Denis Diderot

Diderot, Le Neveu de Rameau, Résumé

Le philosophe se plait à errer dans les jardins du Palais Royal et à se réfugier dans le Café de la Régence. Ses promenades sont l’occasion d’observer les joueurs d’échecs, de rencontrer quelques marginaux. Un original se présente à lui, c’est le neveu du célèbre musicien Jean Philippe Rameau. Ensemble le philosophe, « moi», et le neveu de Rameau, « lui » discutent :

Les deux comparses commentent le jeu des joueurs d’échecs. La conversation dévie sur le Génie. Le neveu de Rameau, en illustrant son propos par l’exemple de son oncle, affirme que le génie est à la fois une source de bienfaisance et de progrès pour l’ensemble de la société, et une malédiction pour les individus qui subissent le caractère bien souvent fantasque du Génie.
Le philosophe acquiesce. Le génie est un mal nécessaire pour faire progresser le monde. Les œuvres qu’il laisse derrière lui sont essentielles pour l’humanité. Le caractère impétueux du génie est volontiers pardonné par ce qu’il lègue à la postérité.
Le neveu réfute : la gloire posthume des génies n’est d’aucune utilité. Pour lui, mieux vaut être bon et riche dans ce siècle. En cela, il préfère ne pas être un génie et jouir du bonheur présent.
Le neveu entame un air des Indes Galantes et s’imagine être un musicien célèbre… Douce et éphémère griserie.

Quand le neveu abandonne ses rêveries, il confie au philosophe son désarroi : chez la comédienne Melle Hus, alors qu’il amusait l’assemblée, il eut une parole malencontreuse, rendant leur sérieux aux invités. Le trouble-fête fut immédiatement exhorté à partir. Lui et moi débattent alors de la dignité de l’homme, de la flagornerie et de la difficulté d’être pauvre, d’être un parasite pour la société. Mais après tout, la mort ne rend-elle pas riches et pauvres égaux ?

Le neveu interroge alors le philosophe sur l’éducation, en particulier celle de sa fille âgée de 8 ans.
Les enseignements fondamentaux (grammaire, maths, histoire, géographie) et la morale sont privilégiés. Le philosophe veut préparer l’enfant à devenir un être de raison.
Mais le neveu conteste les méthodes de son compère. Pour lui, une matière en doit être enseignée que si elle est parfaitement sue et maitrisée. Seule l’utilité ou l’intérêt justifie d’être éduqué. L’essentiel est de savoir plaire et non de savoir raisonner.
Par ailleurs la vie sociale ne saurait encourager la moralité : le riche est souvent estimé. A contrario le vertueux n’est jamais riche.
Le philosophe s’offusque. Le citoyen doit respecter certains devoirs moraux. Afin d’illustrer son propos, il raconte une édifiante histoire : dans une famille, le jeune fils, méprisé de tous, partit faire fortune à Carthagène. Pendant son absence, le frère ainé spolia ses parents. Le cadet revint secourir ses parents infortunés. Tout fut pardonné à cette famille qui autrefois le conspuait. Parents et enfant furent réconciliés et vécurent les plus heureuses années de leur existence.
Le cynique neveu critique vivement cette morale édulcorée. Tromper n’est pas voler. L’hypocrisie est partout. La société est ainsi faite : abuser des plus riches pour restituer aux plus pauvres est inévitable.

Conformément à sa vision moraliste du monde, le philosophe affirme tirer son bonheur de la charité : vivre honnêtement, dans le plaisir du devoir accompli.
Le neveu reste incrédule. N’y a-t-il pas d’honnêtes gens malheureux ? N’a-t-on jamais vu un homme malhonnête être heureux ? Ne peut-on pas tirer profit de ses vices ?
Le neveu refuse une conception manichéenne des individus et de l’existence.

Vexé, le philosophe suggère au Neveu de retourné chez ses protecteurs et de continuer ses basses flatteries.
Le neveu se justifie : la flatterie est un art qui demande un certain génie. Il est un comédien dévoyé.
Il se souvient : autrefois il était sous la protection du financier Bertin. Tous les hommes rivalisaient en flagorneries pour s’attirer la bienveillance de cet homme…Voltaire, Rousseau et Diderot lui-même.
Le philosophe s’étonne de la finesse du jugement du Neveu sur ses semblables. La fréquentation du vice est en effet une bonne école de vie. La lecture l’a également instruit. Les Caractères de La Bruyère et le théâtre de Molière sont ses lectures favorites. Il avoue puiser dans ces lectures la matière nécessaire afin d’affiner son jeu d’acteur parasite, de perfectionner son être et son paraitre.
Le neveu fait l’éloge de son métier. Les parasites de son espèce sont engagés en raison justement de leur vilénie. Médire ses bienfaiteurs n’est pas une attitude ingrate mais une question de justice.
Le philosophe est indigné. Le neveu lui rapporte l’histoire suivante : A Avignon, les inquisiteurs persécutaient les juifs qui refusaient de se convertir au catholicisme. Un juif fut averti de sa prochaine arrestation par un renégat. Alerté, le juif décida de fuir. Mais peu de temps avant son départ, le renégat le vola et embarqua à sa place. Le lendemain, le juif fut arrêté et tué. Le traitre vécu riche et heureux.

Le philosophe, horrifié par ce récit, détourne la conversation. Il invite le Neveu à débattre de la musique. Le Neveu mime une scène d’opéra. Pour lui la musique doit exprimer l’intensité de la passion.
Le philosophe souligne la contradiction du Neveu qui sublime la musique et ne sait apprécier la beauté morale. Le Neveu ne sait d’où lui viennent ces ambigüités. Il avoue éduquer son fils dans le respect de l’argent qu’il considère comme source de bonheur et de plaisir. La vie n’est-elle pas la quête des jouissances et des plaisirs sans contraintes ?
Le philosophe admet que son interlocuteur est un homme comme les autres, il partage les mêmes vertus et les mêmes vices que ses congénères. Mais il se distingue de la masse des individus par sa franchise.
Le Neveu conclut : il ne peut aller contre sa nature. C’est elle qui choisit de façonner son caractère ainsi. Il joue une grande pantomime où chacun se retrouve, riches et pauvres.
Le philosophe regrette la complaisance du Neveu qui ne compte guère changer d’attitude.

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