Corneille, L’Illusion comique, Résumé
L’Illusion comique est une pièce de théâtre en cinq actes de Pierre Corneille.
D’abord jouée en 1636 au théâtre du Marais, elle est publiée pour la première fois en 1939 chez Targa. L’Illusion Comique, souvent qualifiée de tragi-comédie, réussit la rencontre entre tous les genres théâtraux, comme l’explique lui-même l’auteur dans le prologue : « Le premier acte n’est qu’un prologue, les trois suivants font une comédie imparfaite, le dernier est une tragédie, et tout cela cousu ensemble fait une comédie ». Ode au genre théâtral, elle pose la question de l’illusion sur les planches et confirme la maîtrise prodigieuse de ce genre par Pierre Corneille.
Acte I
Pridamant est au désespoir : il n’a pas de nouvelles de son fils Clindor, qui a fui la sévérité paternelle il y a 10 ans. Son ami Dorante lui conseille de consulter Alcandre, un magicien prodigieux, qui pourrait l’aider à retrouver la trace de Clindor. La rencontre a lieu devant la grotte qui sert de logis à l’oracle. Alcandre connaît déjà le malheur qui amène Pridamant : il peut voir la vie de son fils, et lui propose de la lui montrer grâce à ses dons d’illusion. Clindor, selon le magicien, a parcouru l’Europe et exercé toutes sortes d’activités, avant de trouver fortune dans la ville de Bordeaux. Le magicien demandé à Dorante de prendre de retraite et invite Pridamant à entrer dans la grotte pour y faire apparaître des scènes de la vie de Clindor.
Acte II
Le magicien reconstitue une scène sous les yeux de Pridamant : celle de Clindor en compagnie de son maître Matamore, sous la forme de «deux fantômes vains ». Ce dernier, personnage sorti tout droit de la commedia dell’arte, est un général fanfaron se vantant de ses exploits militaires, de son succès auprès des femmes, et de l’admiration que vont jusqu’à lui porter dieux et astres. Clindor, complaisant, flatte le maître. Les deux battent en retraite à l’arrivée de la belle Isabelle et de son prétendant Adraste. Isabelle éconduit le gentilhomme, qui promet qu’il aura recours à l’autorité de Géronte, le père d’Isabelle, pour obtenir sa main. Au départ d’Adraste, Matamore et Clindor réapparaissent, et Matamore cherche à séduire la belle en lui contant ses exploits. Il est interrompu par la soi-disant arrivée d’une missive de l’une de ses prétendantes, la reine d’Islande.
Clindor en profite pour déclarer sa flamme à Isabelle, qui lui avoue également son amour. Mais elle craint que son père ne s’oppose à la liaison. Adraste, se doutant de la rivalité de Clindor, demande à Lyse, la servante, de faire surprendre les deux amoureux. Lyse, jalouse de l’amour que porte Clindor à Isabelle, exprime en aparté le souhait se venger.
L’acte se clôt sur les deux spectateurs, Pridamant inquiet pour son fils et le magicien rassurant quant à la tournure que prendront les événements par la suite.
Acte III
Géronte reproche à sa fille de rejeter Adraste, et de ne pas faire honneur à l’attention que lui porte un si bon parti. Malgré les protestations d’Isabelle, Géronte assure qu’il la forcera à épouser Adraste. Géronte passe aux insultes à l’encontre de Matamore, venu, gonflé d’orgueil, demander la main de sa fille.
Se retrouvant seul avec Lyse, Clindor fait mine de séduire la servante, en lui proposant une liaison lorsqu’il aura réussi à obtenir la main d’Isabelle. Lyse, malgré les flatteries de Clindor, n’abandonne pas son idée vengeance.
Isabelle et Clindor se rencontrent à nouveau, pour converser de leurs projets de mariage mis à mal par Géronte. Matamore, les espionnant, est atterré. Au départ d’Isabelle, il sort furieux, et menace de tuer Clindor. Mais celui-ci lui fait croire que les hommes de Géronte sont à leur poursuite, et veulent leur peau. Effrayé, Matamore abandonne gracieusement ses aspirations pour Isabelle.
Celle-ci remercie Matamore pour sa grande générosité, avant d’embrasser Clindor. Hélas, le baiser est surpris par Adraste, furieux. Clindor n’a d’autre choix que de le tuer, mais le crime est surpris par un valet de Géronte, qui l’envoie directement en prison. Pridamant, toujours spectateur, s’inquiète à propos du sort de son fils.
Acte IV
Isabelle désespère quant au sort de son bien-aimé, et fait le vœu d’accompagner son amant dans la mort. Lyse, sarcastique, lui conseille de trouver un nouveau prétendant avant de lui proposer son aide : elle va sauver Clindor de l’exécution en séduisant le geôlier qui organisera la fuite du prisonnier. Seule, Lyse explique son geste : elle se repentit d’avoir causé le malheur de Clindor.
Matamore apparaît, ivre : il s’était caché dans le bûché en avalant le contenu des bouteilles d’ambroisie se trouvant sur place. Une fois les deux femmes s’étant défaites du poltron, le geôlier vient leur expliquer qu’il a tout organisé pour l’évasion de Clindor.
Celui-ci, seul dans sa cellule, se désole et redoute la mort. Ses craintes sont confirmées lorsque le geôlier vient lui annoncer son exécution prévue pour la nuit suivante. Mais au moment venu, les bourreaux ne sont autres que Lyse et Isabelle : Clindor est sauvé, les deux amants vont fuir ensemble.
Dans la grotte, Pridamant est soulagé. Alcandre lui annonce qu’il va lui montrer ce qu’il advient à présent du couple.
Acte V
Malgré la joie de Pridamant, Alcandre demande au père de se maintenir sur la réserve. Sous leurs yeux prend forme une scène nocturne, au cœur d’un jardin. Les protagonistes sont vêtus d’habits somptueux. Isabelle, en princesse éplorée, rapporte à Lyse que son époux n’est qu’un traître qui la trompe avec la princesse Rosine. Clindor apparaît, et confondu par l’obscurité, il déclare son amour à celle qu’il pense être Rosine mais n’est autre qu’Isabelle. Isabelle reproche ses infidélités à son époux déloyal, elle qui a tout sacrifié pour lui. Clindor ne se laissant pas démonter, lui réaffirme son amour, tout en faisant l’éloge de l’infidélité. Isabelle est désespérée par ce comportement, et menace de se suicider. Clindor renonce à Rosine. Font alors irruption les hommes du prince de Florilame, qui exécutent Rosine et Clindor : le prince, amoureux d’Isabelle, se défait ainsi d’un rival et sauve l’honneur d’Isabelle. Celle-ci, de douleur, s’évanouit.
Primadant est effondré par la scène de l’assassinat de son fils, alors que l’oracle raille la situation. Il finit par lever le rideau pour montrer son fils et les autres comédiens en train de se partager l’argent gagné : Clindor et Isabelle sont en réalité devenus comédiens ! Alcandre a permis grâce à ses pouvoirs une mise en abîme de la pièce, et le magicien clôt la pièce sur un plaidoyer pour le genre théâtral. Primadant est désormais convaincu que son fils fait le bon choix en poursuivant son art.