Guy de Maupassant

Maupassant, Deux amis, Résumé

Deux Amis est une nouvelle du célèbre écrivain français Guy de Maupassant. Parue en 1883, cette nouvelle s’articule autour de deux personnages principaux ; lesquels faisaient route pour une partie de pêche, qui finit de façon très dramatique. Les deux amis, personnages principaux de ce livre de Guy de Maupassant, ont fini fusillés. Initialement publiée dans la revue Gil Blas du 5 février 1883, sous le pseudo Maufrigneuse, puis dans le recueil Mademoiselle Fifi, cette nouvelle est inspirée d’un fait réel. Retour sur les événements.

Contexte

Pour comprendre les Deux Amis de Guy de Maupassant, il faut retourner au printemps 1871, dans la période du siège de Paris, lors de la guerre franco-prussienne de 1870. La ville de Paris était morose et triste, assiégée par les Prussiens, la population affamée. À l’époque, l’empire de Napoléon III a déclaré la guerre à la Prusse et la République qui a succédé à l’Empire le 7 septembre 1870 s’est inscrite dans la même dynamique, continuant cette guerre aux conséquences dévastatrices. C’est le tonnerre des batteries d’artillerie du mont Valérien qui dictait le rythme de la vie dans le cœur de Paris à l’époque. Côté nourriture, c’était la pire des situations à laquelle pouvait être confronté un être humain. Il n’y avait rien de convenable à manger. Les entrées et sorties de la ville se faisaient à peine remarquer.

Présentations des personnages

C’est donc dans ces conditions de vie dégradantes que Monsieur Morissot, modeste horloger au train de vie sobre, pantouflard occasionnel, se promenait l’air abattu sur les boulevards, les mains dans la poche de sa culotte d’uniforme, le ventre creux. Il était un passionné de pêche à la ligne, au point où cette passion frisait le fanatisme. En temps de paix, Morissot avait pour habitude de se rendre aux bords d’Argenteuil depuis Paris, tous les dimanches, via le chemin de fer. Cette époque est bien loin désormais à son entendement, vu l’état de siège dans lequel se trouve désormais Paris, où les sorties sont interdites.

Une once de bonheur dans ce lot de tristesse pour Morissot fut la rencontre de son ami Monsieur Sauvage. Modeste petit commerçant, mercier et également passionné de pêche, Sauvage avait fait la connaissance de Morissot sur les rives de la Seine, et ils sont tous deux en harmonie lorsqu’il s’agit de partager le calme et la douceur de la campagne chaque dimanche. Pour eux, le bonheur parfait est de rester des heures en silence, à regarder le bouchon flotter à sentir les rayons solaires parcourir leurs dos. Ils avaient une complicité à nulle autre pareille, se comprenaient à travers un simple regard, sans avoir à s’adresser un seul mot. Chaque dimanche, ils restaient une demi-journée côte à côte, la ligne à la main, les pieds ballants au-dessus du courant. Ils partageaient leur instant de bonheur, ignorant le triste sort que leur passion, ou leur courage insensé devrait-on dire, leur réservait, à savoir leur coûter la vie, sous des coups de fusils allemands.

En considérant le style d’écriture de Guy de Maupassant, on se rend vite compte que l’onomastique de ses nouvelles donne généralement un aperçu précis de ses intentions à l’endroit des personnages de ses œuvres. Dans le cas de la nouvelle « Deux Amis », la répétition de la consonance « so » dans les noms des deux personnages que sont Morissot et Sauvage est une expression implicite de la sottise qui les a poussés à franchir le Rubicon et à poser un acte aussi insensé que dangereux, dans une des périodes les plus dangereuses de l’histoire de la ville de Paris.

Les faits

Après avoir échangé quelques mots lorsqu’ils se sont rencontrés en ce jour tragique, Morissot et Sauvage décidaient d’aller pêcher dans l’île de Marante à Colombes, ceci malgré les consignes des occupants ; preuve du degré auquel leur passion commune avait de l’importance à leurs yeux. Leur partie de pêche les amenait à prendre un risque, celui de dépasser les limites où ils devaient se tenir. Morissot et Sauvage entraient alors dans les limites des ennemis allemands. En face, le village d’Argenteuil semblait inanimé. Le pays était dominé par les hauteurs d’Orgemont et de Sannois. La grande plaine qui s’étendait jusqu’à Nanterre était vide, avec ses cerisiers nus et ses terres grises.

