produire des œuvres personnelles. Il a souvent repris ce manuscrit du Neveu de Rameau avant de le publier à 50 ans.

Dans les pages qui précèdent, Diderot nous a déjà présenté le neveu du grand musicien, marginal et d’un esprit critique qui s’exerce sur les institutions et la société.

Nous arrivons vers la fin du dialogue, et nous commençons à vraiment connaître les points de vue des deux protagonistes sur divers thèmes de la société du XVIIIème siècle. On revient ici sur le thème de l’éducation, mais cette fois-ci concernant le fils du Neveu.

I. Pantomime

A. Les causes de la pantomime

Il est un musicien de cœur : le langage n’est donc pas primordial à ses yeux.

Il a une vocation d’acteur : faute d’avoir une individualité sociale, il aime jouer des rôles.

Son fils est sans doute fort jeune, donc encore inapte au dialogue.

Le Neveu est contre  » les belles maximes dont on doit lui farcir la tête « , il se montre plus direct avec son fils.

B. Les sentiments traduits par le mime

Le père exprime tour à tour à l’enfant que l’or est utile à tout, produisant donc à la fois bonheur et fierté. Le rythme ternaire donne l’impression que l’on peut avoir une abondance de choses avec un Louis d’or.

Il exprime également le désir chez l’enfant, ce qui est une manière très forte à cet âge de montrer que l’on peut s’approprier toutes sortes de choses avec un Louis d’or.

On doit donc avoir pour l’or une admiration et une dévotion quasi-religieuse (le neveu est anticlérical et même antireligieux).

C’est une sorte de dressage à l’adoration de l’argent : répétition des mots « or » et « louis ». Anaphore du « je » qui montre que le neveu est sûr de lui.

Transition : Cette pantomime révèle que le neveu souffre de sa pauvreté, et surtout parce qu’il la méprise.
Le Neveu a les mêmes buts dans l’éducation de son fils que la fille du philosophe : en faire un enfant adapté à la société.

II. Une morale pragmatique

A. Ce qu’elle ne prétend pas être

Elle ne résulte pas d’une foi religieuse, un désir gratuit de faire le Bien (conformément au judéo-christianisme).

Elle exclue toute sévérité morale : le neveu souligne que la sévérité avec les enfants ne produit rien et ne les prépare pas à la vie sociale.

B. Une morale purement et ouvertement sociale

Elle est fondée sur une observation sans indulgence de la société, jugée immorale.

Le neveu est indifférent à la moralité comme à l’immoralité de l’éducation qu’il donne à son fils, seul compte le but : être heureux à tout prix dans une société qui n’a de respect que pour la richesse, peu importe les moyens d’y arriver (Le neveu avait déjà pensé au destin qu’aurait eu sa fille s’il en avait eu une ? Prostitution).

Au fond, le philosophe et le Neveu sont d’accord : il faut adapter son enfant, afin de l’insérer dans la société. Seuls les moyens d’insertion changent. Ceux du Neveu sont plus rapides mais complètement immoraux.

Critique de la société car elle est fondée sur la richesse. Se voit notamment dans les dernières répliques : « S’il est riche, vous le saluerez = vous aurez de la considération ».

Conclusion

Le Neveu est d’ici d’un réalisme aussi cynique que pragmatique : au XVIIIe siècle, en étant riche, on gagne le respect de tous, peu importe la manière d’y arriver. Le bonheur est donc matérialiste.

Le Neveu a une importance historique : son mépris pour la société contemporaine ébranle déjà les fondements du régime, 20 ans avant que Beaumarchais ne lance son Figaro.

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