Guy de Maupassant

Maupassant, Une Famille, Résumé

Lorsque la nouvelle s’ouvre, le narrateur, Georges, s’apprête à revoir son ancien meilleur ami, Simon Radevin qu’il n’a plus vu depuis quinze ans. Il se remémore leurs souvenirs du temps jadis : toujours sur la même longueur d’ondes, ils se confiaient mutuellement leurs secrets intimes, et débattaient de sujets culturels. Fin et intelligent, Simon était très proche de lui : pour preuve, ils ne s’étaient pratiquement jamais quittés et avaient voyagé ensemble. Unis par un amour commun de la littérature, ils partageaient de nombreuses passions et appréciaient de se moquer tous deux de certaines personnes. Ayant une vision identique de la vie, ils se comprenaient d’un seul coup d’œil.

Cet équilibre avait été mis en péril par la suite à cause du mariage de Simon avec une fille de province montée à Paris dans l’espoir de trouver un mari. La qualifiant de « petite blondasse maigre », de « niaise à la voix bête », le narrateur n’apprécie guère l’arrivée de cette femme dans leur vie de célibataire et ne parvient toujours pas à comprendre comment cette créature a pu mettre la main sur un homme aussi brillant que son ami. Vraisemblablement cherchait-il un bonheur vrai et simple au bras d’une épouse honnête et tendre. Ce n’est qu’à présent qu’il descend le voir en train dans sa province qu’il se demande quel homme il va retrouver : Simon est-il resté tel qu’il l’a quitté, brillant esprit et homme cultivé, ou sera-t-il devenu la caricature du bourgeois de campagne dont ils se moquaient durant leurs jeunes années ?

Lorsque le train arrive en gare, le narrateur est accueilli chaleureusement par un gros homme qu’il ne reconnaît pas, du moins dans un premier temps. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes qu’il réalise que cet individu enrobé est Simon. De son ami, seuls les yeux n’ont pas changé et encore : son regard brille certes d’amitié et de joie, mais il n’y trouve plus l’intelligence ni l’esprit d’autrefois. Accompagné de sa fille de 14 ans et de son fils de 13 ans, Simon lui confie avec fierté qu’il a encore trois autres enfants à la maison. Le narrateur ressent alors de la pitié et du mépris pour son ami qu’il compare à un lapin se reproduisant dans sa cage en province.

Sur le chemin, il découvre la ville dans laquelle vit Simon : un morne bourg de province dans lequel ce dernier prend plaisir à saluer les passants en les désignant par leur nom afin de montrer à son ami qu’il est un personnage reconnu. Le narrateur en conclut qu’il caresse peut-être le rêve d’entrer en députation, c’est-à-dire d’être chargé d’une mission officielle auprès de la population. Ils arrivent enfin à la demeure de Simon : tout vise à arborer les codes d’une classe sociale supérieure. Il habite un château dans un parc, ou pour être plus réaliste, il vit dans une grosse maison à tourelles dans un grand jardin… Simon joue la carte de la fausse modestie auprès de son ancien camarade. Prétendant lui présenter son « trou », il n’en attend pas moins des compliments et des marques d’admiration pour ces signes de réussite matérielle.

Simon et le narrateur sont accueillis par Mme Radevin : l’ancienne gamine blonde et fade est devenue une grosse mère au foyer banale, coincée entre sa progéniture et ses livres de cuisine. S’en suivent les traditionnelles présentations des autres membres de la famille : Jean, Sophie et Gontran, les trois autres enfants, et le grand-père de Mme Radevin, un vieillard de 87 ans, constituant la grande distraction de la maison en raison de sa gourmandise. Le narrateur, Georges, monte ensuite dans la chambre qu’on lui a préparée pour se rafraîchir avant le dîner. La vue qu’il a depuis sa fenêtre est en tous points semblable à la vie qu’on mène dans cette maison : triste. On l’appelle pour passer à table.

A peine assis, les enfants trépignent déjà à l’idée du spectacle que va offrir le vieil homme. Tout au long du repas, ce dernier se fait tourmenter par sa famille. Se voyant obligé de manger de la soupe dans l’intérêt de sa santé, le grand-père résiste et crache le liquide en se débattant pour la plus grande joie des convives attablés. Lorsqu’arrive le plat principal, on veille à placer loin de sa portée les plats appétissants afin de voir les efforts qu’il va faire pour les attraper, le faire baver d’envie ou encore l’entendre pousser des grognements. Quand on lui accorde de manger un peu, ce n’est qu’après lui avoir donné un tout petit bout pour avoir le plaisir de le voir avaler le morceau gloutonnement et en réclamer un autre en s’agitant.

Au moment du dessert, le père annonce une crème au riz sucré, un des ses pêchés mignons. Gontran, l’un des fils, se réjouit alors de préciser au vieillard qu’il n’en aura pas parce qu’il a trop mangé, ce qui a pour conséquence de mettre le grand-père en pleurs. Après avoir enfin eu une petite part de dessert, il réclame à être resservi en trépignant. Bien évidemment, cette nouvelle ration lui est refusée et le narrateur se permet alors de demander pourquoi on ne lui autorise pas cette sucrerie qui lui fait tant plaisir. Simon, plein d’aplomb, lui assure qu’à son grand âge, cela pourrait lui faire du mal. Cette réponse laisse le narrateur songeur et il en vient à se demander ce qui motive réellement cette attitude. Prive-t-on le vieillard de ce sucre uniquement pour sa santé ? Après tout, mieux vaut une vie courte pendant laquelle on a bien profité, plutôt qu’une existence longue et triste, dénuée de tout plaisir. Ou peut-être est-ce une fausse excuse pour, en réalité, conserver le plus longtemps possible à la famille la joie de ce spectacle cruel : celui d’un vieillard à qui l’on fait des misères parce qu’il ne peut plus se défendre ni parler et qui réagit comme un animal ou un enfant.

Après sa partie de cartes, le narrateur va se coucher rempli de tristesse. Avant d’aller au lit, il entend le chant d’un oiseau qui berce sa femelle couvant des œufs et fait le rapprochement avec son ami Simon ronflant près de sa vilaine femme.

Cette nouvelle passe en revue différents sentiments : tout d’abord, le mépris du narrateur vis à vis de la nouvelle vie de son ami abêti par sa vie monotone de bon père de famille bien rangé. Il évoque avec cynisme le prétendu bonheur petit-bourgeois fait non pas d’idéaux ou de culture, mais d’entassement de biens matériels. La famille, le « nid », dans lequel il fait bon se retrouver entre gens bienveillants n’est-il rien d’autre qu’un nid de vipères ? Le bonheur des apparences et des conventions sociales des « bonnes gens » est-il réellement la source d’épanouissement que la société veut bien nous faire croire ? Par son titre « une famille », Maupassant prend l’exemple du comportement d’une famille parmi tant d’autres, mais généralise aussi son propos : les petites phrases assassines, les cruautés quotidiennes ne sont-elles pas justement le fait de toutes les familles ?

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