Maupassant, Mon Oncle Jules, Résumé
Mon oncle Jules est l’une des 5 nouvelles du recueil Cinq nouvelles réalistes écrites par Guy de Maupasant. Elle est parue dans le journal Le Gaulois en 1883. Il s’agit d’une fiction. Cette nouvelle du courant réaliste est dédiée à Achille Benouville, peintre paysagiste parisien du 19e siècle. Le récit s’ouvre sur une ballade de Joseph Davranche et d’un ami. Tous deux croisant un mendiant. Cette rencontre ouvre sur un récit à l’interne raconté par Joseph. On assiste à un changement de narrateur.
Joseph, le narrateur débute le récit par la description de sa famille. Cet Havrais explique la situation financière compliquée de son foyer. En effet, son père était le seul à travailler . Il était employé de bureau et son salaire était insuffisant pour subvenir aux besoins de 5 personnes. Sa mère restait au foyer et ses sœurs ne travaillaient pas. On y découvre un mode de vie où tout centime était compté. La femme était constamment sur le dos de son mari, accablé par leur situation. Les enfants, quant à eux, cousaient leurs habits (les sœurs) et étaient contraints à une attention incessante pour prendre soin de leurs affaires. En effet, la mère de Joseph, dans la crainte d’avoir à dépenser, scrutait minutieusement la présence du moindre accro et du moindre bouton arraché.
On peut même parler d’avarice car leur quotidien était bien morose avec toujours les mêmes repas, des vêtements cousus maison avec des tissus de pauvre qualité. Leur vie sociale était réduite puisque les parents de Joseph acceptaient aucune invitation pour ne pas inviter à leur tour. On note également que les sœurs du narrateur étaient en âge de se marier mais étaient encore chez leurs parents à 28 et 26 ans. La famille de Joseph était trop pauvre pour constituer une dot pour chacune de ses filles.
Leur seul moment où la famille pouvait s’évader était le dimanche. En effet, tous oubliaient la misère et mettaient leurs habits dominicaux pour se promener sur la jetée. Il faut noter qu’au 19ème siècle, le port du Havre était le plus important de France et que l’on y voyait très souvent des navires venus d’Amérique, terre promise pour ceux qui voulaient faire fortune. Joseph continue son récit avec la description de la promenade, des habits de chaque membre de la famille à la place de chacun dans le cortège avec ses sœurs bras dessus bras dessous devant. Lui était derrière, à côté de ses parents. Malgré leur pauvreté, le papa de Joseph portait une redingote, vêtement bourgeois à l’époque même si elle n’était pas neuve. L’enfance de Joseph avait été marquée par la cérémonie de contemplation familiale des grands navires qui accostaient au port du Havre. Le père de Joseph faisait à ce moment allusion à son frère Jules. Ce dernier était considéré comme étant le membre le plus riche de sa famille.
Jules avait entamé sévèrement sa cagnotte familiale avant de s’embarquer pour New-York.Il n’avait pas toujours été la mascotte de la famille. En effet, quand il était jeune, Jules avait une réputation de dépensier, d’homme aimant faire la fête et ne regardant pas à la dépense. Il avait été d’ailleurs accusé d’avoir liquidé l’héritage familial. Après cette mauvaise action, Jules a voulu se rattraper en ouvrant sa boutique et gagnant honnêtement son argent. D’ailleurs il avait envoyé au père de Joseph quelques lettres l’informant de ses affaires florissantes et de son souhait de tenter sa chance en Amérique du Sud. Puis, il n’a plus donner de nouvelles pendant plus de 10 ans. C »est pourquoi le père de Joseph imaginait le retour hypothétique de Jules chaque dimanche. Les parents de Joseph étaient quelque peu envieux de ce frère qui avait fait fortune aux Etats-Unis.
Peu de temps après, la seconde sœur se maria avec un employé de classe moyenne dont la pseudo-richesse de Jules avait quelque peu encouragé la demande en mariage. Pour fêter cela, le jeune couple et le reste de la famille s’offre un voyage à Jersey après la cérémonie. Jersey est une petite île anglaise au large des côtes françaises et à l’époque, c’était la destination préférée des gens aux moyens financiers limités. C’était une destination dépaysante à deux heures de voyage au départ de Granville. Joseph raconte la préparation du voyage et l’embarquement à bord du bateau à son ami, mais il insiste surtout ce moment où son père voulut offrir à sa famille des huîtres. Pour lui, cela semblait distingué de le faire. La mère, toujours aigrie, refusa cette offre et interdit au père d’en offrir à son fils avec le prétexte de ne pas le gâter. Le père partit déguster donc tranquillement des huîtres avec ses filles quand il eut un terrible choc.
En effet, le père de Joseph s’aperçut que l’écailleur qui leur ouvrait les huîtres ressemblait trait pour trait à Jules. Il décida alors, après s’être concerté avec sa femme, de prendre discrètement des informations auprès du capitaine. Pour cela il commença à lui poser des questions sur Jersey, ses conditions démographiques et économiques avant d’en venir à Jules. Ce dernier lui confirma qu’il s’agit bien de Jules. Le capitaine avait connu celui-ci lorsqu’il était à la rue aux Etats-Unis et avait accepté de le ramener au Havre, bien que Jules ne voulut pas retourner dans sa famille par honte. Donc Jules était revenu depuis l’année dernière en France et était resté sur Granville. Le père de Joseph, outré, en informe sa femme qui le somme de regrouper la famille et ne rien dire à leur gendre. Renouer avec un écailler vagabond qui leur piquerait leur argent, quelle horreur ! Jules était donc devenu la honte de la famille, celui qui avait volé l’héritage familial.
Pour ne pas tenter de se faire reconnaître, la famille envoya Joseph qui est chargé de payer les huîtres. En effet, Joseph n’avait pas connu son oncle donc le vieil homme n’avait aucun risque de le reconnaître. Ses parents lui ont confié pour cela une pièce de 100 sous. Les huîtres ont coûté 2 francs 50 et Jules rend la monnaie comme à tous les clients. Par bonté d’âme, Joseph lui donne un pourboire de 10 sous. Son oncle, devenu un vieillard, le bénit comme tout mendiant qui reçoit une pièce. Ses parents ont eu la réaction contraire : après avoir compté ses pièces, la mère de Joseph s’aperçut qu’il manque de l’argent et le questionna. quand Joseph avoua qu’il avait donné un pourboire, elle commença à le houspiller. Mais son père, d’habitude soumis auprès de sa femme, mit fin à ce début de sermon pour ne pas être entendu de son gendre. En effet, les parents de Joseph craignaient que leur gendre ne répudia leur fille si il venait à apprendre que l’oncle Jules était en réalité un clochard.
La famille accoste à Jersey et Joseph avait envie de revoir son oncle. Chose qu’il ne refit jamais puisque sa famille ne voulait pas. Il se fichait bien qu’il soit pauvre contrairement à ses parents. Il aurait bien voulu qu’il le reconnaisse. D’ailleurs, pour leur retour, Joseph et sa famille ont pris un autre bateau pour éviter Jules. C’est pourquoi depuis cette aventure Joseph donne une pièce de 100 sous au moindre vagabond qu’il croise.