I. Premier quatrain
Longue proposition initiale du vers 1 à 3 : « c’est un trou… d’argent » : 12 syllabes + 12 + 12. La rupture du rythme au vers 3 après le rejet de « l’argent » est marquée par une coupe assez forte. Puis, une seconde relative relance la phrase, en poursuivant les caractérisations du lieu. La nature apparaît à la fois accueillante et étrange. On note l’étroitesse du lieu (vers 1) « trou de verdure », (vers 4) « petit val ».
La lumière est relative et hésitante « Luit… rayons ». Le thème fondamental est bien celui de la couleur, de la lumière (les mots au vers 3 : « argent », « soleil », « rayon »…). Les voyelles vives évoquent la lumière : « rayon », « montagne ». Même s’il y a beaucoup de lumière, celle-ci n’est pas éclatante, ni chaude, il s’agit en effet de couleurs froides. La nature d’autre part est personnifiée (vers 1) « chante », (vers 2) « follement », (vers 3) « fière ».
Dans la personnification du vers 1, la rivière est une sorte de poète qui crée de « l’argent » à partir de rien, (vers 2 et 3) « des haillons d’argent » (référence à l’humidité). Cette nature est à la fois banale : personnification, endroit accueillant ; mais elle comporte aussi des éléments étranges. Sa gaieté et son caractère vivants sont donc altérés par une certaine étrangeté. La lumière est très présente mais atténuée comme celle de l’éclairage d’une scène ;lumière mise en relief par les rejets : « argent » (vers 3), « lui » (vers 4) qui sont des éléments froids : il y a donc un mélange de froideur, d’humidité et de lumière. Il s’agit d’un décor accueillant mais sans chaleur, et donc d’une réalité qui fait naître une inquiétude diffuse.