La présence des Prussiens pouvait se fait sentir, sans que les deux amis ne les aperçoivent. Les ruines de Paris, les pillages et les massacres suffisaient à rappeler leur présence. Pendant un instant, les deux amis ont été pris de peur, envisageant même de rebrousser chemin. Parlant des Prussiens, Morissot demandait à Sauvage « Hein ! Et si nous allons en rencontrer ? », Sauvage répondit « Nous leur offrirons une friture ». Ils ont longtemps été intimidés par le silence à l’horizon et ont hésité à continuer leur chemin. Sauvage se décida alors en disant « Allons, en route ! Mais avec précaution. » L’œil inquiet, l’oreille tendue, les deux amis descendirent dans un champ de vigne, profitant des buissons pour se faufiler jusqu’à la rivière, d’où ils ne reviendraient jamais.

C’était en une matinée en plein printemps, où le soleil faisait flotter une buée qui coulait avec l’eau et versait dans le dos des deux amis pêcheurs passionnés une bonne chaleur. À cette douce sensation, Morissot disait parfois « Hein, quelle douceur », et à son ami Sauvage de lui répondre « Je ne connais rien de meilleur ». Tout en souriant, il ajoute «Quel spectacle ! ». Son ami renchérissait en disant « Cela vaut mieux que le boulevard hein ». Cela vaut mieux que le boulevard, assurément. Mais au point où un sort funeste y mette fin ? Certainement pas.

Les deux amis étaient en plein cœur de leurs échanges et admirations, quand ils ont alors été surpris et arrêtés par les soldats allemands, qui au regard du contexte de l’époque, les ont considérés comme étant des espions.

L’officier prussien leur demandait alors de donner « le mot d’ordre » étant donné qu’ils sont sortis par des avant-postes, ce à quoi les deux amis refusaient d’obtempérer, debout côté à côte, les mains agitées d’un léger tremblement nerveux. Ce refus leur aura été fatal. Ayant compris que leur sort était scellé, regardant Sauvage, Morissot balbutia « Adieu, Monsieur Sauvage ». Sauvage répondit « Adieu, Monsieur Morisot ». La décision de l’officier prussien fut immédiate et sans appel : « Feu ». Il les fusilla tous les deux sur-le-champ. Sauvage et Morissot venaient d’être abattus, et leurs corps sans vie gisaient sur le sol. Des bouillons de sang s’échappaient de la tunique crevée à hauteur de la poitrine de Monsieur Morissot.

Ils venaient de passer de vie à trépas, comme le seraient certainement les poissons qu’ils venaient de pêcher. En témoignent les propos de l’officier prussien « Fais-moi frire tout de suite ces petits animaux-là pendant qu’ils sont encore vivants. Ce sera délicieux ». Mais avant, les corps de Sauvage et Morissot avaient été jetés à la rivière. Des soldats allemands prirent Morissot par la tête et par les jambes, deux autres saisirent le corps de Sauvage de la même manière. Le sang flottait sur la rivière. Pendant ce temps, l’officier qui avait donné ordre de tirer se remit à fumer sa pipe.

L’idée de Guy de Maupassant à travers cette nouvelle est de mettre en évidence non seulement l’absurdité de l’existence humaine, mais également sa cruauté. De même, la nécessité de faire la part des choses entre une supposée passion et les risques du moment est aussi un message que le célèbre écrivain français cherche à mettre en avant dans sa nouvelle sur les Deux Amis.

Si les poissons, la pêche, le silence de la rivière, le charme du soleil étaient pour les deux amis des sources de joie, symboles de leur amitié et de leur liberté d’antan, ils ont également été à l’origine de cette tragédie qui leur a coûté la vie. En y regardant de plus près, il va sans dire que cela aurait pu largement être évité. Il aurait suffi pour cela que les deux amis se contentent de remémorer leurs aventures passées, au lieu de prendre le risque d’infiltrer la zone où siégeaient les Allemands, en période de crise, où tout Paris a été pris.

La fin tragique de cette histoire, qui a pourtant commencé dans une ambiance bon enfant malgré les difficultés de cette période de siège, a inspiré plus d’un. Aussi bien dans le domaine du cinéma que du théâtre, ou encore de la télévision, la nouvelle Deux Amis a fait l’objet de plusieurs adaptations. Au cinéma on compte en 1946 Deux Amis de Dimitri Kirsanov qui s’étalait sur 28 minutes, ou encore « La Grande Guerre » de Mario Monicelli qui a duré 135 Minutes.

À la télévision en 2006, Deux Amis de Carlo Rim, sur une durée de 30 minutes, et Deux Amis de Gérard Jourd’hui, dans le cadre du cycle de « Chez Maupassant » sur France 2, auront été un franc succès.

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